Funiculaire de Bregille - Définition

Source: Wikipédia sous licence CC-BY-SA 3.0.
La liste des auteurs de cet article est disponible ici.

Les projets

Le premier projet

Publicité sur le chemin de fer électrique de la Mouillère-Besançon au plateau de Bregille, datant de 1902.

Le 26 mai 1899, Émile Picard écrit de nouveau au maire de Besançon afin de le solliciter à une concession pour l'établissement d'un funiculaire, le long du sentier de l'aiguille. Picard est particulièrement habile et tenace dans ses lettres envoyées à la municipalité, notamment par ce que celles-ci sont assorties de dizaines de signatures dont la plupart de propriétaires bregillots, donnant ainsi à son projet une crédibilité incontestable. Une lettre, datée du 27 juin 1899, confirme l'existence d'un projet de funiculaire évoqué le 26 mai 1899 :

« Besançon, le 27 juin 1899 — Monsieur le Maire de Besançon,
J'ai l'honneur de vous confirmer ma lettre du 26 mai vous demandant la concession pour l'établissement d'un funiculaire. Je viens à nouveau solliciter de la Municipalité l'approbation de la même demande. À l'appui, vous trouverez un plan sommaire qui vous indiquera le point de départ et celui d'arrivée. Mon projet consiste à partir du bas du chemin de l'aiguille pour arriver au sommet. Je n'ai pas à faire ressortir les avantages de ce funiculaire qui sera construit dans les derniers perfectionnements. En ce qui concerne la question des démarches ressortant de votre compétence pour obtenir l'adhésion du Département et de l'État, je crois qu'étant donné l'emplacement qu'occupera cette ligne, qui ne traversera que des terrains particuliers se trouvant à Besançon, la Municipalité a seule le pouvoir pour accorder cette concession. Afin d'en faciliter la résiliation, j'abandonnerai l'exploitation de cette ligne au profit de la ville après 30 années, comme condition à cet abandon, je demande à la municipalité une subvention de 40 500 francs, payable par annuités et par fractions de 13 500 francs. En ce qui concerne la gestion du tarif des transports, j'aurai l'avantage de le fixer ultérieurement, les dépenses n'ayant pas encore été complètement établies pour la construction. Dans l'espoir que vous voudrez accueillir favorablement ma demande, veuillez agréer, Monsieur le Maire, l'assurance de ma parfaire considération.
Émile Picard. »

Ce vœu lui sera exaucé le 25 novembre 1901 lorsque la concession qu'il avait demandé lui est accordée, pour une durée de 75 ans, avec une subvention annuelle de 1900 francs. C'est alors qu'Émile Picard fonde la Compagnie des Tramways Électriques au plateau de Beauregard et commence à réellement mettre au point son projet. Par la suite, Picard demande 6000 francs de subvention au Département du Doubs en invoquant un projet d'utilité publique. Cependant, le conseil général du Doubs va refuser de subventionner le funiculaire dans sa séance du 20 août 1902 : « La demande, telle qu'elle se présente, n'a pas un intérêt général suffisant pour motiver le concours financier du Département. La question se présente d'une façon anormale puisqu'il s'agit de la demande d'un industriel en faveur de l'affaire qu'il exploitera ; ce n'est donc pas une œuvre d'utilité publique. De plus, l'entrepreneur nous indique lui-même qu'il compte tirer de l'opération un intérêt de 3,8%. Sur la demande de M. de Moustier, le conseil général ajourne sa décision et prie l'Administration de lui fournier une étude plus complète. » Malgré l'échec de financement par le Département, Picard tente de compenser ce refus en augmentant ses exigences financières auprès de la Compagnie des Bains de la Mouillère qui s'était engagée à s'investir dans le projet. Mais la compagnie refusera de donner plus d'argent pour ce projet, évoquant quelques difficultés financières.

Le second projet

Après ces échecs et tenant compte des nouvelles innovations technologiques, Picard propose un nouveau projet très différent du premier : en juin 1905, il parle d'un tramway électrique d'une longueur de 762 mètres, ayant pour point d'arrivée l'école des Hauts de Bregille. Mais cette fois ci Picard met toutes les chances de son côté, et propose plus qu'un simple projet sur papier, en adjoignant des plans, des études... ce qui permet d'avoir un projet concret et abouti. Cette ligne de tramway électrique suscite de nouveau l'intérêt de la municipalité ce qui permet de renouveler sa demande auprès du conseil général du Doubs. C'est ainsi qu'un décret d'utilité publique est officiellement signé en août 1908 et une nouvelle convention est signée avec la ville de Besançon pour renouveler la subvention accordée six ans auparavant.

En 1909, un cahier des charges est établi, ce qui permet de voir que la construction de tramways va poser de grandes difficultés techniques. En effet, les moteurs des tramways n'avaient qu'une puissance de 30 chevaux, ne permettant pas de gravir la montée du sentier de l'aiguille d'une inclinaison de 22%. Le cahier des charges en fait référence : « Il eût fallu disposer d'une force considérable, force que la Compagnie du Gaz et de l'Électricité était impuissante à fournir au concessionnaire avec un courant de 440 volts sous une intensité de 200 ampères. Et eût-elle pu la fournir, que l'exploitation devenait coûteuse. » Il est donc décidé d'incorporer une crémaillère sur la côte la plus abrupte du sentier de l'aiguille mesurant environ 390 mètres. Quant au restant du tronçon il sera sur une voie de tramway classique à simple adhérence.

Le projet définitif

Jeton de 25 centimes du funiculaire.

Le projet définitif comprendra deux tronçons : un système de funiculaire sur les pentes abruptes du sentier de l'aiguille actionné par un moteur électrique, et le reste du tronçon sera une simple ligne de tramway. Le trajet s'effectuera donc en deux temps, avec un changement au niveau du sentier de l'aiguille. En face de la gare dite supérieure une station sera édifiée pour le départ du tramway. Cette ligne de tramway prévue sera construite lorsque le secteur de Bregille gagnera en habitants, mais ne sera finalement jamais bâtie bien que le garage actuel était la fondation de cette station. Le premier tronçon était estimé à un coût de 230 000 francs or, avec un effectif de 150 000 voyageurs annuellement. Le capitale de la compagnie était à l'époque de 230 000 francs divisés en 460 actions de 500 francs. Parmi les plus grands actionnaires on retrouve Charles Krug (maire de Besançon de 1919 à 1925), le docteur Heintz et bien sur, Émile Picard détenant à lui seul 25 000 francs de capital (50 actions) soit plus de 10% du total capital.

Les premiers travaux de terrassement eurent lieu en juin/ juillet 1911 parallèlement à une enquête d'utilité publique auprès des bisontins. La construction du funiculaire est confiée aux établissement Louis de Roll basés à Berne. Les voitures mesureront 8,50 mètres et seront munies de deux compartiments voyageurs comprenant 16 places assises, un compartiment bagage pouvant accueillir huit à dix personnes ainsi que de deux plates-formes destinées aux wattmans. Le 24 novembre 1912 les premiers voyages publics sont organisés, et en février 1913 Picard signe une nouvelle convention avec la municipalité lui accordant un décret d'utilité publique le 6 mars 1912. Pourtant, le projet aboutit un peu tard : l'activité thermale est en déclin et la Première Guerre mondiale approche. Cependant de nombreux utilisateurs empruntent le funiculaire, parmi eux des artisans, des agriculteurs, des ouvriers, des militaires postés au fort de Bregille... En 1912, les tarifs définitifs sont fixés : 0,15 francs pour un aller simple, 0,29 francs pour un aller-retour et 5,50 francs pour un carnet de 50 tickets.

Page générée en 0.134 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise