Hôtel de Rohan-Guémené - Définition

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Introduction

L'hôtel de Rohan-Guémené, ou hôtel Arnauld, est un hôtel particulier situé dans le quartier du Marais, dans le 4e arrondissement de Paris (au 6 et 6bis de la place des Vosges, et au 17 rue des Tournelles).

Il porte le nom de ses anciens propriétaires aux XVIIe et XVIIIe siècles, l’une des branches de l’illustre famille de Rohan, descendant des anciens rois et ducs de Bretagne.

Histoire

Isaac Arnauld, Conseiller du roi et Intendant des finances, acheta en juin 1605 un emplacement dans le « lotissement » du parc des Tournelles, pour y faire construire cet hôtel particulier.

Il le vendit en 1612 au maréchal de Lavardin (ce dernier se trouvait aux côtés d’Henri IV, lorsque le roi fut assassiné dans son carrosse). Le marquis de Lavardin céda son hôtel particulier en 1621 à Pierre Jacquet de Tigery.

Puis le prince Louis de Rohan, Pair et grand Veneur de France, en devint propriétaire en 1637.

Henri Louis Marie de Rohan, prince de Rohan-Guéméné (1745-1807), fils de Jules Hercule Meriadec de Rohan, prince de Guéméné et de Marie-Louise de La Tour d'Auvergne, grand Chambellan, fut le dernier Rohan propriétaire de cet hôtel. Il y séjournera avec son épouse, dite Madame de Guéménée, gouvernante des Enfants du Roy de France, jusqu'en 1782, date de leur faillite (avec un passif de 33 millions de livres).

À l'issue de cette procédure de banqueroute, l’hôtel fut vendu en 1797 à la famille Péan de Saint-Gilles.

En 1873 ses descendants cédèrent à la Ville de Paris la partie centrale de l'hôtel et à des propriétaires privés l’aile des Tournelles. Une école fut installée dans une aile de la partie centrale, au no 6bis de la place des Vosges.

Occupants célèbres

La famille de Rohan-Guémené fut un des occupants illustres de cet hôtel auquel elle a donné son nom. La devise familiale est évocatrice : « roy ne puys, duc ne daigne, rohan suys ». Les principales branches de cette maison princière sont : rohan-chabot, rohan-guémené, rohan-montbazon, rohan-soubise, rohan-gié.

Parmi ces résidents, on peut citer le prince Louis de Rohan qui ourdit une conspiration contre Louis XIV. Il avait prévu avec Gilles du Hamel d’enlever le dauphin et si possible le roi, de soulever la Normandie, de livrer aux Espagnols le port de Quillebeuf, de convoquer les États généraux et de reformer l’État. Découvert, il fut condamné à mort et décapité, à quelques lieues de son hôtel, sur la place de la Bastille le 27 novembre 1674.

Autre résident, Jules Meriadec de Rohan-Guéméné (1726-1802), colonel du régiment de Rohan-Guémené, Lieutenant Général, il accompagna le Maréchal de Saxe dans nombre de ses campagnes. Il émigra à la Révolution.

Madame de Sévigné séjourna dans l’aile orientale de l'hôtel, 17 rue des Tournelles. Elle fréquentait alors le salon de Ninon de Lenclos, au 36 de la rue des Tournelles.

La célèbre courtisane Marion Delorme y aurait aussi vécu (dans l’aile de la place des Vosges), de 1639 à 1648. En 1831 fut créée au Théâtre de la Porte-Saint-Martin à Paris la pièce de Victor Hugo, Marion Delorme

Ce même Victor Hugo habita au même endroit que Marion Delorme. Il fut locataire du 2e étage du corps central de l’hôtel, de 1832 à 1848. 280 m2 loués 1 500 francs-or à la famille Bellanger. Il y écrivit notamment Ruy Blas, Lucrèce Borgia, les Burgraves, Les Chants du crépuscule. Une de ses maitresses résidait dans l'aile des Tournelles.

En 1902, Paul Meurice fit don à la ville de Paris de dessins de livres, de manuscrits, de meubles et d'objets pour constituer le musée Victor-Hugo et l'installer en l’hôtel de Rohan-Guémené, place des Vosges. Il fut inauguré le 30 juin 1903.

Dans les communs de l'hôtel, aile des Tournelles, furent fabriqués les cercueils de bois du monument funéraire de Napoléon Ier aux Invalides.

Lucienne Heuvelmans, sculpteur, installa son atelier dans l’aile du 17 rue des Tournelles, au rez de chaussée et entresol sud. Elle a été en 1911 la première femme lauréate du Grand prix de Rome et la première femme pensionnaire de la Villa Médicis à Rome. Elle fut l’une des toutes premières femmes décorée de la Légion d'honneur au titre des Arts.

L'aile des Tournelles servit de décor au film Le Magnifique avec Jean-Paul Belmondo et Jacqueline Bisset.

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