En mathématiques, un développement asymptotique d'une fonction f donnée dans un voisinage fixé est une somme finie de fonctions de références qui donne une bonne approximation du comportement de la fonction f dans le voisinage considéré. Le concept de développement asymptotique a été introduit par Poincaré à propos de l'étude du problème à N corps de la mécanique céleste par la théorie des perturbations.
La somme étant finie, la question de la convergence ne se pose pas. On parle parfois par abus de langage de « série asymptotique » pour une somme comprenant une infinité de termes. Cette somme infinie est le plus souvent formelle, car la série est en général divergente.
L'analyse asymptotique est une méthode d'analyse qui permet de classer les comportements de fonctions dans un voisinage donné en se concentrant sur certaines tendances caractéristiques. On l'exprime en général au moyen d'une relation d'équivalence. Par exemple, soient deux fonctions complexes f et g d'une variable réelle x dont on souhaite étudier le comportement au voisinage d'un point x0. On écrira :
pour traduire le fait que :
Ceci défini une relation d'équivalence entre fonctions, et la classe d'équivalence de la fonction f consiste en toutes les fonctions g qui possèdent un comportement similaire à f dans le voisinage du x0. On est ainsi amené à définir un ensemble de fonctions « simples », qui vont servir de référence pour établir des comparaisons. Remarquons tout d'abord qu'on peut toujours se ramener à étudier le voisinage de . En effet, étudier le comportement de f au voisinage du x0 est équivalent à étudier le comportement de :
au voisinage de . On peut donc se limiter à un ensemble de fonctions de comparaison dans un voisinage de .
On considère comme connues au voisinage de les fonctions de l'un des types suivant :
ainsi que leurs produits, c’est-à-dire toute fonction de la forme :
où P(x) est de la forme :
Si on désigne par E l'ensemble de ces fonctions de comparaisons, on a les propriétés suivantes :
Les deux dernières propriétés montrent en particulier que le quotient de deux fonctions de E appartient à E.
Si g est une fonction de E, on considère également connue toute fonction complexe f de la forme f = c g où c est un nombre complexe.
Soit f la fonction dont le comportement est à analyser au voisinage de . Si on peut trouver une fonction g1 de E telle que f/g1 ait une limite finie c1 non nulle , on dit que c1 g1 est la partie principale de f par rapport à E, et on écrit :
en utilisant les notations de Landau. (Toute fonction de E est sa propre partie principale.)
Pour un développement comprenant une infinité de termes, on parle parfois par abus de langage de « série asymptotique ». Cette somme infinie est le plus souvent formelle, car la série est en général divergente.
Par exemple, pour une fonction f lisse au voisinage d'un point x0, on peut pousser son développement de Taylor aussi loin que l'on veut. On peut alors se poser le problème de la convergence de la série de Taylor obtenue, et de la relation entre sa somme et la fonction f de départ. Ce problème est sans rapport avec le comportement asymptotique de la fonction f dans le voisinage de x0.
Soit la fonction f(x) définie par la série convergente pour |x| < 1 :
La dernière expression de f permet d'étendre sa définition à tout le plan complexe privé de x = 1, notamment là où la série originale est divergente. Multiplions alors par e − x / t et intégrons ; on obtient formellement :
où Γ(z) est la fonction gamma d'Euler. L'intégrale du membre de gauche s'exprime en fonction de l'exponentielle intégrale Ei(x), et on obtient alors le développement asymptotique de cette fonction au voisinage de t=0 :
Pour tout t non-nul, le membre de droite ne converge pas. En revanche, pour t non-nul « petit », on obtient en tronquant la somme à un nombre fini de termes une bonne représentation de la fonction . Le changement de variable : x = 1 / t et la relation fonctionnelle : conduit au développement asymptotique :