En 1946, David Feuerwerker est élu rabbin à Neuilly-sur-Seine. Il y crée un cercle d’études, au 12 rue Ancelle. C’est au cours de cette période que son épouse participe à la collecte de l’argent destiné au bateau l’Exodus, qui doit emmener clandestinement en Palestine mandataire des Juifs, pour la plupart survivants de la Shoah. David Feuerwerker n’y a cependant pris aucune part, et l’argent était caché, à son insu, par son épouse, sous son lit, car personne ne viendrait à le soupçonner.
En 1948 il devient rabbin de la grande synagogue parisienne, la Synagogue de la rue des Tournelles. Le cercle d’études qu’il anime au 14 place des Vosges, attire de nombreux, et prestigieux, participants, parmi lesquels : Raymond Aron, Robert Aron, Henri Baruk, le père Marie-Benoît, Jean Cassou, Georges Duhamel, Marcel Dunan, Edmond Fleg, Henri Hertz, Vladimir Jankélévitch, l’amiral Louis-Lazare Kahn, Joseph Kessel, Jacques Madaule, Arnold Mandel, Szolem Mandelbrojt, François Mauriac, André Maurois, Edmond Michelet, Pierre Morhange, François Perroux, le père Michel Riquet, Pierre-Maxime Schuhl (1902-1984), André Spire, Jean Wahl, et bien d’autres.
Dans un bilan sur le judaïsme européen dix après la guerre, et la France, en particulier, Arnold Mandel écrit en 1956: "Sous les auspices d'un rabbin très dynamique, énergique et militant David Feuerwerker un cercle de débat libre le Cercle du Marais est actif depuis plusieurs années. Situé dans une des plus belles places de Paris, la Place des Vosges où se trouve le Musée Victor Hugo, le cercle, où les discussions sont parfois orageuses, est un un des endroits les plus vivants et les plus pittoresques dans le quartier juif de la capitale française. C'est comme Hyde Park, avec plus d'esprit."
Roger Berg écrit en 1992 sur le Cercle d'Études du Marais: "Quelque temps après la fin de la Seconde Guerre mondiale, et avant l'irruption de la télévision dans les foyers, des cercles d'études se créèrent un peu partout, dont le plus prestigieux fut le Cercle du Marais de David Feuerwerker."
Les séances du Cercle d’Études du Marais avaient pour formule: un conférencier de renom invité, un compte rendu de livre récent, une partie musicale (chant, piano), et la disponibilité d’une bibliothèque.
Il introduit l’hébreu comme langue étrangère au baccalauréat, en 1954, et est l’examinateur pour la ville de Paris. Parmi ceux qui se font examiner par lui, figure Haïm Brezis, le futur membre de l’Académie des sciences (France) et de la National Academy of Sciences (U.S.A).
En diverses occasions, il est fait appel à ses qualités d’orateur. Il participe ainsi, régulièrement, à la commémoration annuelle au Mémorial du Martyr Juif Inconnu, en présence des autorités civiles et militaires, réalise l’oraison funèbre du grand-rabbin Samuel Jacob Rubinstein (le seul discours fait en français pour le rabbin de la synagogue de la rue Pavée à Paris), et celui des parents de Pierre Mendès France, l’ancien Président du Conseil, dont il fut proche. Il fait aussi plusieurs sermons à la Grande Synagogue de Paris rue de la Victoire dans le 9e arrondissement de Paris.
Il contribue à la commémoration sur le site du camp de Drancy.
David Feuerwerker est en outre directeur de l’instruction religieuse (Paris, 1952), et vice-président du Conseil pour l’Education et la Culture Juive en France (CECJF) (1953).
Le 23 décembre 1956, la communauté juive de France lui rend hommage, à l’occasion de sa vingtième année de rabbinat et de la deux cent cinquantième séance du Cercle d’Études du Marais, pour « honorer le guide et le maître dont l’activité est féconde et efficiente pour la communauté juive de France. »
La Ville de Paris, et en son nom, le Bureau du Conseil Municipal, en sa séance du 14 décembre 1957, lui décerne la grande Médaille de Vermeil de la Ville de Paris.
Parallèlement à ses activités de rabbin, il crée la fonction d’aumônier général dans la Marine nationale française. Il effectue à ce titre des missions en Algérie et en Tunisie (à la base navale de Bizerte), et représente la Marine nationale à des Congrès internationaux à Amsterdam en Hollande et à Milan en Italie.
Il officie également comme aumônier de prisons, notamment à La Petite Roquette, dans les lycées (Lycée Henri-IV, Lycée Fénelon) et les hôpitaux (l’Hôtel-Dieu de Paris).
En 1963, le général de Gaulle le nomme officier de la Légion d'honneur pour son travail au sein de la Marine nationale. La médaille lui est remise au Ministère de la Marine, Place de la Concorde, par l’amiral Georges Cabanier, Compagnon de la Libération, chef d'état-major de la marine (1960-1968). Le doyen des poètes français André Spire avait tenu à assister à cette cérémonie. L’amiral Louis Kahn, président du Consistoire central et les frères André et Simon Schwartzenberg, pères de Roger-Gérard Schwartzenberg et de Léon Schwartzenberg, assistèrent également à la cérémonie. Il obtient une licence ès lettres et un doctorat d’histoire de la Sorbonne, et intègre la VIe section de l’École Pratique des Hautes Études (EPHE) de 1962 à 1965. Parmi ses nombreuses communications, notons celles données à la Société de l’Histoire de Paris, ou à l’Institut Napoléon de Paris. Il publie des articles, notamment dans la Revue des Annales, Évidences, le Bulletin de nos communautés, et le Journal des communautés.
Après la guerre du Sinaï et la Crise du canal de Suez (en 1956), il représente La communauté juive de France à une cérémonie sous l’Arc de triomphe de l'Étoile lors de la visite de Moshe Dayan en France.
Il se lia d’amitié et donna refuge à Aimé Pallière (1868-1949), considéré comme le Noahide (Lois noahides) par excellence.
Il devint le Rabbin de la Synagogue du 15 rue Chasseloup-Laubat (Synagogue Chasseloup-Laubat), à Paris XVe.
En 1966, il émigre avec sa famille (six enfants: Atara, Natania, Elie, Hillel, Emmanuel, et Benjamine) à Montréal, au Canada.
Il demeure au 5583 avenue Woodbury à Montréal, à quelques pas de l’Université de Montréal.
Son voisin de l’avenue Woodbury, René Lévesque, futur premier ministre du Québec, lui rendra hommage en son nom personnel et au nom du gouvernement du Québec, à son décès.
Il devient professeur de sociologie à l’Université de Montréal, de 1966 à 1968, et il crée dans cette université le département des études juives.
Il devient juge à la Cour rabbinique de Montréal (Beth din) et membre du Vaad Hair (Conseil de la Communauté Juive de Montréal), aux côtés du Grand Rabbin de Montréal Pinchas Hirschprung (1912-1999).
Il introduit le Rabbin Moshe Feinstein (1895-1986), l’autorité halachique (lois religieuses) de son temps, au maire de Montréal, Jean Drapeau, à l’Hôtel de ville de Montréal.
Il est l’éditeur des pages françaises du Journal "Voice of the Vaad", la "Voix du Conseil".
Pour son livre sur l’émancipation des juifs en France, l’Émancipation des Juifs en France. De l’Ancien Régime à la fin du Second Empire (Albin Michel, Paris, 1976), devenu un classique, et qui continue année après année à être cité, il reçoit le Prix Broquette-Gonin d’histoire de l’Académie française. À sa parution, un compte rendu figure en première page du journal Le Monde.
Il participe à de nombreux programmes de radio et de télévision en France et au Canada, est consulté comme expert, et donne de nombreuses conférences.
Il porte un intérêt particulier à la musique juive.
Il organise la venue du célèbre Hazzan Moshe Koussevitzky à la Synagogue de la rue des Tournelles.
Il participe à diverses reprises à l’émission "la Musique des nations", animée par Alain Stanké à Radio-Canada.
Il est mort à Montréal le 20 juin 1980 et a été enterré à Sanhédriah, à Jérusalem, Israël.