Air Lib redoute que le nouveau gouvernement ne fasse obstacle à des projets de redéploiement. Si tel est le cas, Jean-Charles Corbet, président de la compagnie, menace d'abandonner son activité long-courrier. Cela aboutirait à la suppression de 1 300 emplois sur un effectif total de 3.200 personnes. En proie à de graves difficultés financières, la compagnie doit en effet trouver d'autres débouchés pour compenser la réduction de ses vols déficitaires vers les Antilles et la Réunion. Il reste que, pour attirer de nouveaux investisseurs, Air Lib devra peut-être se résoudre à transformer son réseau européen de vols à bas prix en une filiale indépendante. Air Lib obtient un nouveau sursis. La compagnie aérienne en difficulté a officialisé le nom du mystérieux investisseur prêt à l'aider. Il s'agit de l'industriel néerlandais Imca, un groupe familial diversifié ayant une petite activité dans l'aviation d'affaires et régionale. Compte tenu de cette nouvelle donne, le gouvernement a accordé un nouveau sursis au transporteur d'Orly, qui rêve de se transformer en troisième compagnie européenne à bas coûts, pour permettre aux négociations d'aboutir. Sa licence provisoire d'exploitation, qui arrivait à échéance, est prolongée jusqu'au 31 janvier 2003.
Le groupe Imca semble désormais intéressé par l'ensemble des activités de la compagnie. À l'origine, il avait clairement indiqué ne vouloir prendre que 50% du capital de la filiale à bas coûts, Air Lib Express. Néanmoins, Imca veut des garanties avant de garder le réseau sur les Dom-tom : celles d'obtenir une aide gouvernementale, au titre de la continuité territoriale, dans le cadre de la future loi de programme sur quinze ans pour l'outre-mer. Autre demande: que soit levée l'hypothèque sur l'échéance du 31 janvier, date à laquelle la licence d'exploitation provisoire dont dispose la compagnie arrive à échéance.
Ces aides ont eu pour seul effet de différer une issue malheureusement prévisible dès le début de l'année 2002. Le 13 février 2003, Air Lib est en cessation de paiements et, le 17 février, le tribunal de commerce de Créteil prononce sa liquidation.
Le retentissement de la chute d'Air Lib, l'ampleur des fonds publics consacrés à son maintien en vie et le nombre considérable de salariés ayant perdu leur emploi ont conduit l'Assemblée nationale à adopter, le 18 mars 2003, la proposition de résolution déposée par M. Patrick Ollier créant une commission d'enquête sur les causes économiques et financières de la disparition d'Air Lib. En février 2003,la 2e compagnie aérienne française déposait son bilan. Trois mille deux cent personnes se retrouvèrent, du jour au lendemain, au chômage. Quelques semaines plus tard, Jean-Charles Corbet, l'ancien PDG de la compagnie se retrouvait au cœur d'un véritable scandale économique.
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