Lina Bo Bardi, née Achillina Bo le 5 décembre 1914 à Rome, et morte le 20 mars 1992 à São Paulo, est considérée comme une architecte brésilienne majeure du Mouvement Moderne.
En associant au rationalisme du Mouvement Moderne la plasticité de l’art vernaculaire sud-américain, elle privilégia une architecture de la spontanéité, empreinte d’un profond sentiment social. Une architecture conçue comme un organisme adapté à la vie, qui associe l’usage quotidien et l’énergie de ses habitants.
Elle utilisa le terme de substances au lieu de matériaux pour exprimer la composition de son architecture. Ces substances sont l’air, la lumière, la nature et l’art.
Après des études à la Faculté d’Architecture de l’Université de Rome, elle commença sa carrière au sein de l’agence de Gio Ponti à Milan, éditeur de la revue Domus. Elle fut rédactrice de la revue jusqu’à ce que celle-ci ne soit interdite en 1944 pour des motifs politiques. Sympathisante du Parti Communiste Italien, comme beaucoup d’intellectuels de l’époque, elle recensa après-guerre les destructions en Italie et s’impliqua dans le Congrès National pour la Reconstruction. Elle participa également à la fondation, aux côtés de Bruno Zevi, de l’hebdomadaire A Cultura della Vita.
Après leur mariage en 1946, Lina Bo et Pietro Maria Bardi s’embarquèrent pour le Brésil, un pays neuf qui les attira par ses perspectives de prospérité et la vitalité de sa scène architecturale. Cette situation était à l’opposé d’une Europe exsangue qui cherchait à se reconstruire après le second conflit mondial.
Ils embarquèrent à Gênes sur l’Almirante Jaceguay, emportant avec eux, dans la cale spécialement louée, la collection et le stock d’œuvres d’art de Pietro Bardi ainsi que sa vaste bibliothèque.
C'est lors de l’exposition de ces pièces, « Exposition de peinture moderne Italienne » que le couple rencontra Oscar Niemeyer, Lucio Costa et Assis Chateaubriand, riche propriétaire d’un groupe de presse qui rêvait de construire un musée.
De 1947 à 1996, Bardi a été le conservateur du MASP à Sao Paulo (Musée d'Art de São Paulo) conçu et dessiné par Lina Bo Bardi et qui est devenu le plus novateur et le plus important musée d’art moderne d’Amérique latine.
Lina prit la nationalité brésilienne en 1951. La même année, elle termina la Maison de verre - sa propre habitation- dans les nouveaux quartiers du parc de Morumbi. Elle devint célèbre par l’ampleur et la fluidité des espaces créés.
Conçues toutes deux au début de sa carrière brésilienne, à quelques années d’intervalle, ces deux maisons, aussi dissemblables en apparence que possible, fournissent une clef de lecture à toute la démarche de Lina Bo Bardi.
Tandis que la Glass House expérimente la fusion de l’air, de la lumière et des œuvres d’art, dans une esthétique minimaliste et moderniste, la Chame Chame house met l’accent sur la nature et les matériaux, revendiquant son enracinement dans le paysage et dans la culture locale.
Toutes deux sont organisées autour d’une association signifiante: l’arbre et l’escalier. S’ils sont à la base de l’articulation spatiale de la Glass House, ils sont magnifiés dans la Chame Chame house. Toute cette maison est définie par ce voyage le long d’un escalier courbe, disproportionné pour une maison (1,2 m de large avec des marches de 46 cm de profondeur). La finition de l’escalier prévoyait des parois de céramique vernissée décorées de motifs de poissons noir et blanc. Ils seront finalement remplacés par des motifs de roses en casson de céramique.
Construite autour d’un magnifique arbre à pain (arbre des sanctuaires dans la tradition locale), ses murs, simplement blanchis à la chaux à l’intérieur, étaient recouverts de matériaux à l’extérieur : Incrustation de fragments de poterie, bras, pieds, têtes de poupées, jouets, tasses, fonds de bouteilles, coquillages et même les cheveux et les yeux des poupées.
La finition de la façade s’apparente aux pratiques de peintures et de tatouages des indiens Cadueros, qui vivent à la frontière du Paraguay et du Brésil. Cette façade qui défend l’édifice et le fond dans la nature renvoie aussi à l’image du fort qui occupe le centre de la baie de Salvador. Ses murailles découvertes à marée basse révèlent une peau incrustée de coquillages sur une plage jonchée de fragments d’objets flottés, rejetés par les bateaux.
Je n’ai aucun intérêt pour l’aspect fonctionnel des escaliers mais je suis fascinée par la portée de ces volées de marches: escaliers de trônes, de lieux sacrés, de cités. Les escaliers ont une valeur symbolique, ils relient les hommes.
L’escalier de Chame Chame house est une intrusion de l’extérieur dans l’intérieur. Il est le seul élément interne à recevoir un traitement décoratif que l’on retrouve sur la façade.
Dans ses escaliers, toujours renouvelés, Lina Bo bardi ose parfois des premières marches différentes, pour rendre l’escalier plus invitant.