L'Éducation en Éthiopie a été dominée par l'église éthiopienne orthodoxe pendant de nombreux siècles jusqu'à ce que l'éducation laïque soit adoptée au début des années 1900. Les élites, composées essentiellement des Chrétiens et de la population Amhara, avaient le plus de privilèges jusqu'en 1974, date à partir de laquelle le gouvernement a cherché à atteindre les zones rurales. Le système éducatif actuel suit une évolution très semblable à celle du système mis en place dans les secteurs ruraux durant les années 1980 marqué par une forte régionalisation qui se caractérisait notamment par le fait que les cours se faisaient dans la langue régionale.
En Éthiopie, la scolarité d'un élève se compose en principe de six ans d'école primaire, quatre ans d'école secondaire et deux ans de haute école secondaire.
Bien qu'il existe des inscriptions prouvant que l'instruction a précédé l'adoption du christianisme comme religion reconnue en Éthiopie, l'enseignement conventionnel a avant tout été contrôlé par l'Église. L'éducation était en outre un moyen de préserver l'apprentissage de l'amharique. Cependant, l'éducation restait peu accessible et était réservée à une minorité. Ainsi, Samuel Gobat, évêque du diocèse épiscopal de Jérusalem au début du XIXe siècle estimait que dans les régions où l'on parlait amharique, seul un cinquième de la population masculine savait lire et pas plus d'un douzième dans la région Tigré."
L'éducation traditionnelle dispensée par l'Église commençait par l'apprentissage de l'alphabet, et plus précisément des syllabes. Puis les étudiants devaient mémoriser les premiers chapitres du Première épître de Jean en langue guèze. L'apprentissage de l'écriture débutait vraisemblablement au même moment, complété, à une époque plus récente, par de l'arithmétique. Venait ensuite l'étude des Actes des Apôtres ainsi que l'apprentissage de certaine prières. L'étape suivante consistait à étudier les psaumes de David et était considérée comme une étape importante dans l'éducation des enfants, célébrée par les parents à l'occasion d'une fête à laquelle était invité le professeur, le confesseur, la famille et les voisins. Un garçon qui parvenait à ce niveau était en principe capable d'écrire.
Le niveau d'éducation le plus élevé dispensé par l'Église éthiopienne comprenait l'étude de la musique religieuse, la poésie, la théologie, l'histoire, la philosophie mais aussi l'aquaquam, une danse religieuse.
Jusqu'au début des années 1900, l'éducation traditionnelle était confinée à un système d'instruction religieuse organisé et dispensé par l'église éthiopienne orthodoxe. Les écoles religieuses préparaient les hommes pour intégrer le clergé ou d'autres fonctions religieuses. Dans ce système, les écoles assuraient également l'enseignement religieux des enfants de la noblesse et de quelques rares enfants de fermiers ou fonctionnaires faisant partie de l'élite. Les écoles religieuses étaient peu nombreuses et implantées principalement dans les régions Amhara et Tigré. Peu d'enfants intégraient ce système éducatif de telle sorte qu'au début du XXe siècle l'Éthiopie était en retard par rapport à d'autres pays africains.
Vers la fin du XIXe siècle, l'empereur Ménélik II autorise l'installation d'écoles de missionnaires européens. Au même moment, des écoles islamiques éduquent une petite partie de la population musulmane. Au début du XXe siècle, le système éducatif ne répond plus aux besoins des personnes se destinant aux fonctions dirigeantes, à la diplomatie, au commerce et à l'industrie, ce qui a conduit à la mise en place d'une éducation laïque sous le contrôle du gouvernement. La première école publique ayant adopté une éducation à l'occidentale est l'école impériale Ménélik II, ouverte en 1908. En 1924, l'école n'a toutefois accueillie depuis son ouverture qu'environ 3.000 élèves et, en 1935, l'école ne compte pas plus de 150 élèves. Cette même année, Ménélik II ouvre une école primaire à Harar.
En 1925 le gouvernement adopte un plan pour développer l'éducation laïque mais, dix ans plus tard, seuls 8.000 élèves sont scolarisés dans l'une des vingt écoles publiques. Très peu d'étudiants poursuivent leurs études à l'étranger grâce à des bourses d'études Durant la seconde guerre italo-éthiopienne de 1936 à 1941, les écoles sont fermées. Lorsque les italiens sont chassés du pays, l'Éthiopie commence alors à reconstruire le système éducatif mais doit faire face à un manque d'enseignants, de livres et d'infrastructures. Le gouvernement recrute des enseignants étrangers pour les écoles primaires et secondaires. En 1952, ce sont plus de 60.000 élèves qui étudient dans 400 écoles primaires, 9 écoles secondaires et trois institutions offrant des cours de niveau universitaire. Par la suite, si des réformes ont été engagées sur le contenu pédagogiques des cours, la structure même du système scolaire éthiopien est restée inchangé par rapport à celui mis en place dans les années 1950.
En mai 1961, l'Éthiopie a accueilli la Conférence des états africains sur le développement de l'éducation sous l'égide des Nations-Unies. Parmi d'autre sujets, la conférence met en évidence les déficiences du système éducatif éthiopien qui se classe parmi les plus mauvais d'Afrique, notamment concernant l'enseignement primaire et secondaire. Il y avait une pénurie d'écoles et d'enseignants, un taux élevé d'abandon scolaire et un faible taux de fréquentation, surtout chez les femmes, les non-chrétiens et les enfants des campagnes. Embarrassé par ces résultats, le Ministre de l'éducation a mis en œuvre une nouvelle politique de l'éducation qui est restée effective jusqu'en 1974. Cette politique a donné la priorité à la création d'écoles d'enseignement technique ainsi qu'à l'extension de l'enseignement universitaire. Toutefois, l'amharique est devenue la langue officielle dans les écoles primaires ce qui handicapait les élèves pratiquant une autre langue.
Dans les années 1960, il existait deux établissements d'enseignement supérieur : l'Université Haile Sélassié Ier à Addis-Abeba créée en 1961, et l'Université d'Asmara (dans l'actuelle capitale de l'Érythrée) fondée par un ordre religieux catholique italien. Le gouvernement a développé le système des écoles publiques de telle sorte que, en 1971, le pays comptait 1.300 écoles primaires et secondaires, et 13.000 enseignants. Toutefois, le système souffrait d'un manque de personnel qualifié et de fonds, ainsi que d'infrastructures surpeuplées. Souvent financé par des aides étrangères, la construction d'école avançait généralement plus vite que la formation et la certification des professeurs. En outre, la plupart des écoles étaient dans les grandes villes alors que les écoles des villes plus petites étaient surpeuplées, en sous-effectif et dispensaient un enseignement de moindre qualité.
Les insuffisances de l'enseignement public avant le milieu des années 1970 s'explique en partie par le système de financement des écoles qui reposait sur une taxe gouvernementale spéciale sur les terres agricoles, redistribuée sous le contrôle de conseillers locaux. Les inégalités du système ont favorisé le développement de l'enseignement primaire dans des régions les plus riches plutôt que dans les plus pauvres. En outre, les citadins, qui n'avaient pas à payer la taxe envoyaient leurs enfants dans les écoles à la charge des propriétaires fonciers ruraux et des paysans pauvres qui, eux, réglaient cet impôt. Le gouvernement a tenté de rectifier ce déséquilibre en 1970 en créant un nouvel impôt pour les citadins propriétaires terriens et une taxe de 2% sur les revenus des résidents urbains. Cependant, les fonds récoltés ne furent jamais employés pour l'éducation mais vinrent alimenter le budget général du pays.
Entre 1968 et 1974, les dépenses liées à l'éducation représentaient 1,4 à 3% du produit national brut (PNB) contre 2,5 à 6% pour les autres pays d'Afrique durant la même période. Sous la pression grandissante du mécontentement populaire et la montée de l'activisme étudiant dans les universités et les écoles secondaires, le gouvernement engage une réforme du système éducatif. Toutefois, en 1974, malgré les efforts engagés pour améliorer la situation, moins de 10% de la population est alphabétisée. Une campagne d'alphabétisation débute en 1975 dont les résultats sont restés illusoires.