Nicholas Georgescu-Roegen - Définition

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Travaux

Il a entre autres contribué, en économie, à l'introduction du concept physique d'entropie. Ses travaux ont contribué de façon significative à l'élaboration de la bioéconomie, qui ouvre un pont entre sciences économiques, sciences biologiques (loi de l'évolution, néodarwinisme). À ce titre, il fait partie du courant évolutionniste des économistes. Mais il lie aussi sciences économiques et sciences physiques (thermodynamique), ouvrant la voie à l'économie thermodynamique. Son ouvrage majeur est The Entropy law and the Economic Process paru en 1971 dans lequel il écrit :

« Le processus économique n’est qu’une extension de l’évolution biologique et, par conséquent, les problèmes les plus importants de l’économie doivent être envisagés sous cet angle »

— Nicholas Georgescu-Roegen, The Entropy law and the Economic Process

« la thermodynamique et la biologie sont les flambeaux indispensables pour éclairer le processus économique (...) la thermodynamique parce qu’elle nous démontre que les ressources naturelles s’épuisent irrévocablement, la biologie parce qu’elle nous révèle la vraie nature du processus économique »

— Nicholas Georgescu-Roegen, The Entropy law and the Economic Process

Pour ses partisans, ces théories réconcilieraient économie et écologie en réintégrant la science économique dans la pensée scientifique contemporaine de la révolution industrielle et de la découverte de l'évolution biologique. Elles apporteraient un éclairage novateur et fécond dont les implications pratiques dépassent l'économie politique. Elles mettraient en évidence l'impossibilité de résoudre les problèmes environnementaux par le seul progrès scientifique et technologique.

Jugeant l'économie libérale de la théorie néoclassique beaucoup trop mécanique, Georgescu-Roegen a mis en lumière la contradiction entre la deuxième loi de la thermodynamique, la loi de l'entropie – c'est-à-dire la dégradation inéluctable, suite à leur usage, des ressources naturelles utiles à l'humanité – et une croissance économique matérielle sans limites. Il appelait pour sa part à une décroissance pour tenir compte de la loi physique de l'entropie.

Certains critiques considèrent que mêler l'entropie au processus économique, caractérisé plutôt par des effets d'auto-organisation et d'adaptabilité, est précisément trop mécanique.

Georgescu-Roegen manifestait la conviction que la joie de vivre est la véritable finalité de l'activité économique. Toutefois, on trouve également sous sa plume cette phrase, concernant les moyens concrets de la décroissance :

« L'humanité devrait progressivement réduire sa population à un niveau qui lui permettrait de pouvoir être nourrie par la seule agriculture biologique. Bien entendu, les nations qui connaissent aujourd'hui une forte croissance démographique auront un effort difficile à fournir pour obtenir le plus rapidement possible des résultats dans cette direction. »

La formule, dépourvue de tout autre commentaire, est étrange, sinon inquiétante. Georgescu-Roegen avait une vision pessimiste de la nature humaine et de la vie en général ("L'espèce humaine est caractérisée par l'existence d'un conflit social irréductible").

Dans la préface à Analytical Economics, Paul Samuelson écrit :

« Le professeur Georgescu-Roegen est plus qu'un économiste mathématicien. Il est tout d'abord un économiste, et le premier à rejeter les prétentions du charabia symbolique. Les subtilités de la production marginale et de l'utilité originale n'échappent pas à son examen sceptique... Comme il a une formation mathématique très supérieure, il est tout à fait immunisé contre les charmes de séduction de ce sujet et est capable de conserver une attitude objective et terre à terre sur son utilisation... Je défie tout économiste informé de rester satisfait de soi après avoir médité sur cet essai. C'est donc un livre à posséder et à savourer. »

— Paul Samuelson, Analytical Economics

Pour Henri Guitton,

« Georgescu-Roegen a voulu remédier à l'absence de pont reliant la physique théorique à l'économie. Il nous confie s'être lancé seul dans cette aventure, courant un risque dont il est sûr qu'il n'est pas vain... Novateur il le demeure, et un novateur souffre toujours au départ de sa solitude. Mais peut-être que maintenant, des disciples se joindront à lui pour poursuivre son avance ? »

— Henri Guitton

Pour Jacques Grinevald :

« Apparemment isolée, l'œuvre de Nicholas Georgescu-Roegen doit se comprendre dans un vaste mouvement de rénovation intellectuelle. Il manquait une véritable anti-Economique ; elle survient et elle sera une bio-économique. Il faut d'abord prendre connaissance de la situation de notre connaissance si nous voulons faire servir la renaissance que nous réclamons. L'affaire Galilée n'est pas close, mais déjà s'ouvre l'affaire Georgescu-Roegen: l'enjeu vaut le combat et celui-ci sera non-violent ou ne sera pas. »

— Jacques Grinevald

L'économiste américain Herman Daly a écrit en 2007 que trop peu d'attention a été portée aux travaux de Georgescu-Roegen car ceux-ci étaient en avance sur leur temps.

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