Le château de Pierreclos est situé sur la commune de Pierreclos en Saône-et-Loire, sur une terrasse verrouillant la vallée de la Petite Grosne.
Il fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis décembre 1984.
Description
Au bout d'une allée pavée en hérisson, une grille, entre deux petits pavillons couverts de toits à l'impériale, donne accès à une avant-cour qu'un passage voûté, desservi par une porte en plein cintre en bossage, surmontée des armoiries des Michon, sépare de la cour du château.
Des bâtiments en équerre entourent celle-ci des deux côtés. Au sud-est, se dresse une haute tour carrée couronnée des consoles d'un chemin de ronde ou de hourds disparus sous un toit en pavillon à égout retroussé. Contre elle, s'appuie un bâtiment rectangulaire, orienté nord-sud. Il englobe, sur sa façade occidentale, une tour carrée dans oeuvre et est flanqué sur son anglenord-ouest d'une grosse tour carrée, cantonnée d'échauguettes rondes sur culots construites au XIXe siècle. Cette tour est coiffée d'un toit en pavillon.
Le corps de logis principal en retour d'équerre vers l'est comporte deux étages carrés dont les couvertures ont été très remaniées. Un bâtiment inachevé s'adosse contre lui au nord. Ces bâtiments sont desservis, dans l'angle qu'ils forment, par un escalier intérieur à vis suspenu dont les paliers sont couverts de voûtes d'arêtes retombant sur les piliers d'ordre toscan.
Des communs et les restes d'une ancienne église de la seconde moitié du XIIe siècle, dont il ne subsiste que le clocher et le chœur, complètent l'ensemble.
Le château est une propriété privée. Il est ouvert au public.
Historique
Pierreclos - Tour nord-ouest
Les origines
Le plus ancien seigneur connu du lieu est Hugues de Berzé, évoqué dans une transaction concernant Petraclausa: Hugues II de Berzé, fils de Roland Brescentis, descendant d’une famille ancienne et puissante du comté de Mâcon (Matisconens) éteinte au XIVe siècle.
Après avoir appartenu à partir de 1366 à Guy Chevrier, Pierreclos passe à Louis de Savoie, prince de Morée, qui par acte du 1er juillet 1403 donne « tout le fief du lieu et chastel de Pierreclos » à Ymbaud de Bletterens – issu d’une famille sortie peut-être de la ville du Jura (Bletterans) dont elle portait le nom. C'est la première mention d'un château.
En 1422, alors que s’affrontent Armagnacs et Bourguignons, les premiers s’emparent du château qui sera finalement repris et rendu aux de Bletterens. A la mort d’Ymbaud de Bletterens en 1429, c’est son frère Pernet qui lui succède.
Maison de Rougemont
Héritière de la maison, la fille du précédent, Catherine de Bletterens s’allie en 1434 à Humbert de Rougemont, descendant d’une famille chevaleresque originaire du Bugey. A peine remis de la terrible lutte avec les Armagnacs, le château doit faire face en 1437 aux sanglants pillage des Ecorcheurs.
Devenu à son tour seigneur de Pierreclos, de Bussy et Bussières, Philibert de Rougemont, chevalier, deuxième fils de Humbert, voit son château envahi et en partie brûlé par les troupes de Louis XI, entré en lutte avec Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, en 1471. Il sera par la suite chargé de faire avec ses sujets, en temps de guerre, guet et garde dans la ville de Mâcon. Philibert de Rougemont était encore vivant en octobre 1479, car on trouve les traces d’une lettre patente de Louis XI le mentionnant.
Son fils Gaspard de Rougemont, puis le fils de ce dernier, Antoine assurent la pérennité de la seigneurie, à nouveau soumise aux assauts. Ce sont les guerres de Religions qui cette fois font rage, et, en 1562, le château est assiégé, pillé par les protestants qui se sont rendus maîtres de Mâcon. Leur passage signifiera par ailleurs la ruine de l’église.
Marquée par de nouvelles discordes civiles, la succession d’Antoine est assurée par son fils Jean de Rougemont, qui épouse Béatrix de Grollée.
A la mort du précédent, en 1596, la terre passe à son deuxième fils Hugues de Rougemont. Compte tenu de la situation financière de la maison après le décès de ce dernier en 1644, sa veuve Isabelle d’Albon doit se séparer du fief.
Famille Michon
Remis à un marchand de Lyon en 1664, le domaine est vendu l’année suivante, le 28 janvier 1665, pour 100 000 livres, à noble Jean-Baptiste Michon, écuyer, conseiller et procureur du Roi au bureau des finances de la Généralité de Lyon, issu de la branche lyonnaise d’une famille originaire de Paris. C’est son écusson que l’on retrouve avec la date 1665 sur le portail d’entrée du château. Le nouveau seigneur de Pierreclos, de Bussy et de Bussières – auxquels il rajouta en 1692, la Varenne – allait rapidement faire réaliser d’importants travaux. Il meurt en 1717.
Ses fils Antoine-Alexandre Michon, chevalier, et Aimé-Alexandre-Gabriel Michon, écuyer, élargissent à leur tour la seigneurie en acquérant le comté de Berzé-le-Châtel, le fief de Saint-Sorlin (1713), la seigneurie de Milly (1719) et la baronnie de Cenves (avant 1713).
Né à Mâcon en 1737, le fils d’Aimé-Alexandre-Gabriel lui succède en 1747, avant d’épouser, vers 1768, Marguerite Bernou de Rochetaillée dont il aura deux fils et quatre filles. Jean-Baptiste Michon, trésorier de France au bureau des finances de la Généralité de Lyon, se révèlera un homme particulièrement rude et violent, voire autoritaire et cruel. C’est ainsi qu’Alphonse de Lamartine, ami d’enfance de son fils Guillaume, le décrit dans ses Mémoires, et c’est sans doute aussi ce qui explique l’acharnement des paysans de la région contre le château durant la période révolutionnaire.
Multipliant avant cela les différends avec les gens de Pierreclos et de la région, le nouveau seigneur devra en effet subir trois attaques successives en juillet 1789. Trois jours de suite, le 27, 28 et 29 juillet, le château est pris d’assaut par des bandes survoltées qui font mille dégâts, brisant et saccageant tout sur leur passage. Bien que le sieur de Pierreclos ait réclamé plus tard le châtiment des coupables et la réparation des dégâts, Louis XVI, par un édit du mois de décembre, abolit et pardonne les délits commis en Mâconnais. Les deux inventaires détaillés du mobilier du château qui nous sont parvenus, l’un antérieur (1747), l’autre postérieur (1793) à cette terrible jacquerie donnent une idée de l’étendue des biens de Pierreclos, et de l’ampleur du désastre.
Echaudé par les pillages de 1789, M. Michon de Pierreclos, fait, en 1790, descendre de ses greniers et armer de vieille pièces d’artillerie afin d’éviter une nouvelle surprise : ce déploiement met tout le pays en émoi et la municipalité de Pierreclos décide le désarmement de la citadelle. Dans la soirée du 8 juillet 1790, un détachement de 150 hommes de la garde nationale de Mâcon se présente sous les murs du manoir. Le seigneur ne fait aucune résistance pour remettre son artillerie dont on lui délivre un récépissé : deux pièces de canons d’une portée de quatre pieds de long, sept autres pièces appelées pierriers – ses douze fusils lui seront laissés. Alphonse de Lamartine a fait dans Confidences le récit de cette expédition guerrière et du retour à Mâcon, les canons étant traînés nuitamment par les hommes, faute de chevaux! La Révolution étant passée en 1793 sous le régime de la terreur, et son fils aîné Benoît-Guillaume (né le 24 janvier 1770) ayant émigré, Jean-Baptiste Michon est arrêté comme suspect en avril 1793 et emprisonné.
Benoît-Guillaume, rayé de la liste des émigrés, étant mort en 1809, ses domaines sont vendus à partir de 1817 au profit de ses créanciers.
Anecdote: Le frère cadet de Benoît-Guillaume et ami de Lamartine, Antoine-Guillaume, épousa Anne-Joséphine Dézoteux-Cormatin et eut un fils, Jean-Baptiste-Léon Michon de Pierreclau, dernier du nom. Né le 1er mars 1813 et mort de tuberculose en 1841, il est en réalité le fils du poète (qui s’était un temps épris de la "Belle Nina") dont il épousa la nièce Marie-Joséphine-Alix des Glands de Cessiat, qui lui donna une fille unique, Léontine.
Famille Chaland-Thiollière
Pierreclos est acquis en 1826 par M. Jacques Chaland-Thiollière, de Saint-Chamond. Ses héritiers posséderont le domaine jusqu'en 1909.
Époque contemporaine
En 1909 et jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, le château appartient au Darnat, soyeux de Lyon, puis à M. Fouilloux qui accueille au château des colonies de vacances d’Aubervilliers jusque dans les années 1970. Depuis 1989, le château appartient à la famille Pidault, qui a restauré et rendu visitable cette place forte.
Armoiries
Savoie-Piémont
Savoie-Piémont: De gueules à la croix d'argent brisé d'un lambel d'azur en chef
Bletterens: De gueules à trois molettes d'or
Rougemont: De gueules au lion d’or, armé, lampassé et vilené d’azur
Michon : D’azur, à un losange d’or, accompagné de trois besans d’argent, deux en chef et un en pointe