Émile Jaques-Dalcroze est un compositeur, pédagogue et chansonnier suisse né le 6 juillet 1865 à Vienne et mort le 1er juillet 1950 à Genève. Créateur de la méthode de Rythmique qui porte son nom.
Établi à Genève depuis 1875, Jaques-Dalcroze y accomplit sa scolarité et ses premières études musicales. Il se perfectionne ensuite à Paris avec Talbot pour l'art dramatique et Lavignac pour la musique, puis à Vienne avec Anton Bruckner, puis à nouveau à Paris avec Leo Delibes, Mathis Lussy et Gabriel Fauré. Déjà durant ses années d'études, il avait révélé des dons certains de créateur, produisant de nombreuses compositions.
Entre 1892 et 1910, il enseigne au Conservatoire de Genève. La pédagogie prend alors peu à peu une place prépondérante dans ses préoccupations. Constatant les lacunes de ses élèves dans le domaine du rythme, il imagine un mode d'enseignement par la musique et pour la musique, prenant en compte la perception physique de la musique : la rythmique, fondée sur la musicalité du mouvement. Il questionne les rapports entre musique et mouvement, notamment à travers les interactions « temps – espace – énergie ». Sa démarche est au cœur de nombreuses démarches artistiques (musique, danse, théâtre…) mais aussi thérapeutiques (psychomotricité, handicap). Grâce à Mary Wigman, élève de Jaques-Dalcroze et initiatrice de la « danse libre », et Marie Rambert, la Danse contemporaine a noué très tôt des liens étroits avec la rythmique.
Contemporain de Rudolf Laban, Jaques-Dalcroze a influencé également les chorégraphes allemands des années 1920 et 1930. En 1899, il épouse la cantatrice italienne Maria-Anna Starace, de son nom d’artiste Nina Faliero. Leur fils Gabriel naît en 1909.
Dès 1910, Jaques-Dalcroze développe ses recherches pédagogiques et artistiques dans la cité-jardin de Hellerau, près de Dresde, où deux mécènes lui ont édifié un institut.
En 1912 et 1913, des spectacles basés sur la scénographie révolutionnaire d'Adolphe Appia y drainent toute l'intelligentsia européenne : ballets russes de Serge de Diaghilev (qui s'adjoignit - en la personne de Marie Rambert - un professeur de rythmique à l'influence décisive entre autres sur le fameux Sacre du printemps par Vaslav Nijinski), George Bernard Shaw, Arthur Honegger, Paul Claudel, Stanislavski ou Ernest Ansermet, pour ne citer qu'eux.
Promesses brusquement interrompues par la Première Guerre mondiale alors que Jaques-Dalcroze, convaincu que « le militarisme est l'ennemi de la civilisation », a signé une protestation des artistes de Suisse romande contre le bombardement de la cathédrale de Reims par l'Allemagne.
Suite à ces événements, l'Institut Jaques-Dalcroze ouvrait ses portes en 1915 à Genève, grâce à une souscription lancée par un comité d'initiative soucieux d’y retenir le créateur de la rythmique. Promu citoyen d’honneur, Jaques-Dalcroze y poursuivit son œuvre jusqu’à sa mort le 1er juillet 1950. Ses cendres sont inhumées au cimetière de Plainpalais.
Parallèlement à son activité de pédagogue, il est l’auteur d'innombrables chansons qui s'intégrèrent peu à peu au patrimoine populaire romand. Sa carrière de compositeur, que l’on redécouvre aujourd’hui, devait l'amener à produire un nombre d'ouvrages considérable pour le concert ou pour le théâtre lyrique : ouvrages symphoniques, musique de chambre, pièces pour piano et quatre opéras qui le firent considérer par certains critiques comme le créateur de la comédie lyrique moderne.
Toujours situé au 44 rue de la Terrassière, non loin du boulevard qui porte le nom de son fondateur, l’Institut Jaques-Dalcroze - où se trouve un important centre de documentation - totalise aujourd'hui près de 2600 élèves - des cours préparatoires (dès 4 ans) aux études professionnelles (HEM, filière 1, Musique et mouvement Jaques-Dalcroze) qui réunissent des étudiants venus de Suisse et de divers points du globe. Illustration d'une vocation internationale inhérente à la rythmique depuis ses débuts : enseignée en Suisse bien entendu (également, à Genève, par le biais de l'Instruction Publique), on la retrouve dans la plupart des pays d'Europe, dont un centre en Belgique, aux États-Unis, au Japon, en Amérique du Sud et en Australie, apportant sa contribution au rayonnement culturel de Genève et de la Suisse. Enrichissants pour les uns comme pour les autres, de tels échanges internationaux se révèlent également précieux à l'heure où le réseau des Hautes écoles européennes se met en place. À travers cours, ateliers et démonstrations dispensés par les pédagogues de la Fédération internationale des enseignants de rythmique (Fier), la méthode Jaques-Dalcroze est présente dans de multiples académies de musique et de danse, ainsi que dans des conservatoires ou des universités. Depuis 2007, l'Institut Jaques-Dalcroze est dirigé par Silvia del Bianco.
En 1975, l'état belge reconnaît et agrée un Institut de Rythmique Jaques-Dalcroze en Belgique grâce aux efforts d'une disciple d'Emile Jaques-Dalcroze, Sergine Eckstein et à l'Inspecteur de l'enseignement artistique Max Vandermaesbrugge . L'Institut se trouve au 53 rue Wafelaerts à Bruxelles, dans l'ancienne clinique orthopédique du Docteur Van Neck d'Antoine Pompe (bâtisse classée par les Monuments et Sites). L'Institut de Belgique développe ses recherches au départ de la méthode Dalcroze autour d'une pédagogie créative et interactive, allant jusqu'à allier musique, danse, art de la scène et arts du cirque. En 2005, l'Institut de Rythmique Jaques-Dalcroze reçoit le Prix Claves Laetitiae pour ses trente années de présence et de recherches en éducation musicale en Belgique. Depuis 1997, l'Institut de Rythmique Jaques-Dalcroze de Belgique est dirigé par Pierre Kolp.