Denis Henrion, (parfois Didier) né à la fin du XVIe siècle et mort vers 1632 à Paris, est un éditeur et mathématicien français.
Henrion, qui signait ses œuvres D.H.P.E.M. soit l'abréviation de Denis Henrion, professeur ès mathématiques, est essentiellement connu pour ses traductions d' Euclide et pour avoir publié en France l'un des deux premiers traités concernant les logarithmes (1626). Dans ses ouvrages, il utilise parfois sans leur rendre hommage les travaux de Jean Errard et ceux de Claude Bachet. Dans leur Biographie universelle ancienne et moderne, les frères Michaud affirment qu' Henrion entra fort jeune comme ingénieur au service des Provinces-Unies. Selon eux, il vint à Paris, en 1607 et y professa les mathématiques, ayant pour élèves beaucoup de jeunes gens de familles nobles. Ils ajoutent qu'il mourut vers 1640, après avoir publié un grand nombre d'ouvrages et de traductions dont on trouve le catalogue ci-dessous.
D'après des confidences de Claude Hardy, Denis Henrion serait le pseudonyme de Clément Cyriaque De Mangin ou Demangin, plus connu comme poète que comme mathématicien mais aussi celui de Pierre Hérigone, l'un des meilleurs mathématiciens de l'académie de Mersenne. Ces rumeurs, accrédités par l’écrivain chalonais Perry et le Père Papillon, dans sa bibliothèque des auteurs de Bourgogne, parue à Dijon en 1742, sont communément acceptées dans la littérature anglo-saxonne et quelques français (notamment par Joseph-Marie Quérard), mais ces identifications sont infondées : en 1632, la veuve d’Henrion publie la dernière mouture de feu son mari sur les 15 livres d’Euclide... ce qui rend imossible l'identification de Denis Henrion avec Hérigone, ou Mangin (morts en 1642 et 1643).
L'abbé de Saint-Léger l'a soupçonné d'être également l'auteur des récréations mathématiques composée de plusieurs problèmes plaisants et facétieux en fait d'arithmétique, géométrie, mécanique et optique, publiées à Pont-à-Mousson, en 1626 par Hendrik Van Etten. En réalité, Hendrik Van Etten est le pseudonyme (ou le neveu) du père jésuite et mathématicien Jean Leurechon (1591-1670).
Charles Muteau rappelle qu'Henrion a publié à Paris, en 1616, un livre intitulé Problemata duo nobilissima, quorum nec analysin geometricam, videntu te nuisse Ioannes Regiomontanus et Petrus Nonius; nec demonstrandum satis accuratam repraesentasse, Francisci Vieta et Marinus Gethaldus nunc demum a Clemente Cyriaco diligentius elaborata et novia analyseon formis exulta inscriptiones proeterca figurarum non injucundœ ; dirigé contre Marin Ghetaldi (ce que confirme Ronald Calinger), ce livre attaquait Viète et sa résolution de questions posées autrefois par Regiomontanus. Cette œuvre, ultérieurement remaniée, fut republiée, le tout remis en ordre, par Denis Henrion en 1621.
Lorsque Denis Henrion publie de 1616 les traités de Clément Cyriaque Mangin dirigés contre Marin Ghetaldi et son interprétation de François Viète, il est l'objet de critique du mathématicien de Raguse et de son ami écossais, le mathématicien d'Anderson. Ghetaldi publie en retour, de resolutione et compositione mathématica ; Anderson publie Animadversionis in Franciscum Vietam a Clemento Syriaco nuper editae brevis diacrisis, en 1617 et une reprise de ces travaux intitulée Exercitatiorum mathematicarum Decas primas, en 1619.