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Coordonnées | |
Pays | Inde |
Subdivision | |
Région** | Asie et Pacifique |
Type | Culturel |
Critères | (i) (ii) (iii) (iv) |
Numéro d'identification | 249 |
Année d’inscription | 1984 |
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Mahâballipuram, ou Mamallapuram (également appelé parfois Mahâbalipuram ou Mavalipuram, en tamoul மகாபலிபுரம்), est une petite ville indienne localisée dans le district du Kanchipuram, dans l'État du Tamil Nadu. Elle est située à 60 km au sud de Chennai (Madras) sur la côte de Coromandel et elle abrite un site archéologique de première importance en Inde du sud.
Au VIIe siècle, du temps du règne de la dynastie Pallava, Mahâballipuram était probablement un port important en communication avec le Srivijaya en Indonésie et le Royaume du Champâ sur la péninsule indochinoise. Cependant, si aucune installation portuaire n'a été retrouvée à ce jour, le tsunami, conséquence du tremblement de terre du 26 décembre 2004, a mis au jour des structures qui pourraient être reliées à cette activité.
Mahâballipuram accueille l'un des plus importants festivals de danse indienne à la fin de chaque année.
Le site comporte un grand nombre de monuments hindouistes dédiés à Shiva, à Vishnou, mais aussi à Krishna et aux héros du Mahabaratha. Les trois principaux monuments ou groupes de monuments sont :
La Descente du Gange est un bas-relief datant du VIIe siècle, probablement le plus grand au monde. Les sculptures qui couvrent la totalité de la surface de deux énormes rochers, soit 27 mètres de long sur 9 mètres de haut, dépeignent le cours du Gange depuis l'Himalaya tel que décrit dans le Pañchatantra.
Selon le Ramayana, le roi d'Ayodhya Bhagiratha, de la lignée d'Iksvaku, lui-même ancêtre de Rama, se livra à une très dure ascèse durant mille ans afin d'accomplir les rites funéraires et purifier les cendres de ses soixante mille ancêtres. À force de courage, il obtint de Brahma la descente sur terre de la Ganga. Cependant le flot impétueux du fleuve aurait anéanti toute vie, tant sa force était grande si, à force de nouvelles austérités, le roi n'avait obtenu de Shiva la faveur de recueillir le Gange dans sa Jata (chignon d'ascète) pendant encore cent ans. Au terme de ces années, son cours avait été ralenti et Shiva put le laisser couler librement. Cependant, alors que le Gange dévalait son lit, il aspergea l'autel de l'ascète Jahnu, qui, contrarié, l'avala. Bhagiratha le pria de l'excuser, et l'ascète permit au Gange de sortir par son oreille afin de terminer son oeuvre de purification, d'où le nom que l'on donne parfois à la Ganga de Jahnavi, la fille de Jahnu.
La fissure centrale représentant le cours du Gange est peuplée de créatures aquatiques tels des nâgas et naginis. De part et d'autre de cette représentation du fleuve, se trouve l'image de Shiva. Au-dessus de celle-ci, on trouve les ruines d'un réservoir, ce qui laisse penser qu'autrefois de l'eau s'écoulait pour matérialiser le Gange à l'occasion de rituel et d'offrandes. Hormis les nombreuses représentations divines, le bas-relief dépeint la vie de village en Inde au VIIe siècle, notamment des scènes de la vie quotidienne. Dans la partie supérieure, à droite de la fissure, le donateur et mécène, le roi Pallava Mahendravarman (580–630) est représenté en compagnie de ses trois épouses. Dans le bas, à droite de la fissure, on reconnaît un chat yogi en posture de méditation, des souris insouciantes dansant autour de lui. La scène figure un dicton de la sagesse populaire indienne qui conseille de se méfier des faux sâdhus. De part et d'autre de ce relief sont figurés de grands éléphants dont l'interprétation reste incertaine : ils figurent peut être les piliers du monde, placés dans le monde souterrain : c'est là que les ancêtres de Bhagiratha avaient été réduits en cendres par Brahma. Celui-ci, sous la forme du sage Kapila, avait dérobé le cheval de l'ashvameda pour faire mourir les fils de Sagara, les soixante mille ancêtres de Baghirata. Ces événements avaient pour but de préparer cette descente du Gange.
Le bas-relief est aussi appelé parfois la Pénitence d'Arjuna, du nom du principal héros des frères Pandava dans le Mahabaratha, répondant de fait à l'attribution des cinq Ratha du même site. À gauche du bas-relief, se trouve un petit temple excavé appelé Pancha Pandava Mandapa.
L'attribution de ce relief à un épisode du Ramayana ou du Mahabaratha fait encore débat et est très souvent sujet à polémique dans les milieux universitaires.
Le Temple du Rivage est le seul restant, d'après la tradition, d'un ensemble de sept temples construit à la fin du VIIIe siècle par le roi Pallava Râjasimha Nârasimhavarman II (en) et s'étendant sur dix kilomètres de rivage. Le temple, qui a souffert depuis douze siècles de sa situation sur le rivage, est maintenant protégé de l'érosion éolienne par une haie et de celle des vagues par des blocs de rocher mis en place par le gouvernement d'Indira Gandhi, blocs qui lui ont permis de résister à la vague du tsunami du 26 décembre 2004. Cependant cette vague qui a déplacé de grande quantité de sable sera peut-être à l'origine de futures découvertes concernant le site.
Les cinq Ratha (Pancha Ratha) — Yudhisthira (ou Dharmaraja), Bhima, Arjuna, Draupadi et Nakula-Sahadeva — sont des monuments monolithiques de tailles et de formes différentes excavés d'une petite colline, descendant en pente douce vers le sud, au sud du village.
Le terme ratha est incorrectement utilisé ici car il signifie « chariot » (voir Puri), comme ceux utilisés dans les processions. Les Ratha de Mahâballipuram n'ont pas de roue, contrairement au temple de Sûrya de Konârak qui est en forme de chariot avec des roues, tiré par des chevaux sculptés.
Le Dharmaraja a été dégagé à partir de la partie la plus haute de la colline, puis suivent par ordre décroissant de taille, le Bhima, l'Arjuna et le Draupadi.
Le Sahadeva a été excavé d'une roche un peu plus grande placée à l'ouest de Draupadi. Juste devant le Draupadi, deux autres roches plus petites ont été sculptées en forme d'éléphant (G) et de lion (H), le véhicule de Durga. Derrière le Draupadi et l'Arjuna, qui se tiennent sur une plate-forme commune, se trouve un Nandin (B), un bœuf, véhicule de Shiva.
Ces Ratha représentent les formes de temples en service à l'époque de leur excavation et qui étaient faits de matériaux périssables.
Il y a quatre autres ratha ailleurs dans Mahâballipuram. Un grand nombre de temples, souvent excavés, sont aussi éparpillés sur le territoire du village. Enfin, on trouve également dans le village un énorme rocher vaguement sphérique appelé la boule de beurre de Krishna. Le site de Mahâballipuram est inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco depuis 1985.