Le penseur social
La pensée sociale et politique de Vivès est surtout développée dans son traité De subventione pauperum. Il y interdit la mendicité, chasse les pauvres étrangers hors de la ville, contraint les citoyens à travailler, recommande l’apprentissage pour ceux qui n’ont pas de commerce. Il se prononce aussi en faveur de l’internement des aliénés, et de l’éducation obligatoire à partir de six ans pour les enfants trouvés.
Pour financer cette politique, outre la vente des produits du travail des pauvres, et la taxation des revenus des hôpitaux et des riches communautés ecclésiastiques, il n'exclut pas les libéralités.
La ville d'Ypres mit ces idées en pratique en 1525, malgré les protestations des franciscains, qui furent repoussées par le Parlement de Paris et par Charles Quint.
Bibliographie
Œuvres de Vivès
Grand pacifiste, Juan Luis Vivès écrivit à de nombreuses reprises aux autorités européennes (papes et rois), pour les engager à la paix et au dialogue et rédigea des traités sur la paix entre les peuples d'Europe. Catholique converti, il écrivit également sur la foi chrétienne. Les œuvres de Vives sont (pour l'époque) de gros succès de librairie, à l'égal des Adages et des Colloques d'Érasme, son modèle.
- In pseudo dialecticos (1519) est un pamphlet contre le verbiage des écolâtres parisiens, dont Vivès gardait un vif souvenir.
- De institutione feminæ Christianæ (1523), connut quarante éditions et de nombreuses traductions en langues vulgaires. Subordonnant, à l'image de ses contemporains, la femme à l’homme, dont la nature était considérée comme inférieure, Vives exigeait néanmoins que les femmes ne soient pas abandonnées à l’ignorance. Il voyait dans le mariage un acte essentiellement civique et juridique, fondé sur des concessions réciproques et librement consenties.
- Juan Luís Vives, « De ratione studii puerilis », 1539, Balthasar Lasius, Bâle. Consulté le 17 mai 2007, sur le site des Bibliothèques Virtuelles Humanistes
- De subventione pauperum (1526) était une réponse aux magistrats de Bruges, ville où la misère et le chômage s'étalaient dans les rues. Vivès estime que la charité encourage les pauvres à ne pas chercher de travail. Il propose de limiter l'aide publique financière aux malades et aux handicapés, mais de mettre au travail les inactifs en bonne santé, ou de les expulser de la cité.
- Introductio ad sapientiam (1524) connut cinquante éditions. En philosophie, Vivès s’en prit violemment à l’œuvre d’Aristote et tenta de réconcilier la pensée classique avec l’influence chrétienne.
- Ad animi exercitationem in Deum commentatiumculæ connut dix-huit éditions.
- Le De disciplinis (1531), ouvrage en 20 livres, est considéré par Vivès lui-même comme son chef-d’œuvre. Il est composé de trois parties : De causis corruptarum artium (« Sur les causes de la corruption des arts ») ; De tradendis disciplinis (« Sur la transmission des savoirs ») ; De artibus (« Sur les arts »). Dans la première partie, Vivès examine les vices des principales disciplines enseignées dans les écoles et universités (grammaire, dialectique, rhétorique, philosophie naturelle, morale et droit civil), et attaque avec virulence les méthodes et mœurs scolastiques, ainsi que la dévotion de ses contemporains pour Aristote (extraits traduits). Dans la deuxième partie, il propose une réforme de l’éducation dans laquelle le savoir du maître, au lieu d'être tourné vers lui-même, serait dirigé vers l’édification chrétienne de l’élève : cette partie est notamment connue pour ses jugements sur la bibliographie de l’époque, et pour avoir mis en lumière l’importance de l'histoire, « qui l’emporte, dit Vivès, sur toutes les disciplines. » Dans la troisième partie, l’auteur expose les règles de la philosophie première, c’est-à-dire de la métaphysique et de la dialectique, en les simplifiant autant que possible d’après les exigences de la clarté humaniste.
- Juan Luís Vives, « Exercitatio linguæ latinæ sive Colloquia », 1538, Christophe Plantin. Consulté le 17 mai 2007, sur le site de la Bibliotheca Latina : un cours de latin qui est son principal ouvrage didactique et fut réédité dix-huit fois.
- De anima et vita (1538) rassemble les recherches de l'auteur sur la psychologie.
- L'Apologie inachevée de Vivès fut éditée à titre posthume sous le titre De veritate fidei christianae par Cranevelt (1543).
Études sur Vivès
- Jean-Claude Margolin et al., Anthologie des humanistes européens de la Renaissance, Gallimard, coll. « "Folio classique" », 2007, 910 p.
- Jean-Christophe Saladin, La bataille du grec à la Renaissance, Les Belles Lettres, coll. « Histoire », 2004, 550 p. , p. 387-89 et 408-10
- Jean Château (dir.), Les grands pédagogues, PUF, 1956, p. 23-44 (par V. Garcia Hoz).
- Jean Houssaye (dir)), Les premiers pédagogues. De l'Antiquité à la Renaissance, Issy-les-Moulineaux, ISF, 2002, p. 250-272 (par Buenaventura Delgado Criado).