La construction du barrage des Trois Gorges a suscité une vaste polémique, tant en Chine avec l'opposition de nombreux scientifiques que dans le monde. La Banque mondiale a refusé d'y participer doutant de la fiabilité du barrage. L'écrivaine chinoise Dai Qing a qualifié le barrage de « farce ridicule et néfaste qui va hanter les dirigeants chinois ». Les associations écologiques dénoncent le risque pour 75 millions de personnes qui vivent en aval de l'ouvrage.
Arguments défavorables à la construction du barrage
Sédimentation rapide du réservoir, ce qui paralyserait le fonctionnement du barrage.
Inondation de 600 km2 de terres agricoles et de forêts.
En aval :
Importants changements dans la faune et la flore. La réduction des sédiments en suspension va conduire le fleuve à creuser son lit, la réduction des crues permettra la colonisation des vastes lacs actuels de déversement des crues du moyen du fleuve, d’où des problèmes pour les oiseaux (grue de Sibérie).
La réduction de l’apport sédimentaire risque de faire reculer le delta du fleuve, et la faiblesse du débit en hiver risque d’aggraver la remontée des nappes salées plus à l’intérieur du delta, problème qui nécessitera un drainage pour évacuer le sel. Depuis la mise en eau du barrage, le dépôt annuel d'alluvion dans l'estuaire a diminué d'un tiers.
Érosion : depuis la mise en route du chantier, les rives du fleuve se sont érodées de 4 km2 par an en certains lieux.
Altération de l'habitat du dauphin de Chine. En 2006, l'espèce est considérée comme éteinte.
Multiplication anormale des mauvaises herbes aquatiques et des algues, reconnue par l'agence officielle chinoise Xinhua.
Assèchement des zones humides et par conséquent appauvrissement de la biodiversité
Humains
Vue des Trois Gorges avec un panneau montrant le niveau de l'eau prévu quand le barrage est accompli. Notez que la maison et la ferme seront inondées.
Déplacements prévus de plus de 1,8 million d'habitants sans aucune aide de l'État (précédent record de 300 000 habitants en Chine du Nord battu) avec l'engloutissement de 1300 sites historiques et archéologiques, de plusieurs villes et de nombreux villages.
40 % des personnes déplacées sont des citadins, relogés pour moitié dans de nouveaux quartiers en ville dans des appartements dont les immeubles ont été construits à la va-vite, alors que la plupart du temps, ils étaient logés dans de petites maisons.
60 % sont des paysans relogés pour moitié au-dessus du réservoir avec des parcelles de la même superficie de 600 m2, mais dans des conditions de culture différentes : sols minces, en pente et à une altitude comprise entre 300 et 1 000 m. Ceci impliquant que leur agriculture traditionnelle, l'agrumiculture ne sera plus possible.
Par endroits, disparition de sites archéologiques qui doivent être réaménagés plus haut.
Risque pour 75 millions de personnes vivant en aval en cas de rupture du barrage, notamment pour la ville de Changsha et de Wuhan, qui comptent 9 millions d'habitants.
Politiques
Ce barrage ne résout pas le problème de l'approvisionnement électrique de la Chine. Sa production annuelle de 85 TWh correspond à peu près à 3 % de la consommation nationale, alors que les plans originaux devaient en couvrir 10 %.
Arguments favorables à la construction du barrage
Lutte plus efficace contre les crues du fleuve, en aval, qui pouvaient dépasser 100 000 m3/s, atteindre une cote de 17 mètres au-dessus du niveau de la plaine (29 mètres au centre de Wuhan en septembre 1998), avec en plus un argument humanitaire de sécurisation des nombreuses populations habituellement touchées par les crues (50 à 80 millions d’habitants) et causant chaque année de nombreux morts. Les crues de l'automne 1998 ont causé la mort de plusieurs milliers de personnes.
Fourniture d'énergie hydroélectrique, l'équivalent de 20 tranches de centrales nucléaires, de 50 millions de tonnes de charbon par an, soit 10 % des besoins en énergie du pays. La construction finale ne couvrira en fin de compte que 3 % des besoins du pays.
Essor de la navigation en amont du fleuve : les cargos (jusqu'à 10 000 t) pourront remonter vers le bassin du Sichuan en passant l'obstacle naturel actuel des Gorges.
Développement économique d'une région intérieure, jusqu'à présent le boum économique favorisait plutôt les régions côtières.
Développement de la pêche dans le réservoir.
Développement du tourisme en été et non plus seulement lors de la saison sèche.
Meilleure maitrise de la qualité générale de l'eau.
Transfert d'une partie des eaux du Yangzi Jiang vers la plaine de la Chine du Nord qui souffre d'une sècheresse endémique par un simple canal de dérivation capable si besoin d'apporter annuellement 40 km3 d'eau, soit l'équivalent annuel du Rhône. Ce transfert permettrait d'éviter la construction de 3 petits barrages initialement prévus. En fait, la nouvelle dérivation permettra l'alimentation toute l'année, du barrage du lac Han qui apporte déjà annuellement, par un canal, 20 km3/an à la plaine du nord, sauf lors des saisons sèches.
Il permet de créer dans la société chinoise un consensus qui peut s'identifier à ce grand projethydraulique. La propagande agit dans ce sens, lorsqu'elle emmène toute la jeunesse voir le barrage. En effet, tous les écoliers dès l'âge de 12 ans sont emmenés par leur école visiter le barrage. Ces visites sont financées par l'État.
Chiffres en juin 2003
Une centaine de personnes sont mortes lors de la construction (chiffres officieux).
1,8 million de personnes ont été déplacées.
15 villes et 116 villages ont été engloutis.
436 km2 de terres ont disparu.
Les 24,5 milliards de dollars prévus ont largement été dépassés.