Cyclone de Bhola - Définition

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Préparatifs

Après voir reçu de nombreux rapports de navires du golfe du Bengale, le gouvernement indien ne manquait pas d'informations météorologiques sur la force du cyclone. Cependant, la clarté fait défaut quant à l'échange de ces informations avec le gouvernement pakistanais, vu les relations tendues entre les deux pays. C'est en partie pourquoi une large portion de la population du Pakistan oriental fut prise par surprise.

De plus, plusieurs indices montrent que le système d'alerte cyclonique de ce pays n'était pas connu de la population, ceci coûtant des dizaines de milliers de vies. En octobre 1960, deux cyclones avaient causé la mort d'au moins 16 000 personnes au Pakistan oriental. Le gouvernement pakistanais avait demandé au gouvernement américain son assistance pour le développement d'un système d'alerte aux populations afin de faire face à cette menace. Gordon Dunn, le directeur du National Hurricane Center, avait alors fait réaliser une étude exhaustive de la situation du Pakistan et remis son rapport en 1961. Cependant, le gouvernement pakistanais n'avait pas suivi toutes ses recommandations.

Le service météorologique pakistanais avait ainsi émis un bulletin appelant à la « préparation au danger » pour les régions côtières le 12 novembre. Un autre bulletin fut radiodiffusé pour « grand danger imminent » lorsque le cyclone s'approcha de la côte, mais des survivants déclarèrent ne pas savoir ce que ces deux bulletins signifiaient vraiment. Bien que le premier bulletin fut reconnu comme un avertissement à un danger et que l'on estime que 90% de la population de la côte l'avait entendu, moins de un pour cent de celle-ci chercha refuge dans des abris paracycloniques.

Épilogue

La Banque mondiale estima qu'il en coûterait 185 millions $US pour la reconstruction de la zone sinistrée et remit au gouvernement pakistanais un plan détaillé des travaux, incluant les habitations, le réseau d'eau potable et les autres infrastructures détruites par le cyclone. Une articulation avec un programme de prévention des inondations et de développement futur était prévue. La Banque rendit disponible un crédit immédiat de 25 millions $US pour aider l'économie du Pakistan oriental et pour la construction d'abris contre les cyclones. C'était la première fois que l'Association internationale de développement de la Banque fournissait de tels crédits.

Retombées politiques

Le premier drapeau du Bangladesh

Le Croissant-Rouge pakistanais commença à œuvrer indépendamment du gouvernement après une dispute sur la possession de vingt radeaux fournis par la Croix-rouge britannique. Une société fabriquant des pesticides dut attendre deux jours pour recevoir la permission d'utiliser ses avions d'épandage pour larguer des vivres et médicaments aux zones sinistrées. Le gouvernement pakistanais n'envoya qu'un seul hélicoptère du Pakistan occidental, le président déclarant plus tard que c'était parce que les appareils ne pouvaient transporter une grande charge utile sur une telle distance. Un reporter du journal Pakistan Observer passa une semaine dans la zone la plus atteinte au début de janvier et écrivit qu'il constatait qu'aucune des tentes fournies par les agences internationales n'avait été utilisée pour reloger la population sinistrée, et que les montants pour la reconstruction étaient insuffisants. Ce même journal a souvent mis à la une des articles portant des titres comme « Aucune coordination des secours », et dans lesquels le gouvernement indiquait que « les opérations de secours vont bon train ». En janvier, le mois le plus froid de l'année, le comité pour les secours et la réhabilitation, dont le directeur était également l'éditeur du journal Ittefaq, déclara que des milliers de survivants devaient passer leurs journées dehors. Un porte-parole mentionna que les familles sans abris recevaient une aide de 250 roupies, soit 55 $US (279 $US de 2007), pour rebâtir leurs maisons mais que les ressources étant chères et difficiles à obtenir, il était probable que cet argent ne pourrait servir qu'à se nourrir.

La lenteur des secours mobilisés par le gouvernement pakistanais suscita une vive réaction de la part des élites politiques au Pakistan oriental. Le 15 novembre, Sheikh Mujibur Rahman le chef de la ligue Awami, le plus important mouvement politique de la province, déclare : « Nous avons une armée mais ce sont les Marines britanniques qui prennent soin de nos morts ». Un communiqué émis par onze de ceux-ci dix jours après les événements critique vertement Karachi qu'il charge « de négligence et d'indifférence coupables » et accuse le président de jouer à la « star » avec les médias. Le 19 novembre, des étudiants organisèrent une marche de protestation à Dhâkâ et le 24, le chef politique Maulana Abdul Hamid Khan Bhashani fit un discours devant 50 000 personnes où il accusa le président du Pakistan d'incompétence, demandant sa démission.

La ligue Awami obtint un raz de marée en sa faveur lors des élections nationales de décembre 1970, en partie à la suite du mécontentement généré par les échecs du gouvernement national pour organiser les secours. Les élections concernant neuf sièges à l'Assemblée nationale, et dix-huit sièges aux Assemblées régionales, durent être reportées au 18 janvier du fait du cyclone. En mars, la tension monte à tel point entre le gouvernement et les élus de la ligue que des troubles sont appréhendés et les ressortissants étrangers sont invités à partir. Les bureaux de deux organismes gouvernementaux d'aide aux sinistrés à Dhâkâ sont fermés durant deux semaines, d'abord par une grève générale et ensuite par une interdiction de leur travail par la ligue Awami. Le travail continua dans les zones dévastées mais la planification des tâches fut retardée.

Les troubles débouchèrent sur la guerre d'indépendance du Bangladesh ce même mois et sur un conflit indo-pakistanais en décembre 1971, alors que l'Inde venait en aide à la province sécessionniste. C'est peut-être la première fois qu'une catastrophe naturelle déclenche une guerre civile.

Protection accrue

La Croix-Rouge internationale publia un plan préliminaire en décembre 1970 à propos de la conduite à suivre dans une situation similaire. On y mentionne que les travailleurs envoyés au Pakistan oriental étaient mal formés et que l'organisation devrait composer une liste de spécialistes dans différents domaines nécessaires à ces interventions. Déjà en 1966, le Croissant-Rouge avait débuté un programme d'alerte cyclonique pour prévenir la population de la région du delta du Gange.

L'Assemblée générale de l'ONU adopta une proposition concernant l'amélioration de la distribution des secours en zones sinistrées. Elle passa également, le 20 novembre, une résolution exprimant la sympathie des pays membres envers le Pakistan et enjoignant ses agences, les gouvernements et les organisations non-gouvernementales à venir en aide au Pakistan dans ses efforts à court et long terme de reconstruction et de développement. De cette résolution sortit le Plan de préparation contre les cyclones tropicaux de 1972. Ce plan, administré maintenant par le gouvernement du Bangladesh et le Croissant-Rouge de ce pays, est centré sur l'éducation du public aux dangers des cyclones et la formation du personnel d'urgence.

Pour faire face à la menace, plus de deux cents abris paracycloniques furent construits le long des côtes dans les trente années suivant le cyclone de Bhola. En 1991, à l'approche du cyclone Gorky, les volontaires du programme ont averti la population de deux à trois jours avant l'arrivée de la tempête. Plus de 350 000 personnes remplirent les abris, d'autres structures solides en briques ou fuirent vers les hauteurs. Bien que plus de 138 000 personnes périrent, le bilan a été bien moindre que celui de 1970, en grande partie en raison du plan. La construction d'autres abris et le perfectionnement de la formation de la population a permis depuis de réduire le nombre de victimes. Ainsi, en 2007, le cyclone Sidr a causé entre 3 000 et 10 000 morts, au lieu des centaines de milliers de morts habituellement observés pour les autres cyclones de forces similaires.

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