En 1906, les intempéries et les brèches ouvertes dans les murs avaient provoqué l’effondrement de la voûte du dortoir des moines. Jules Formigé, architecte en chef des monuments historiques, a alors fait murer les trouées pratiquées anciennement dans le mur oriental du cloître puis, après avoir remonté la voûte, a installé des tirants métalliques. Pourtant, en 1919, la poussée des voûtes a provoqué la rupture de trois tirants… Les derniers travaux ont été rendus nécessaires non seulement en raison des désordres dus à un glissement de terrain, mais également du fait des problèmes constatés dans les maçonneries : le diagnostic avait montré que le mortier de blocage était décomposé dans le mur de l’aile des moines de l’abbaye.
Ce mur altéré dans sa cohésion par délavage interne et entraînement gravitaire du mortier de remplissage n’assurait plus la reprise des descentes de charge des voûtes. Il présentait des vides importants entre les deux parements ; il convenait donc, par une injection de coulis ternaire chaux / ciment blanc / eau, de combler ces vides et de restituer ainsi une cohésion entre les parements. Cette opération, réalisée avec une grande sensibilité à partir de 1988, a été menée sous la maîtrise d'œuvre de Jean-Claude-Ivan Yarmola †, architecte en chef des monuments historiques.
Le film d’Yves Gautier intitulé Pierres en sursis, qui a servi à étayer une communication au symposium d'Athènes, présente les mesures de protection de l’abbaye du Thoronet contre le glissement de terrain (retransmis sur FR3 National le 15 mai 1990). Cet exemple illustre bien les dégradations que l’activité de l’homme, aux conséquences imprévues à moyen ou long terme, génère sur les monuments.
Le glissement de terrain qui a affecté cette abbaye du XIIe siècle située sur la commune du Thoronet (Var), a été occasionné par une exploitation de bauxite à ciel ouvert et souterraine, l’extraction souterraine concernant 80 % de la surface du gisement. La morphologie et le contexte hydrologique de la colline s’en sont trouvés modifiés et les poches d’eau résiduelles de l’ancienne mine ont accentué ce phénomène, ainsi que les effondrements des galeries provoqués après exploitation.
Entre 1985 et 1990, des travaux considérables ont été réalisés : la réfection de la couverture a permis d’une part d’alléger les voûtes (en substituant au remblai lié au mortier une forme légère et étanche en béton de chaux), le renforcement des reins de voûtes par des injections de coulis de chaux, et enfin la reprise des fondations. Des travaux ont lieu régulièrement en fonction des urgences (qui sont encore importants notamment pour la grange dimière) et une surveillance continuelle du niveau de l'eau est fort heureusement assurée pour prévenir de nouveaux risques de glissements de terrains.
L’abbaye du Thoronet est l’une des plus conformes à l’esprit primitif de l’Ordre. Cela se reflète jusque dans l’acoustique, qui, avec son écho forcément prolongé, impose au chant un style particulier et une discipline : les chanteurs doivent chanter lentement et à l’unisson. L’abbaye est fondamentalement liée à son site. Elle constitue un exemple extraordinaire de transformation de la spiritualité et de la philosophie en architecture, où la prise en compte de la lumière, mesurée, est capitale.
Le Thoronet a été source d’inspiration pour le poète belge Henry Bauchau, né en 1913, qui publie en 1966 La pierre sans chagrin. L’architecte Fernand Pouillon publie quant à lui en 1964 Les Pierres sauvages, roman où il restitue le journal d’un maître d’œuvre de l’abbaye. Un autre architecte s’en est directement inspiré : Le Corbusier. C’est après la seconde Guerre Mondiale que le père Couturier
L’abbaye est très bien conservée et elle a été en partie restaurée. Il est ainsi possible de la visiter. Elle a retrouvé depuis 1978 toute sa dimension spirituelle avec l’installation à proximité des sœurs de Bethléem et la présence d'un chantre qui y chante la messe en grégorien chaque dimanche à 12h, à la demande de Mgr. Rey, évêque du diocèse de Fréjus-Toulon.
De plus, depuis 1991 ont lieu au mois de juillet les Rencontres de musique médiévale du Thoronet, créées par Éric Michel, sous la direction de Dominique Vellard. Le festival accueille chaque année entre 2 000 et 3 000 spectateurs, 85 % des spectateurs venant de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. En 2009, les Rencontres accueillent un chœur de shōmyō par les moines bouddhistes du temple japonais Daitoku-ji (école zen rinzai), qui sont les premiers à en sortir depuis sa création en 1319, accompagnés par une flûte shakuhachi et par les pierres sanukite (en) du percussionniste Stomu Yamashta (en).
Au mois d'août c'est le Festival Musique et Esprit qui programme des concerts de musique vocale et de musique de chambre.