Nombre p-adique - Définition

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Propriétés

Dénombrabilité

L'ensemble des entiers p-adiques n'est pas dénombrable.

Les nombres p-adiques contiennent les nombres rationnels et forment un corps de caractéristique nulle. Il n'est pas possible d'en faire un corps ordonné.

Topologie

La topologie sur l'ensemble des entiers p-adiques est celle de l'ensemble de Cantor ; la topologie sur l'ensemble des nombres p-adiques est celle de l'ensemble de Cantor privé d'un point (qui serait naturellement appelé infini). En particulier, l'espace des entiers p-adiques est compact, tandis que l'espace des nombres p-adiques ne l'est que localement. En tant qu'espaces métriques, les entiers et les nombres p-adiques sont complets.

Les nombres réels n'ont qu'une seule extension algébrique propre, les nombres complexes. En d'autres termes, cette extension quadratique est algébriquement close. En revanche, la clôture algébrique des nombres p-adiques est de degré infini : les corps \mathbb Q_p ont une infinité d'extensions algébriques non équivalentes. De plus, la clôture algébrique d'un \mathbb Q_p n'est pas complète. Sa complétion métrique est appelée Ωp et elle est algébriquement close.

Le corps Ωp, aussi noté \mathbb C_p , est abstraitement isomorphe au corps \mathbb C des nombres complexes et il est possible de considérer le premier comme le dernier, muni d'une métrique exotique. Cependant, l'existence d'un tel isomorphisme est une conséquence de l'axiome du choix et il n'est pas possible d'en expliciter un.

Les nombres p-adiques contiennent le ne corps cyclotomique si et seulement si n divise p − 1. Par exemple, les 1er, 2e, 3e, 4e, 6e et 12e corps cyclotomiques sont des sous-corps de \mathbb Q_{13} .

Le nombre e (défini par la série \sum 1/n! ) n'est élément d'aucun des corps p-adiques. Cependant, ep (défini par la série \sum p^n/n! ) est un nombre p-adique (sauf si p = 2, mais e4 est un nombre 2-adique), aussi e, défini comme une racine p-ème de ep, est un élément de la clôture algébrique de n'importe quel corps p-adique ; ainsi quel que soit p, e appartient à  \mathbb C_p .

Sur les nombres réels, les seules fonctions dont les dérivées sont nulles sont les fonctions constantes. Ceci n'est pas vrai sur les nombres p-adiques. Par exemple, la fonction

f:\mathbb Q_p \longrightarrow \mathbb Q_p,\,x\longmapsto\left\{\begin{matrix} \left({1 \over |x|_p}\right)^2, & \mbox{si }x \ne \mbox{0} \\ 0, & \mbox{si }x=\mbox{0} \end{matrix}\right.

possède une dérivée nulle en tous points, mais n'est même pas constante localement en 0.

Si on se donne les éléments r, r_2, r_3, r_5, r_7 \ldots respectivement membres de \R, \mathbb Q_2, \mathbb Q_3, \mathbb Q_5, \mathbb Q_7 \ldots , il est possible de trouver une suite (xn) de \mathbb Q telle que la limite des xn dans \R soit r et, pour tout p premier, elle soit rp dans \mathbb Q_p .

Rationalité

Un nombre positif γ0 est rationnel si, et seulement si, son développement p-adique est périodique à partir d'un certain rang, c'est-à-dire, s'il existe 2 entiers N \geq 0 et k > 0 tel que \forall n \geq N, a_{n+k}=a_{k} (La suite an représentant le développement p-adique du nombre γ0)

Décomposition canonique de Hensel

Soit p un nombre premier. Tout élément non nul r de \mathbb Q_p (et en particulier tout élément de \mathbb Q ) s'écrit de manière unique sous la forme :

r = \sum_{i=k}^\infty a_i p^i

k \in \Z et les ai sont des nombres entiers compris entre 0 et p − 1. Cette écriture est la décomposition canonique de r comme nombre p-adique.

Cette série est convergente suivant la métrique p-adique.

On note \Z_p l'ensemble des éléments de \mathbb Q_p tels que k\ge 0 et on l'appelle ensemble des entiers p-adiques. \Z_p est un sous-anneau de \mathbb Q_p . On peut représenter un entier p-adique par une suite infinie vers la gauche de chiffres en base p, tandis que les autres éléments de \mathbb Q_p , eux, auront un nombre fini de chiffres à droite de la virgule. Cette écriture fonctionne en somme à l'inverse de ce qu'on a l'habitude de rencontrer dans l'écriture des nombres réels.

Par exemple, avec p = 2 :

  • 1 = 1\times 2^0 = \ldots 000001_2 (le 2 en indice indiquant qu'il s'agit du développement 2-adique de 1)
  • -1 = \sum_{n=0}^\infty 2^n = \ldots 11111111111111_2  : on peut vérifier que, puisque \ldots 001_2+\ldots 001_2=\ldots 0010_2 , ajouter 1 à cette écriture conduit à décaler une retenue tout le long de l'écriture, pour finalement donner 0.
  • 3 = \ldots 000011_2
  • {1 \over 3} = 1 + \sum_{n=0}^\infty 2^{2n+1}= \ldots 01010101011_2  : en multipliant ce résultat par \ldots 000011_2 , on retrouve 1. On remarque que {1 \over 3} est un entier 2-adique (i.e. {1 \over 3} \in \mathbb Z_2 ), mais on le savait déjà en regardant sa valuation :  v_2 \left( {1 \over 3}\right)  = 0 .
  • \sum_{n=0}^\infty 2^{2^n} représente un élément de \mathbb Q_2 (et même de \mathbb Z_2 ) qui n'est pas dans \mathbb Z .
  • Le polynôme 2X2 + X + 2 se factorise dans \mathbb Z_2 sous la forme (Xa)(2Xb) avec a=\ldots 0111001000100110110_2 et b=\ldots 0001101110110010011_2 , alors qu'il est irréductible dans \mathbb Q ou \mathbb R . On a 2a + b = − 1 et ab = 2.

Un autre exemple, avec p = 7 :

2 n'a pas de racine carrée dans \mathbb Q mais en possède deux dans \mathbb Q_7 , à savoir : \sqrt{2} = ...16244246442640361054365536623164112011266421216213_7 et son opposé : -\sqrt 2 = ...50422420224026305612301130043502554655400245450454_ 7


Comment calculer dans  \mathbb Q_p

  • L'addition est tout à fait similaire à celle de  \mathbb R , avec le même système de retenues :

Exemple : dans  \mathbb Q_5

 \begin{array}{cccccccc} &\ldots & 3&3 & 3 & 2 & 4 &{1_5} \\ + &\ldots &1&1&1&1&4&{2_5} \\ \hline  &\ldots &4&4&4&4&3& {3_5} \end{array}

  • La multiplication se fait de façon analogue :

Exemple : dans  \mathbb Q_5

 \begin{array}{cccc}   & 1 & 4 &{3_5} \\ \times & &3&{2_5} \\ \hline  &3&4& {1_5} \\ 10 &3 & 4& {\cdot_5} \\ \hline 11& 2&3& {1_5} \end{array}

  • La division de deux entiers dans  \mathbb Z .

Exemple 1 : Ecrivons  {1 \over 3 } dans  \mathbb Q_7 . Remarquons tout d'abord que  {1 \over 3 } \in \mathbb Z_7 car sa valuation 7-adique est 0. Ainsi  {1 \over 3 } = \ldots a_2 a_1 a_0 avec  0\leqslant a_i <7 .

3 est inversible modulo 7 puisque  3\times 5 = 1 \ + \ 2\times 7 \equiv 1 [7] . Ceci permet d'ailleurs d'écrire la relation de Bézout suivante :

 1 = 3\times 5 \ -\  7\times 2  \qquad (*)

d'où :

 {1\over 3} =  5 + 7\times \frac{-2}{3}  et à ce stade on a :  {1 \over 3 } = \ldots a_2 a_1 5

Continuons et multiplions ( * ) par -2 :

 -2 = 3\times (-10) + 7\times (4) et arrangeons pour obtenir des coefficients entre 0 et 6 :

 -2 = 3\times (4 - 2\times 7) + 7\times (4)  = 3\times 4\  +\  7\times (4- 3\times 2)

d'où :

 \frac{-2}{3} = 4 + 7\times \frac{-2}{3} et on observe une périodicité puisqu'on retombe sur  \frac{-2}{3} .

Au bilan :  {1\over 3} =  5 + 7\times \frac{-2}{3} =  5 + 7\times \left( 4 + 7\times \left(4 + 7\times \ldots \right)\right) c'est-à-dire :  {1\over 3} =  5 + 4\times 7 + 4\times 7^2 + \ldots d'où l'écriture 7-adique :

 {1\over 3} =   \ldots 4445_7


Exemple 2 : Ecrivons  {4 \over 21 } dans  \mathbb Q_7 . Remarquons tout d'abord que  {4 \over 21 } \notin \mathbb Z_7 car sa valuation 7-adique est -1 : ce sera donc un nombre 7-adique "à virgule".

On écrit :  {4 \over 21 } = {1 \over 7} \times \left(4\times  {1 \over 3}\right)

Or on sait que  {1\over 3} =   \ldots 4445_7 donc en multipliant par 4 :

 {4\over 3} =  4\times  \ldots 4445_7 = \ldots 44446_7

Il ne reste plus qu'à diviser par 7, mais ceci revient à décaler la virgule vers la gauche (on est en base 7) :

 {4 \over 21 } = \ldots 4444,6

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