Le massage et les soins ayurvédiques n’ont, à l’origine, pas une vocation relaxante mais curative. À l’instar des plantes, ils visent à rééquilibrer un terrain, à nourrir ou à désaturer, à ôter des tensions, à relâcher le mental…
La matière première
Tous les soins ayurvédiques fonctionnent sur le principe de l’absorption cutanée des matières premières appliquées sur le corps. Un massage ou un soin ayurvédique, c’est avant tout une matière 1re adaptée au profil, pathologie et symptômes du patient. Elle doit absolument être de qualité pour donner de réels bénéfices. Ces matières premières peuvent être :
Partie ou totalité d’un traitement
Les massages et soins corporels viennent généralement en soutien à une prise en charge plus large (plantes, diététique…). Leur importance devient de premier ordre lorsque le déséquilibre touche en particulier la peau, les muscles, le tissu graisseux, le squelette et les articulations. Dans certains cas, ils peuvent être utilisés en traitement simple tels que sciatique, hernie discale, spondylite, fatigue oculaire, spasmes / contractures / crampes, hyperactivité, sécheresse cutanée, rashes…
Action globale ou locale
La Charaka samhita est un texte fondateur de l’Ayurveda rédigé par Chakrapanidatta au XIe siècle.
Ce texte est un « samhita », c’est-à-dire une « collection qui forme un ensemble ». La datation de l’ouvrage est incertaine ; il s’agit d’un texte ancien (entre 175 av. J.-C. et 120 apr. J.-C.), maintes fois remanié et affiné.
Le texte est principalement rédigé en vers (sloka) de 32 syllabes. Cette versification est courante, elle est également celle d’autres textes traditionnels comme le Mahabharata et le Ramayana.
Tous les textes en sanscrit qui font autorité sont insérés dans une tradition, plus ou moins objective mais dont le rappel introduit le corps de chaque ouvrage. Du dieu jusqu’à l’humain qui a transcrit le texte, toute la lignée est traditionnellement listée en avant-propos. Il s’agit du mangala ou « paragraphe de bon augure » jugé indispensable pour que l’œuvre puisse être menée à son terme sans obstacle et pour qu’elle soit dite complète.
Le mangala contient le nom de l’auteur, le sujet de l’ouvrage (visaya), la motivation de l’ouvrage (prayojana), la méthode d’exposition (samgati) et le public ciblé (adhikarin).
Dans le cas de la Charaka samhita, la lignée commence avec Brahma, le créateur et se termine par l’auteur Chakrapanidatta. Ce dernier ne se considérant pas véritablement comme « auteur » mais comme « rapporteur » d’une connaissance qui existe depuis toujours. Même les grands philosophes, comme Shankara, ne se présentaient jamais comme des novateurs, mais comme des commentateurs d’une connaissance éternelle.
Le cadre du texte est une sorte de colloque de sages (Rishi) sur un flanc de l’Himalaya.
A l’origine de l’Ayurveda, la science médicale, on trouve l’Atharva-Véda, texte plus ancien, dans lequel sont réunis des hymnes curatifs. La médecine était alors « vocale », c’était par la voix que l’on soignait.
La Charaka samhita offre, elle, un second type de médecine, plus récente et plus proche de ce que nous entendons par ce terme aujourd’hui (même si cette médecine était associée à la quête du bonheur et de la délivrance spirituelle, ce qui est absent de la médecine moderne occidentale).
Quelques axes principaux évoqués par la Charaka samhita et que l’on retrouve plus ou moins dans l’Ayurveda tel qu’il est compris aujourd’hui :
Le yoga tel qu’on le connaît en Occident, c’est-à-dire le yoga des postures, était également mentionné comme un médicament.
Le diagnostic médical par la prise du pouls (nadipariksha) est un autre élément important de la médecine (bien que plus tardif) décrit dans la Charaka Samhita. On y mesure l’équilibre ou le déséquilibre des trois doshas dans le corps (vata, pitta et kapha, parfois traduits par « humeurs ») qui sont associés aux trois divinités (Shiva, Vishnu et Brahma respectivement).
Selon la Charaka Samhita et la philosophie védique en général, l'homme est comme l’univers, il est structuré comme lui et constitué des mêmes éléments (« Je suis fait de l’univers et l’univers est fait de moi »). On parle par exemple du feu en l’homme, comme on le fait aujourd’hui, par l’inflammation, la fièvre brûlante, ou le feu digestif. Ce dernier étant le plus important dans la perspective de la santé. Mais de manière plus fondamentale encore, le corps est considéré comme un ensemble d’éléments matériels périssables qui constituent un vêtement provisoire pour l’atman (le Soi) qui, lui, est éternel.