Maison à colombages - Définition

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Introduction

Maisons à colombages à Pont-Audemer.
Maison à colombages dans la Petite-France à Strasbourg.

Une maison à colombages ou maison à pans de bois, est une maison constituée de deux éléments principaux :

  • Une ossature de bois, la structure même de la maison, composée de sablières hautes et basses, de poteaux, de décharges et de tournisses.
  • Le hourdage, qui forme les murs et qui a un rôle de remplissage et de raidisseur. Il est fait de briques (crues le plus souvent) ou de matériaux légers comme le torchis ou le plâtre.

Le terme de colombage utilisé couramment pour désigner un ensemble de « pans de bois » vient du mot colombe (n.f.), attesté en 1334 au sens de « jambage de porte », « poutre dans un mur » et poutre dans « solive de charpente », lequel est un doublet du terme "colonne" attesté sous la forme columbe en 1080 ; le /b/ épenthétique est lié à la difficulté de prononciation du groupe /mn/ du latin classique columna, colonne.

Cette technique, connue dans l’antiquité romaine sous le nom d'opus craticium, a été utilisée en France au moins dès le Haut Moyen Âge jusqu’au XIXe siècle. Cependant, dès le XVIIe siècle et durant tout le XIXe siècle, on plâtre les façades des maisons à pans de bois afin de leur donner un aspect plus luxueux et moderne. Mais de nombreuses maisons à colombage subsistent un peu partout en Europe et des plans de restauration sont mis en œuvre afin de conserver ce type d’habitat considéré comme un patrimoine architectural.

Les différentes techniques de construction à colombages

Matériaux utilisés

Exemple de mise en œuvre de torchis, écomusée d'Alsace.

La maison repose généralement sur des éléments de maçonneries qui protègent le bois de l’humidité du sol. Parfois, tout le premier niveau est fait de pierres.

Le remplissage (hourdage) est généralement fait de torchis (argile, de la paille, du sable, et de la chaux), matière isolante et imperméable. La brique a aussi été utilisée, recouverte d’une couche de plâtre pour lisser le tout.

Pour les techniques de remplissage au torchis, il existe, entre autres, la technique de plaquage (comme en Bresse), mais aussi deux autres techniques originales : l’espace à remplir est d’abord « palissé » (mise en place verticale de sections de bois imputrescible), puis le torchis est mélangé à de la paille afin d’obtenir une forme de boudin que l’on entoure autour du palissage. On peut aussi faire une boule que l’on place entre le palissage.

La technique des bois longs

Bois courts et bois longs du XVIIe et XVIIIe siècle, sur une place de Rouen

La technique des bois longs a été utilisée principalement au début du Moyen Âge. Pourtant relativement simple, elle a été assez rapidement abandonnée en raison de plusieurs facteurs. Les poteaux montent d’un seul trait, du bas de la maison vers le haut. Les pièces horizontales viennent alors s’assembler dans les pièces verticales.

Les raisons de son abandon sont multiples. Tout d’abord, beaucoup de ces maisons étaient construites à même le sol, sans isolation du bois qui pourrissait donc facilement. Les maisons en longs pans qui sont actuellement conservées ont été construites avec un mur de refend, prévenant ainsi le pourrissement des bois. De plus, à partir du XIIIe siècle, le bois long se raréfie, tout particulièrement en ville. Il était en outre bien difficile d’apporter de longs poteaux dans les ruelles étroites et sinueuses des villes médiévales. Cette technique a donc été abandonnée progressivement pour laisser place à la technique des bois courts. Elle a été interdite dans les voies publiques de certaines grandes villes, afin d’éviter la communication du feu d’un côté d’une rue à l’autre.

Cependant à certains endroits, on assiste à la réapparition de la technique du bois long dès le milieu du XVIIe siècle et plus généralement au XVIIIe siècle, favorisée en partie par la disparition des encorbellements, dans des villes comme Vernon ou encore davantage à Rouen.

La technique des bois courts

La technique des bois courts a donc généralement pris le pas sur les bois longs. On n’utilise plus de longs pans mais des bois plus courts qui facilitent la construction, tout particulièrement en ville. Un poteau forme un niveau. Cette forme de construction va permettre le développement des maisons à encorbellement.

L’encorbellement

Encorbellements primitifs à Rouen, rue du Petit-Mouton (XIVe siècle)
Les encorbellements assombrissent complètement la ruelle des Chats à Troyes

Ce terme est dérivé de corbel, forme ancienne de corbeau. L’encorbellement a pu se développer grâce à la technique des bois courts. Ce système de construction permet de porter une charge en surplomb sur le nu d’un mur. Les maisons vont donc avoir un ou plusieurs étages, en saillie sur le rez-de-chaussée.

On en trouve dès le XIVe siècle. Au cours du temps, cette technique va se perfectionner, ce qui va permettre la multiplication des encorbellements. Certaines maisons pouvaient avoir deux, trois, voire exceptionnellement quatre étages en encorbellement.

L’encorbellement primitif était fort simple : le poteau du rez-de-chaussée portait le sommier et s’évasait vers le haut en portant le pigeard ; la première sablière du premier étage était directement posée dessus. Ce système va évoluer vers un assemblage plus compliqué : le sommier repose sur le pigeard. Il y a deux sablières, une inférieure, correspondant au mur du rez-de-chaussée et une supérieure, servant au mur du premier étage.

La construction en encorbellement avait plusieurs avantages : elle permettait de gagner un peu de place dans les étages, mais surtout elle évitait aux eaux de pluie de s’écouler sur la façade; ainsi, chaque étage en encorbellement protégeait l’étage inférieur.

Cependant, au fur et à mesure ce système a été interdit. À Rouen, par exemple, il fut interdit dès 1520, au prétexte de « faire circuler l’air pour lutter contre la peste », plus tard un arrêt du Parlement de Normandie le proscrit pour l'ensemble de la Province, mais les effets se feront attendre. À Paris, il fut interdit plus tardivement, en 1667. Il comportait en effet aussi de nombreux désagréments. Les rues médiévales, assez étroites, se trouvaient ainsi encore plus réduites, ce qui les assombrissait. D’autre part, ce système posait des problèmes de sécurité lors des incendies, assez courants dans les villes médiévales. Un autre facteur qui est à prendre en compte est celui de la nouvelle influence de l’architecture italienne.

L’essentage ou bardage

Essentage décoratif dans les rues de Rouen

L’essentage consiste à recouvrir les poutres, le plus souvent les pignons avec des « essentes », c'est-à-dire des bardeaux (petites planches de bois, tuiles de bois) ou des ardoises. C'est un terme dialectal de l'ouest, en français standard on parlera de « bardage » de bois ou d'ardoise.

Il assure une protection durable du bois situé du côté de la maison qui se trouve exposé aux intempéries.

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