L'ENS utilise un riche jargon relatif aux particularités locales. On ne sait quand ce jargon s'est formé, sans doute aux alentours de 1900. Pour une raison aujourd'hui oubliée, beaucoup de termes sont inspirés par l'Amérique du Sud, comme « cacique », « tapir », « caïman »…
Une « turne » ou « thurne » est une chambre d'internat (on parle de « thurne de jour » pour des pièces d'études). Le « thurnage » est la procédure relativement complexe d'attribution des thurnes aux élèves à partir de la deuxième année (l'ENS dispose de chambres sur plusieurs sites et aménagées différemment, donc différemment prisées).
Du temps des chambres à deux occupants, le colocataire s'appelait le « co-turne ». Un « caïman » est un agrégé-préparateur, c'est-à-dire un enseignant titulaire de l'agrégation et dont l'enseignement consiste essentiellement à préparer les élèves et les auditeurs libres à l'agrégation ; ce sont habituellement de jeunes chercheurs (moins de 30 ans). Par extension, plus particulièrement dans les études littéraires, un caïman est tout enseignant de l'ENS.
Un « cacique » est un major au concours d'entrée de l'ENS. Par extension, on nomme « cacique » toute personne classée première au concours d'entrée à une grande école, à l'agrégation, etc. À l'origine, « cacique » désignait un chef de tribu en Amérique centrale, c'est pourquoi « cacique » est aussi usité de nos jours dans le sens de leader, non sans ironie. À l'inverse, le dernier de la promotion est parfois désigné comme le « culal ». Un « archicube » est un ancien élève. L'annuaire des anciens élèves est l'« archicubier ».
Le « pot » désigne le restaurant de l'École, le service y est assuré midi et soir. Le petit-déjeuner est également proposé, sous le nom de « petit-pot ». Par extension, le mot pot désigne à peu près tout ce qui a un rapport proche ou lointain avec la nourriture. Par exemple, « il est pot » signifie qu'il est l'heure d'aller manger, le « pot » est également le surnom de l'intendant, etc. On parlait autrefois de « goimarder », ce qui consiste pour un archicube à toujours fréquenter le pot (le terme vient du nom de Jacques Goimard).
Les femmes de ménages et plus généralement tous les techniciens de service étaient jadis appelés « sioux ».
L'« ernestisation » consiste à jeter une personne dans le bassin.
Chaque année a lieu un week-end d'intégration des promotions entrantes, appelé communément WEI dans les autres écoles d'ingénieurs. À l'ENS, ce week-end s'appelle le « Méga » en référence à une antique tradition consistant à se prosterner devant un fossile du Megatherium, conservé à la Bibliothèque des lettres. Ce fossile a depuis été cédé au Muséum national d'histoire naturelle. L'association des élèves, officiellement l'AEENS, est le plus souvent nommée COF (pour « Comité d'organisation des fêtes ») ; on ne parlera évidemment jamais de « bureau des élèves ».
Un « tapir » (référence au « petit animal à la chair fade mais nourrissante ») est un élève à qui un normalien donne des cours particuliers. « Tapirat » et « tapirer » en découlent.
Chaque année, sont désignés par les normaliens de confession catholique des « princes » et « princesses tala », du sobriquet que les élèves de l'école publique lançaient aux élèves du privé (les « tala », « ceux qui [von]t à la [messe] ») ; ceux-ci administrent et animent l'aumônerie catholique de l'ENS. Il en est de même pour les normaliens protestants qui désignent leur prince ou princesse « talo » (« qui [von]t à l'o[ffice] »). Depuis mars 1981, l'aumônerie tala est assumée par le père Jean-Robert Armogathe.