Château de Segura de la Sierra | |||
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Période ou style | Moyen Âge | ||
Type | château | ||
Début construction | VIIIe siècle | ||
Destination initiale | château de défense | ||
Protection | 1962 | ||
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Latitude Longitude | |||
Pays | Espagne | ||
Communauté autonome | Andalousie | ||
Province | Jaén | ||
Commune d'Espagne | Segura de la Sierra | ||
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Le château de Segura de la Sierra est une ancienne forteresse médiévale située à Segura de la Sierra dans la province espagnole de Jaén, en Andalousie. Cet ensemble castral trouve ses origines au VIIIe siècle, lors de la conquête musulmane de la péninsule ibérique. Intégrées au royaume de Castille en 1214, la ville et sa forteresse passent au pouvoir de l'Ordre de Santiago qui transforme le château pour l'adapter à ses nouvelles fonctions.
De par sa situation entre la Castille et le royaume de Grenade, la forteresse a joué un rôle important dans la défense des domaines chrétiens. Elle constitue un bel exemple de fortification frontalière, et permet d'envisager l'organisation du territoire de l'époque. Les qualités architecturales ne sont pas absentes et sont soulignées par la situation du complexe défensif, perché sur un piton rocheux dominant le village. Ces différents éléments ont permis au château de Segura de la Sierra d'être classé monument historique par le ministère espagnol de la culture, en 1962.
Le site de Segura de la Sierra est occupé, semble-t-il, depuis le IVe millénaire av. J.-C. Des peintures rupestres trouvées dans certaines grottes des alentours tendent à confirmer cette hypothèse. Ce sont néanmoins les Romains qui fondent une petite localité dans cette zone de montagnes protégée des agressions extérieures, la position de Segura offrant par ailleurs un point de surveillance des terres environnantes.
Les musulmans tardent à parvenir dans la zone après leur entrée dans la péninsule ibérique en 711. Ils ne se rendent maîtres du village romain qu'en 781, sous le commandement d'un certain Abd al-Azid. La localité est alors baptisée Saqura, et est identifiée par les sources arabes de l'époque comme une véritable petite ville, une médina. Elle devient sous Al Andalus un important élément de défense du territoire andalou : sa forteresse est bâtie par Abd al-Azid au VIIIe siècle, et se présente comme un nid d'aigle imprenable, qui fera la force de la cité.
Avec la chute du Califat de Cordoue au XIe siècle et le morcellement d'Al Andalus qui s'ensuit, Saqura se constitue en entité indépendante, puis est tour à tour absorbée par différentes taifas. L'alternance de périodes d'autonomie et de dépendance n'affecte pas son rôle, et la ville connaît une période de développement soutenu. Elle passe successivement sous la domination des rois de Denia, puis de Saragosse. La présence des Almohades en Espagne est synonyme de troubles pour la ville, qui ne tarde pas à être la cible des armées castillanes, conscientes de l'intérêt stratégique de la forteresse.
La bataille de Las Navas de Tolosa signe la disparition à moyen terme de l'Islam ibérique, à l'exception du royaume de Grenade, qui parvient à survivre jusqu'à la fin du XVe siècle. Saqura est l'une des premières villes à tomber dans le domaine castillan. En 1214, Alphonse VIII de Castille prend la forteresse, qu'il remet avec la ville à Rodrigo Íñiguez, grand maître l'Ordre de Santiago. La ville est constituée en municipalité, et connaît un bel essor, grâce à l'ordre militaire qui établit sa commanderie andalouse dans la forteresse. Cette dernière est réaménagée et adaptée à ses nouvelles fonctions. Ferdinand III, Alphonse X et Ferdinand IV encourageront la cité, par l'octroi de chartes et privilèges au conseil municipal et à l'ordre de Santiago.
C'est à partir de la reconquête que la cité acquiert un rôle militaire décisif, en devenant un chaînon incontournable dans le système défensif de la frontière entre la Castille et le royaume de Grenade. C'est par ailleurs autour de cette forteresse que se constitue tout le territoire de la Sierra de Segura. Par la suite, Segura traverse une période fastueuse au XVIe siècle. La noblesse locale est nombreuse et puissante, et le commerce du bois lui assure des revenus importants.
La forteresse perd néanmoins son utilité avec la disparition du royaume nasride de Grenade. Elle devient une prison dont le plus illustre pensionnaire serait, selon la légende, Francisco de Quevedo. Au XIXe siècle, la forteresse est incendiée par les troupes napoléoniennes. Il faut attendre plusieurs décennies pour voir commencer les travaux de restauration, qui perdurent aujourd'hui sous la direction de la mairie et de la Junta de Andalucía.