Dornier | |
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La société Dornier (Dornier Flugzeugwerke) est une entreprise allemande de construction aéronautique.
La société a été créée par le pionnier de l'aviation Claude Dornier (1884-1969) en 1922. Pour pouvoir contourner les restrictions du traité de Versailles, il fonda tout d'abord un chantier en Italie à Marina di Pisa où furent construits les célèbres hydravions Wal exportés dans le monde entier.
Pendant l’entre-deux-guerres, Dornier acquit la célébrité en fabriquant les hydravions à coque assurant les liaisons transatlantiques. Le plus impressionnant d'entre eux fut sans conteste le « bateau volant » Do X. Le Dornier Do X, équipé de douze moteurs à hélice accouplés par paires, a été le plus grand avion d'avant la Seconde Guerre mondiale. Les hydravions à coque entièrement métalliques de la série Wal (baleine) ainsi que leur successeur, le Do 18 et le quadrimoteur Do 26 ouvrirent les premières lignes transatlantiques (Sud et Nord) assurant le transport de passagers et de courrier. Après la sortie du Do 24, Dornier créa le Do 26, un hydravion au concept de moteurs basculants révolutionnaire et aux flotteurs rétractables, de manière à améliorer l'aérodynamisme, point noir des hydravions.
Dornier, qui faisait partie du cercle des principaux producteurs d’armement (voir Wehrwirtschaftsführer), fut jugé « non-coupable » (unbelastet) lors de la dénazification qui suivit la capitulation mais il faisait malgré tout face à la faillite, son usine de Manzell / Friedrichshafen au bord du Lac de Constance étant entièrement détruite. La construction aéronautique étant en outre interdite dans l’Allemagne d’après-guerre, Dornier alla s’installer à Zoug en Suisse et fit fabriquer ses avions en Espagne.
La fabrication en Allemagne reprit à Lindau et Immenstaad près du Lac de Constance ainsi qu’à Oberpfaffenhofen et Neuaubing près de Munich. Des métiers à tisser et autres machines destinées à l’industrie du tissu furent développées à Lindau et bientôt exportés dans le monde entier. L’usine de Langenargen fabriqua des produits métalliques légers (profilés et des échelles). Les autres usines se consacrèrent à construction aéronautique. Grâce à ses appareils de type ADAC et ADAV, Dornier put reprendre pied sur le marché lors de la remilitarisation de l’Allemagne de l’Ouest (RFA) en 1956. Les grandes étapes de la reprise furent le Do 27 (1956), le Do 28 Skyservant (1960) et le Do 31 (1962).
Claude Dornier se retira de l’entreprise en 1962. Celle-ci fut reprise par les héritiers et dirigée par ses fils. Les directeurs suivants n'appartenaient plus à la famille (Dr Schmidt et Dr Schäfer).
Par la suite Dornier développa le court-courrier à hélice Do 228 puis le biréacteur Do 328.
On citera aussi les appareils construits en coopération internationale comme le Breguet Atlantic, les Boeing E-3 Sentry d’alerte avancée (AWACS) de l’OTAN, l’Alpha Jet (en coopération avec Dassault Aviation en 1973 et appelé IA 63 dans la version argentine), le Bell UH-1D, le Sikorsky CH-53 (dont le successeur sera à terme le projet HTH -Heavy Transport Helicopter- pour lequel Eurocopter soumet une offre).
Les six Do 26 existant furent équipés au début du conflit d'un armement et utilisés par la Luftwaffe comme appareils de transport et de patrouille maritime. Du point de vue de la quantité, ce sont surtout les Do 18 (en version Luftwaffe) équipés de deux moteurs diesel en tandem qui furent utilisés dès le début de la Guerre en septembre 1939, essentiellement pour effectuer des vols de reconnaissance au-dessus de la mer du Nord avant d'être remplacés par des BV 138 trimoteurs. Après l’occupation des Pays-Bas, la fabrication sous licence du trimoteur Do 24 pour le compte des gardes côtes-hollandais (Marine Luchtvaartdienst) continua pour la Luftwaffe. Cet hydravion à coque (premier vol en 1937) qui tenait particulièrement bien la mer avait été conçu pour les liaisons avec les colonies en Asie du Sud-Est. La Luftwaffe reçut un total de 217 appareils de ce type. Cet avion devint le véhicule le plus important des escadrilles de secours en mer (Seenotstaffeln) sur les côtes des pays européens occupés par les armées du IIIe Reich. Il créera ainsi la famille des Do 17, appareil au fuselage si fin qu'il fut surnommé le "crayon volant" initialement bombardier mais qui fut également mis en œuvre comme chasseur de nuit (variantes Do 215 et Do 217). La conception de son modèle d'origine avait été commandée dès 1932/1933 sous la désignation de code « avion de transport commercial rapide » (Schnellverkehrsflugzeug) par la direction des approvisionnements de l’armée de Terre (Heereswaffenamt). Dornier développa vers la fin du conflit un bimoteur original destiné à être un chasseur lourd rapide, le Do 335, appareil à moteurs placés en configuration push-pull (une hélice tractrice conventionnelle à l'avant plus une hélice propulsive derrière l'empennage), à train tricycle et, chose nouvelle pour l'époque, à siège éjectable. Ce chasseur polyvalent lourd qui avait fait son premier vol en 1943 et était l'avion à moteur à pistons de série le plus rapide du monde (765 km/h) ne prit plus part au conflit de manière active (voir dans Le Grand Cirque de Pierre Clostermann la description de sa rencontre avec cet appareil). Le dernier exemplaire existant, capturé par les troupes américaines, avait été rapatrié chez Dornier 1974 pour y être restauré et était resté exposé au Deutsches Museum de Munich plusieurs années avant de reprendre le chemin des USA.
L'usine en Suisse: Jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale, une filiale a continué d’exister en Suisse (à Altenrhein) où furent construits des éléments du Dornier Do X ainsi que les 30 Do 24 destinés aux Pays-Bas. Cette usine réalisa sous licence tous les Bücker 131 et 133 mis en œuvre par l’armée de l’Air suisse.