L’Hôpital de la Charité est situé en plein cœur du quartier historique de l’Arenal, à quelques pas seulement des berges du Guadalquivir. Il est tout proche d’un monument historique emblématique de l’histoire de la ville et pourtant méconnu, les Atarazanas reales, les arsenaux royaux, érigés sous Alphonse X. Ce complexe gothique du XIIIe siècle subsiste en partie, le reste ayant été absorbé par les constructions avoisinantes, dont l’hôpital. Ce dernier est entouré de monuments aussi célèbres que les Arènes de la Maestranza, le Théâtre de la Maestranza, la Tour de l'Or, et, un peu plus loin, la Cathédrale et la Giralda.
L’hôpital s’organise autour d'un patio rectangulaire. Ce patio est orné sur trois de ses côtés de galeries clôturées par des arcades en plein cintre soutenues par des colonnes de marbre. Il est divisé en son par une élégante galerie à portique de la même facture, qui définit deux espaces de surface identique. Au centre de chacun de ces espaces se dressent deux belles fontaines italianisantes. Sur leurs vasques octogonales sont placées des statues, réalisées à Gênes et livrées en 1682. Elles représentent la Foi et la Charité. Les murs des galeries sont revêtus de sept beaux panneaux d'azulejos bleus et blancs. De style hollandais, ils furent probablement exécutés à Delft au XVIIe siècle, pour le couvent des Descalzos de Cadix. Ils furent déplacés à Séville en 1690. Ces azulejos représentent des scènces de l’Ancien et du Nouveau Testament.
On accède depuis le patio aux différentes salles de l’édifice. La salle du chapitre servait de lieu de réunion à la confrérie. Elle est dominée par une toile de Valdés Leal sur laquelle figure Miguel de Mañara. Les trois grandes salles de l’époque du fondateur de l’hôpital sont la salle du Christ, la salle de la Vierge du Rosaire et celle de saint Antoine. Elles furent aménagées au XVIIe siècle en utilisant une partie des nefs des arsenaux d’Alphonse X.
L’église constitue la pièce maîtresse de ce complexe hospitalier. Bâtie selon les plans de Pedro Sánchez Falconete, sa construction sera revue par Leonardo de Figueroa. Miguel de Mañara y a insufflé ses idéaux de foi et de charité. Le fondateur de l’hôpital a souhaité par le biais de l’esthétique et de l’iconographie baroques de Murillo et Valdés Leal transmettre aux frères de la confrérie ses préceptes de bonne conduite pour atteindre le ciel. Le message met en exergue la brièveté de l’existence, et la futilité des gloires, honneurs et richesses terrestres. Le chemin vers le divin passe, selon Miguel de Mañara, par la pratique de la charité, et un comportement miséricordieux. Les œuvres d’art présentes dans l’église témoignent puissamment de cette préoccupation.
La façade est l’élément le plus marqué par l’intervention de Leonardo de Figueroa. Les plans initiaux ont été retouchés : ils prévoyaient de couronner la façade d’un clocher à jour, il n’en sera rien. Elle est finalement surmontée d’une corniche, hérissée d’une balustrade en fer forgé. Aux extrémités ont été érigés des pinacles. L’excès d’horizontalité procuré par une telle configuration est effacé par la présence, au centre de la crête de la façade, d’un petit attique aux lignes dynamiques. Les cloches, qui avaient été fondues dans le but d’être installées dans le clocher à jour, ont été placée dans une petite tour érigée en retrait de la façade, en 1721.
La façade s’organise sur le modèle des retables baroques. Divisée en trois registres horizontaux, elle reprend les formules esthétiques de l’époque, en s’appuyant sur des jeux de volumes symétriques, de courbes et de contre-courbes. Moulures, colonnes, frontons de divers styles, corniches, etc. impriment un certain mouvement à une façade très compartimentée et particulièrement sobre. Des niches abritent des statues à l’effigie de saints, ainsi que plusieurs panneaux d’azulejos, représentant saint Georges terrassant le dragon, saint Jacques matamore, ainsi que les allégories des trois vertus théologales (foi, espérance, charité).