La margarine fut mise au point en France en 1869 à la suite d’un concours lancé par Napoléon III pour la recherche d’un « corps gras semblable au beurre mais de prix inférieur, apte à se conserver longtemps sans s'altérer en gardant sa valeur nutritive » propre à suppléer au beurre qui, à cette époque, était cher, rare et se conservait mal. Le pharmacien français Mège-Mouriès réalisa une émulsion blanche résultant de graisse de bœuf fractionnée, de lait et d’eau baptisée « margarine » (du grec margaron : « blanc de perle »). Le brevet est déposé en 1872 et la commercialisation de la margarine va alors se développer.
Les progrès de la science au début du XXe siècle et notamment la découverte des procédés d’hydrogénation des huiles vont permettre d’utiliser les huiles et graisses végétales dans la fabrication des margarines et ce, pour pallier le manque de disponibilité de graisse de bœuf. La margarine est aujourd’hui bien différente de son ancêtre née en 1869 et contre laquelle mirent bientôt en garde les ouvrages culinaires de l'époque : « L'oléo-margarine est un beurre artificiel produit par la graisse ou suif de bœuf broyé, puis chauffé. Ce résidu solide, coloré, baratté avec du lait constitue l'oléo-margarine : on a donné à ce produit les noms de simili-beurre, beurrine, oléo-normand, etc., pour dérouter le public. Avec les nouvelles manières d'opérer, le public est absolument lésé, car on emploie des suifs vieux et de mauvaise qualité et on y ajoute des huiles dangereuses. […] Il conviendrait dans ces conditions de protéger à la fois et l'agriculteur et le consommateur en employant un colorant qui permettrait à tous de distinguer la margarine du beurre, mais les marchands en gros redoutent ce procédé qui restreindrait la fraude pratiquée sur les beurres. Le bon beurre étant indispensable à la bonne cuisine, il faut se mettre en garde autant que possible contre les falsifications. » Un petit appareil portatif, nommé le « vérifie-beurre », fut même proposé dans le but de distinguer le vrai beurre des margarines.
La margarine est une émulsion constituée de matière grasse (80% minimum) et d’une phase aqueuse à base d’eau ou de lait (20%). Le type d’huile ou de graisse entrant dans la composition d’une margarine est très variable et les caractéristiques nutritionnelles du produit final en dépendent. Aujourd’hui, une grande majorité des margarines ou matières grasses tartinables de type margarine (voir partie dénominations) présentes sur le marché sont constituées d’une phase grasse essentiellement végétale et contiennent en majorité des acides gras poly-insaturés et mono-insaturés.
Composition (en pourcentage massique) :
Acide gras | Margarine dure | Margarine molle | Margarine à l'huile d'olive |
---|---|---|---|
Acide oléique | 66.4165 | 49.3839 | 51.9461 |
Acide linoléique | 12.2148 | 13.2334 | 7.6188 |
Acide palmitique | 11.7363 | 6.5876 | 10.9280 |
Acide stéarique | 7.6249 | 5.1268 | 5.6949 |
Acide α-linolénique | 2.0851 | 4.4750 | 0.1539 |
Acide laurique | 0.4361 | 0.0961 | 0.1537 |
Acide myristique | 0.2950 | 0.1153 | 0.1537 |
Acide caprylique | 0.0513 | ||
Acide caprique | 0.0513 | ||
Acide palmitoléique | 0.0449 | ||
Acide érucastique | 0.0449 | ||
Acide érucique | 0.0128 |