Abbaye du Thoronet | |
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Latitude Longitude | |
Pays | France |
Région | Provence-Alpes-Côte d'Azur |
Département | Var |
Ville | Le Thoronet |
Culte | Catholique romain |
Type | Ancienne abbaye |
Rattaché à | Ordre cistercien |
Début de la construction | XIIe siècle |
Fin des travaux | XIIIe siècle |
Style(s) dominant(s) | Roman cistercien |
Protection | Classé MH |
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L'Abbaye du Thoronet est une abbaye cistercienne située sur la commune du Thoronet, dans le Var. Elle fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis 1840.
L'architecte Fernand Pouillon a imaginé, dans son roman Les Pierres sauvages, un récit de la construction de l'abbaye au XIIe siècle, sous la forme du journal du premier père prieur de l'abbaye.
Après que Le Corbusier a visité l’abbaye du Thoronet en 1953, Pouillon fait vivre, en 1964, la vision de son personnage, « le maître d'œuvre de l'abbaye ». Il exprime de manière très vivante l'émotion que lui procure la vue des pierres utilisées dans la construction :
« La plupart des pierres seront traitées rudement, grossièrement : nous gagnerons du temps. Le soleil accrochera les facettes, les éclats, et fera précieuse la matière scintillante. Les anges, les joints dressés, ciselés, deviendront les pures arêtes, définiront le filet de la maille élémentaire, par la discrète diversité des fins appareillages que nul mortier apparent n'insensibilisera (...) Voilà pourquoi je ne veux pas la bâtir, l'engluer de chaux; je veux lui laisser un peu de liberté, sinon elle ne vivrait pas. »
L’harmonie et la pureté de cette abbaye sont frappantes. Elle est construite à partir de la notion même de simplicité :
« Il n’est de vertu plus indispensable à nous tous que celle de l’humble simplicité. » (Saint Bernard)
L’abbaye du Thoronet est une des « trois sœurs provençales », les deux autres étant Sénanque (Vaucluse) et Silvacane (Bouches-du-Rhône).
Elle doit probablement beaucoup à l’abbé Foulques, mort en 1231. D’abord troubadour, il est ensuite abbé du Thoronet avant d’être évêque de Toulouse. C'était un proche de saint Louis, protecteur de l’Ordre.
L’abbaye a connu beaucoup de restaurations à partir du XIXe siècle, mais qui semblent être assez fidèles à la construction originelle. Elle se cache parmi les chênes dans un site sauvage et isolé qui s'accorde bien avec la règle rigide de l'ordre de Cîteaux.
Sur le lieu même d’implantation de l’abbaye, les moines trouvèrent tous ce dont ils avaient besoin pour assurer leur subsistance, c’est-à-dire un couvert forestier généreux, des sources d’eau abondantes et une roche féconde.
Le premier bâtiment à être construit au Thoronet est le cellier ainsi qu’un bâtiment près de la porterie qui n’existe plus dans son état originel et qui servait sûrement d’hostellerie. Ces choix de constructions sont tout à fait traditionnels d’une abbaye cistercienne et répondent aux préceptes de la règle de saint Benoît.
Puis arrive la construction du bâtiment le plus important de la vie du moine, l’abbatiale. Celle du Thoronet est parfaitement orientée à l’est, mais ne forme pas un angle droit avec le cellier, expliquant peut-être la forme trapézoïdale du cloître construit par la suite qui suit la disposition des bâtiments.
L’eau dans chacune des abbayes cisterciennes est un élément indispensable de la vie quotidienne. Elle sert à la fois pour le travail manuel et/où l’alimentation des machines, mais aussi à la cuisine et lors de cérémonies religieuses comme le mandatum qui se déroulait une fois par semaine. Pour toutes ces tâches, une importante quantité d’eau, potable ou non, était nécessaire. L’abbaye n’en manquait pas et l’aridité actuelle du vallon n’est pas significative de la situation à l’époque, bien que l’on sache que le débit d’eau n’était pas suffisant pour l’alimentation en eau d’un moulin, d’où son absence au Thoronet.
Mais l’aridité actuelle des lieux résulte de l’extraction après la Seconde Guerre mondiale de la bauxite provoquant la disparition des ruisseaux et l’assèchement des couches géologiques. Cela eut également pour effet de provoquer des glissements de terrain qui ont emporté avec eux la partie nord de l’aile des moines ainsi que le réfectoire et ont dérivé le cours de la Tombarèu. Les ruisseaux de la Tombarèu et de la Darboussière délimitaient à l’origine l’emplacement du site. Les extrémités nord de l’aile des convers et de celle des moines enjambaient la Tombarèu, permettant un système d’évacuation naturelle des latrines.
L’alimentation en eau pour les besoins alimentaires, sanitaires et liturgiques se faisait par la source située au sud-ouest de l’enclos. Un débit constant du liquide arrivait jusqu’au monastère par un réseau de canalisations fait d’une maçonnerie de moellons soigneusement appareillés. Sa redistribution se faisait en différents lieux, dont certains restent hypothétiques. C’est le cas par exemple des cuisines dont on ignore s’il y eut effectivement un débit constant d'eau potable. Toutefois, il est certain que l’alimentation arrivait au moins jusqu’au lavabo du cloître avant la déviation de son cours au XXe siècle.