Evry Léon Schatzman, né le 16 septembre 1920 à Neuilly-sur-Seine, mort le 25 avril 2010 à Paris, est un astrophysicien français spécialisé dans le domaine de la structure des étoiles. Il est aussi crédité d'avoir été à l'origine, après-guerre, de l'enseignement de l'astrophysique théorique en France.
Evry Schatzman naît en 1920. Son père, Benjamin Schatzman, est un dentiste né à Tulcea en Roumanie et ayant émigré en bas âge avec sa famille en Palestine durant la première Aliyah avant de venir s'installer en France à l'âge adulte. Sa mère, Cécile Kahn est la fille d'un ancien secrétaire du consistoire israélite de Paris.
Il intègre l'École normale supérieure en 1939. Son jeune âge au moment du déclenchement de la seconde guerre mondiale lui épargne d'être mobilisé, mais ces années de guerre perturbent grandement la suite de son cursus, et l'obligent en entrer dans une semi-clandestinité du fait de ses origines juives. En raison des lois anti-juives du régime de Vichy il est notamment obligé pour terminer ses études de se rendre à Lyon où il rencontre sa femme Ruth Fisher. D'autre part son père est victime d'une rafle en décembre 1941. D'abord interné en France, il décède, probablement lors de son transfert vers les camps d'extermination.
Muni de faux papiers — son pseudonyme est alors Antoine Emile Louis Sellier — Evry Schatzman se réfugie avec sa femme à l'Observatoire de Haute-Provence en 1943, année où il se marie. Il trouve son premier sujet de recherche, les naines blanches, dans la maigre bibliothèque de l'observatoire (et notamment un ouvrage de Walter Baade).
Après un retour à Paris fin 1944, il passe l'agrégation de physique et se voit offrir un poste au CNRS en 1945, juste avant de soutenir sa thèse en mars 1946 devant un jury présidé par le Prix Nobel de physique Louis de Broglie.
Il est par la suite affecté à l'Institut d'astrophysique de Paris. Il y publie son premier article notable, où il émet l'hypothèse (aujourd'hui abandonnée) que les supernovae sont dues à des arrangements de la structure interne des naines blanches et non à l'effondrement gravitationnel d'une naine blanche en étoile à neutrons comme l'avait proposé Fritz Zwicky avant guerre. Il publie également la même année un long article sur la structure interne des naines blanches.
En 1947, il est invité par Bengt Strömgren à séjourner à l'université de Copenhague, et se met à étudier sur les conseils de son hôte l'atmosphère des naines blanches. Il est ensuite invité à l'Université de Princeton où il s'intéresse aux atmosphères stellaires, et propose en 1949 un mécanisme de chauffage de la couronne solaire via des ondes de choc.
Titulaire de la première chaire d'astrophysique française, créée à la Sorbonne, il enseigna aussi régulièrement à l'Université libre de Bruxelles, et exerça son métier de chercheur successivement à l'Institut d'astrophysique de Paris, à l'Observatoire de Paris-Meudon (à partir 1969) où il crée le Laboratoire d'astrophysique de Meudon, et en fin de carrière à l'Observatoire de Nice avant de retourner à Meudon, en tant que chercheur émérite.
Vers la fin de sa carrière, il participe à l'expérience GALLEX de mesure du flux de neutrinos solaires, dont l'amplitude fut confirmée comme étant significativement plus faible que prévu, l'explication de ce phénomène étant en réalité due aux oscillations de neutrinos, mises en évidence peu après par le détecteur Super-Kamiokande.
Diminué depuis 2002 par une maladie qui le prive d'une grande partie de sa capacité à communiquer, il meurt à Paris le 25 avril 2010.