Mouvement moderne - Définition

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Introduction

Le Mouvement moderne, l’Architecture moderne, parfois également dit Modernisme, est un courant de l’architecture apparu dans la première moitié du XXe siècle avec le mouvement du Bauhaus, caractérisé par un retour au décor minimal et aux lignes géométriques pures, une tendance à la subordination de la forme au prédicat fonctionnel et une exergue de la rationnalité, grâce notamment au déploiement de techniques et de matériaux nouveaux. Parmi ses protagonistes majeurs sont les architectes Walter Gropius, Adolf Loos, Auguste Perret, Ludwig Mies van der Rohe, Oscar Niemeyer et Le Corbusier. Ce mouvement influença durablement la pensée architecturale et l’ensemble du siècle. Les critères censés le définir comme style restent en partie sujets à débat, chez ses détracteurs comme chez ses laudateurs.

Les origines

Certains historiens voient l’évolution de l’Architecture moderne comme un fait social, lié au projet de modernité et donc proche des Lumières. Ce serait l’aboutissement des révolutions sociales et politiques.

Villa Melnikov près de la rue Arbat à Moscou par Constantin Melnikov.

D’autres voient le Mouvement moderne comme résultante du développement technique tant il est vrai que les possibilités des nouveaux matériaux comme le fer, l’acier, le béton et le verre ont conduit à l’invention de nouvelles techniques de construction contribuant à la révolution industrielle.

Le Crystal Palace de Joseph Paxton lors de l'Exposition universelle de 1851 fut un exemple précoce de la construction de fer et de verre. Sans doute le meilleur exemple est le développement des gratte-ciel à structure en acier à Chicago construits par William Le Baron Jenney et Louis Sullivan en 1890. Les premières structures à employer le béton comme expression architecturale (et non seulement comme structure utilitaire cachée) sont l’Unity Temple de Frank Lloyd Wright construit en 1906 près de Chicago, et le Goetheanum de Rudolf Steiner construit près de Bâle en 1926.

D’autres historiens voient encore l’Architecture moderne comme une recherche esthétique, en réaction contre l’Éclectisme et ses succédanés plus récents et néanmoins ornementalistes comme l’Art nouveau.

Les œuvres de Louis Sullivan et Frank Lloyd Wright à Chicago, Victor Horta à Bruxelles, Antoni Gaudí à Barcelone, Otto Wagner à Vienne et Charles Rennie Mackintosh à Glasgow, peuvent être analysées comme une lutte commune entre l’ancien et le nouveau.

Chronologie du Mouvement moderne

  • 1919 : création de l'école du Bauhaus
  • 1920 : premier numéro de la revue L'Esprit nouveau
  • 1925 : pavillon de l'Esprit Nouveau à l’exposition des Arts décoratifs de Paris
  • 1927 : lotissement de la rue Mallet-Stevens à Paris 16e ; immeubles et villas modernes.
  • 1929 : création de l’UAM
  • 1929 : pavillon allemand de Barcelone de Ludwig Mies van der Rohe à l’exposition internationale de Barcelone

Le Modernisme comme style dominant

C’est dans les années 1920 que les plus importantes figures de l’Architecture moderne établirent leur réputation. Le trio de tête est généralement reconnu comme étant Le Corbusier en France (qui lui préférait parler de mouvement puriste), Ludwig Mies van der Rohe et Walter Gropius en Allemagne. Mies van der Rohe et Gropius étaient tout deux directeurs du Bauhaus, école d’architecture et d’arts appliqués fortement tournée vers les techniques industrielles.

La carrière de Frank Lloyd Wright leur fut parallèle et les influença énormément, notamment grâce à son Wasmuth portfolio, mais il a toujours refusé d’être considéré comme un des leurs. Il eut une grande influence sur Gropius et Mies, bien qu’il en eut une aussi sur tout le courant de l’Architecture organique.

En 1932 eut lieu une importante exposition au MoMA : l’exposition d’architecture moderne, dirigée par Philip Johnson. Johnson avec son collaborateur Henry-Russell Hitchcock créèrent des continuités, réunirent des tendances distinctes, les identifiant comme ayant un style similaire et des visées communes, et les enfermèrent dans ce qu’ils appelèrent le Style international.

Ce fut un tournant important. Avec la Seconde Guerre mondiale, les figures importantes du Bauhaus fuirent aux États-Unis, à Chicago, à Harvard et au Black Mountain College. Alors que le Mouvement moderne ne fut jamais prédominant dans la construction de villas et de logements, il le devint en ce qui concerna les bâtiments institutionnels et l’architecture commerciale. Son influence fut majeure jusque dans l’enseignement de l’architecture, depuis les années trente jusqu’aux années quatre-vingt.

Marina City (à gauche) et IBM Plaza (à droite) à Chicago.

Les architectes qui ont œuvré dans le Style international voulaient rompre avec la tradition architecturale, et sont venus à des volumétries simples, sans ornementation. Les matériaux privilégiés furent le verre pour les façades, l’acier pour les supports extérieurs et le béton pour les planchers et les supports intérieurs. Les plans étaient fonctionnels et logiques. Le style devint plus évident pour les gratte-ciel. Les monuments les plus célèbres sont peut-être le Siège des Nations unies de Le Corbusier, Oscar Niemeyer et Sir Howard Robertson, le Seagram de Mies van der Rohe, et le Lever House de Skidmore, Owings et Merrill, tous à New York ; et en ce qui concerne les villas, la Lovell House de Richard Neutra à Los Angeles.

Les détracteurs du Style international mirent en avant le manque d’humanité et de chaleur de cette géométrie cubique aride et sans compromission. Peter Blake en fit la critique dans Form follows fiasco, ironisant sur le précepte « form follows fonction ». La formule « machines à habiter » dont Le Corbusier avait usée dès ses premiers écrits fut entendue par beaucoup comme le rabaissement des hommes à des machines. Philip Johnson admit qu’il en avait assez des boîtes (« bored with the box »). Depuis le début des années 1980, nombre d’architectes ont cherché à s’extraire de ces canons esthétiques de plus en plus taxés de rigidité, en réactivant des notions telles que l’historicité, à travers le Mouvement postmoderne. Au milieu du XXe siècle certains expérimentèrent des formes organiques qu’ils estimaient plus proches de la sensibilité humaine et plus accessibles. Alvar Aalto et Eero Saarinen furent deux créateurs parmi les plus prolifiques de ce courant qui influença le modernisme contemporain.

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