Le château de Loisey appartenait à une des illustres et rares familles que l’on surnommait jadis « Les Grands Chevau de Lorraine ». Leurs ancêtres avaient participé aux croisades. Au XVIIIe siècle, ne subsistaient plus que quatre familles pouvant encore prétendre à ce titre transmis par les mâles parmi elles, la maison du Châtelet.
La maison du Châtelet comprend quatre branches au XVIIe siècle, c’est la branche Châtelet Pierrefitte qui nous intéresse. À l’époque, la considération du nom l’emportait largement sur celui de la fortune.
D’où vient ce nom ? Vers l’an 1200, Thierry d’Enfer frère du duc de Lorraine, se vit attribuer une terre dans la région de Neufchâteau. Il y édifia une petite forteresse : un châtelet. Le nom passa au propriétaire et perdura.
Trois siècles plus tard, voici Errard III du Châtelet, dit Errard le Grand, personnage très important en Lorraine. En 1437, il achète la châtellerie de Pierrefitte dans le Barrois. Elle comprend neuf villages dont Loisey. Il n’y a pas de château à Loisey on en trouve un à Naives, à ses armes. À Loisey, cependant, on trouve sur une colline, à l’Est, une potence, attribut de l’autorité du Seigneur.
Errard III engendra 11 enfants : retenons-en deux :
Les aînés des familles du Châtelet choisissaient souvent la carrière des armes. Louis Jules y mêle une carrière politique mouvementée qui le conduira à une alliance malheureuse pendant la guerre de la Fronde. Pour le punir le Roi lui retira le commandement de la forteresse d’Aigues-Mortes, l’exila. Il fit démantibuler son château de Cirey et (dit-on) celui de Naives. Ses biens furent placés sous la tutelle d’un autre « Grand-Chevau » de Lorraine : Lenoncourt, gouverneur de Lorraine et Barrois.
Pour se « remettre en équipage » Louis Jules décida d’ériger un château sur ses terres, à Loisey, vers 1640. C’était pendant la terrible guerre de 30 ans et ses invasions diverses. Il prétendit avoir protégé le village en versant une rançon de 14000 livres à la soldatesque pour éviter une occupation sauvage. Pour se renflouer il s’empara (ou fit vendre) des bois appartenant à la communauté et ne reconnut pas sa dette. En outre, pour implanter son château, il s’empara de terrains au milieu du village et empiéta même sur le « Chemin Royal » traversant la localité. Il terrorisa la population qui n’osa pas porter plainte. Son fils eut le même comportement.
Ce dernier Charles Antoine, gouverneur militaire de Gravelines poursuivit la construction du château de Loisey. Marié à Marie de Neuville, il en eut une fille Marie Gabrielle Charlotte, mais pas d’autres enfants. Charles Antoine décède à Paris en 1680, huit ans après son père.
Il n’y a plus de descendance mâle de Louis Jules du Châtelet qui eut pourtant douze enfants ! La succession va à Nicole, seule fille de Louis Jules qui ait trouvé mari. Les années passant, Nicole fait don de la succession à Marie Gabrielle Charlotte (sa nièce) qui prend alors le titre de dame de Cirey Pierrefitte Saint-Amand. Ce don lui échoit à l’occasion de son mariage avec Florent du Châtelet Trichâteau, lointain cousin, descendant de Pierre (cité antérieurement). C’est un brillant militaire, portant le titre de comte de Lomont. Il a 40 ans, elle en a 14. Le mariage a lieu en 1692, (ils étaient donnés comme résidant tous deux à Paris).
Treize ans plus tard, le 15 mai 1705, Léopold, duc de Lorraine accorde à Florent du Châtelet, des lettres patentes d’inféodation du château de Loisey. Florent est alors lieutenant général, gouverneur militaire de Dunkerque, place forte importante face à l’Angleterre. Le couple y réside depuis plusieurs années. Marie Gabrielle Charlotte y décède en septembre 1705 ; elle est inhumée dans l’église paroissiale de Dunkerque. Elle avait donné sept enfants à son mari. Aucun n’avait vu le jour au château de Loisey.
Et voici que le 23 octobre 1729, la famille se réunit au château de Loisey, on y trouve :
S’y ajoute Gabrielle Emilie de Breteuil épouse de Florent Claude. On peut regretter que Gabrielle Emilie, n’ait pas emmené avec elle ses deux enfants en bas âge : Marie Gabrielle Florence et Louis Marie car ce fils fut le dernier propriétaire du château de Loisey.
Florent comte de Lomont se retire à Semur en Auxois où il décède le 27 janvier 1732. On ne retrouvera pas d’autre trace de la résidence de Florent comte de Lomont, au château de Loisey.
L’aîné des enfants, Florent Claude, portera le titre de marquis du Châtelet. Il est propriétaire du château de Cirey-sur-Blaise dont on parle beaucoup quand on évoque sa femme, la marquise du Châtelet. C’est cependant au château de Loisey, chez son frère, qu’il se retire à une date non connue. Il y décède le 28/11/1765. Il est inhumé dans le chœur de l’église de Loisey.
Florent François, frère de Florent Claude, célibataire, devient propriétaire de la châtellerie de Pierrefitte et du château de Loisey à une date inconnue. Sa présence au château est plus marquée à partir de 1765, où il réside probablement en permanence. Il y décède le 17 juillet 1783, il est inhumé dans le chœur de l’église de Loisey ; il y rejoint son frère, ainsi qu’une de leurs sœurs, Marie Madeleine Suzanne veuve du marquis de Chaugy Roussillon. Elle résidait au château de Loisey depuis 1774 où elle décéda en 1778.
En 1780, Florent François, (sans descendance) fait donation de ses biens à son neveu Louis Marie Florent du Châtelet (fils de Florent Claude et Emilie de Breteuil). Personnage d’importance nationale, le duc a un appartement réservé au château. Il vient chasser dans les bois de Loisey. Aux Etats Généraux de 1789 il est élu député de la noblesse du Barrois. Puis la suite des événements, fait qu’il est accusé d’émigration et guillotiné en décembre 1793. Il n’a pas de descendance. Le château de Loisey devenu propriété de la nation est dépecé et vendu par lots à des carriers qui cèdent les pierres aux plus offrants.