André Thevet est un explorateur et écrivain-géographe français, né en 1516 à Angoulême et mort le 23 novembre 1590 à Paris. Linné lui a dédié le genre Thevetia de la famille des Apocynaceae.
Cadet d'une famille de chirurgiens-barbiers, à l’âge de dix ans, il est placé contre son gré au couvent des Franciscains (ou Cordeliers) d'Angoulême. Peu porté sur la religion, il préfère dévorer les livres et voyager.
Protégé par François Ier, ainsi que par les La Rochefoucauld et les Guise, il commença par voyager en Italie, chargé de diverses missions par ses protecteurs. À Plaisance, il se lie avec le cardinal Jean de Lorraine.
En 1549, grâce à l'argent de Jean de Lorraine, il embarque pour le Levant. Il visite la Crête et les îles de l'Égée. Il séjourne près de deux ans à Constantinople. On pense qu'il aurait alors été espion pour la France. En 1552, il quitte Constantinople et part pour l'Égypte et le mont Sinaï puis la Palestine et la Syrie.
De retour en France, il fait paraître le récit de ce voyage, en 1554, sous le titre de Cosmographie du Levant. Dans cet ouvrage, en fait rédigé par un "nègre littéraire", qui pourrait être François de Belleforest, il énumère les curiosités archéologiques, botaniques et zoologiques rencontrées au cours de son long périple. Mais ce recensement doit plus à la compilations des auteurs anciens qu’à ses propres observations. L'ouvrage reçu un bon accueil du public, en raison des 25 gravures sur bois "des bestes, Pyramides, Ypodromes, Colosses, Colomnes & Obélisques, les plus près de la vérité qu'a esté à moy possible".
Il obtient d'être affranchi de son ordre monastique en janvier 1559. Il se fixe rue de Bièvre, dans le quartier Latin à Paris, et devient en 1560 "cosmographe du Roy", c'est-à-dire géographe officiel, et au début de 1576 l'un des aumôniers de Catherine de Médicis. Il sert successivement quatre rois de France : Henri II et ses trois fils François II, Charles IX et Henri III.
Il se constitue rue de Bièvre un cabinet de curiosités où il collectionne les monnaies grecques et latines, des plumasseries du Brésil et du Mexique, des becs de toucan, des perroquets et caïmans naturalisés et autres singularités mais aussi des documents et mémoires relatifs au Nouveau Monde comme le précieux Codex Mendoza, manuscrit aztèque des années 1540-1541. Ces collections naturalistes et ethnographiques témoignent de son désir constamment réaffirmé d'assurer la primauté de l'expérience sur l'autorité. « Tout ce que je vous discours et recite, ne s'apprend point és escole de Paris, ou de quelle que ce soit des universitez de l'Europe, ains [mais] en la chaise d'un navire, soubz la leçon des vents... »
Il travaille à partir de 1566, au projet très ambitieux, d’une encyclopédie géographique universelle distribuée selon les quatre continents. Le volumineux ouvrage, intitulé Cosmographie universelle, publié en 1575 rassemble des documents originaux d’un intérêt capital pour la connaissance des peuples amérindiens du Brésil et divers compilations comme celles sur l’Afrique et l’Asie, tirées de Navigationi et Viaggi du Vénitien, Jean-Baptiste Ramusio.
C'est en historiographe qu'il fait paraître, en 1584, les Vrais portraits et vies des hommes illustres en huit volumes. Son ambition est immense, puisqu'il se propose de traiter de tous les grands hommes de toutes les régions qu'il a visitées. Il propose à la manière de Plutarque, des portraits des pères de l'Église chrétienne, des grands esprits de l'antiquité ou des saints du Moyen-Age (livre I à III). Dans les livres suivants sont traités les découvreurs et conquérants, Colomb, Vespucci, Magellan, Cortés et Pizarre et de six souverains de l'Amérique (un Aztèque, un Inca, un "Cannibale", un Tupinikin, un Satouriona de la Floride et un Patagon). Il a donc l'audace de faire voisiner les portraits des monarques amérindiens avec les gloires de l'antiquité et de l'Europe. Il illustre ses 224 portraits de gravures en taille douce.