Philæ - Définition

Source: Wikipédia sous licence CC-BY-SA 3.0.
La liste des auteurs de cet article est disponible ici.

Histoire

Vue en 1838 de l'île engloutie de Philæ et de ses constructions depuis l'île voisine de Biggeh.

Construction

Philæ commence à être édifiée au -IVe siècle par Nectanébo Ier, l'un des derniers pharaons égyptiens, et terminée par les Romains en passant par les Ptolémées.

La partie sud-ouest de l'esplanade est agrandie à l'époque ptolémaïque. Des murs sont élevés sur les rochers du rivage de cette partie de l'île, constituant des salles qui sont remplies de terre et de blocs, le tout recouvert de dalles. Cette esplanade est fermée par un portique construit sous l'empereur Auguste.

Cultes

Les débuts du culte d'Isis à Philæ n'ont pu être déterminés avec précision. À l'origine, le lieu est voué à la déesse Hathor sous la forme de la lionne Tefnout, maitresse de la Nubie. La légende dit que venant du sud, elle se serait arrêté pour la première fois en ce lieu. Hathor est ensuite assimilée à Isis, notamment parce que le tombeau d'Osiris, son époux, se trouve sur l'île voisine de Biggeh. Le temple est alors un lieu de rencontre pacifique entre les Égyptiens durant les périodes ptolémaïques et romaines et les tribus nubiennes des Nobades et des Blemmyes qui faisaient des incursions dans cette région frontalière de l'empire romain d'Orient au Ve siècle. La présence nubienne à Philæ est telle que lorsque les cultes païens sont interdits dans l'empire romain d'orient, le culte d'Isis reste autorisé à Philæ pour les seuls Nubiens qui peuvent même emprunter la statue de la déesse et l'emporter dans leur pays à partir de 453.

Avec l'évangélisation de la Nubie le culte d'Isis a Philæ est définitivement interdit par l'empereur Justinien et le temple est transformé en église copte, des croix coptes fleurissant sur les murs et les piliers du temple. Ainsi, depuis cette période, un bas-relief présente le dieu Amon partiellement martelé, la tête étant remplacée par une croix copte mais le reste du corps étant intact, y compris la couronne divine composée de deux plumes.

Menaces d'engloutissement et sauvetage

Vue de l'emplacement de l'ancienne île de Philæ indiqué par les restes du batardeau et le point culminant de l'île émergeant sous la forme d'un rocher vu depuis l'île d'Aguilkia en juin 2009.

Après la construction en 1894 par les Britanniques du premier barrage d'Assouan, la montée des eaux du Nil qui forment alors un lac de retenue noie dix mois sur douze l'île de Philæ. Les temples et les constructions de l'île sont alors partiellement ou totalement sous les eaux pendant une grande partie de l'année au grand regret de Pierre Loti :

« La noyade de Philæ vient, comme on sait, d'augmenter de soixante-quinze millions de livres le rendement annuel des terres environnantes. Encouragés par ce succès, les Britanniques vont, l'année prochaine, élever encore de six mètres le barrage du Nil ; du coup, le sanctuaire d'Isis aura complètement plongé, la plupart des temples antiques de la Nubie seront aussi dans l'eau, et des fièvres infecteront le pays. Mais cela permettra de faire de si productives plantations de coton  ! »

— Pierre Loti, La mort de Philæ, p. 228. Pendant 70 ans, la visite du temple de Philæ se fait en barque et offre des paysages qui ravissent les romantiques de l'époque :

« Nous y entrons avec notre barque […] Mais combien il est adorable ainsi, le kiosque de Philæ […] »

— Pierre Loti, La mort de Philæ, p. 223.

En 1960, après plusieurs années de tractations politiques et d'arrangements financiers, les travaux de construction du haut barrage d'Assouan débute sous l'impulsion du président Gamal Abdel Nasser. Ce projet constitue une nouvelle menace pour Philæ car l'île se trouve entre les deux barrages. Le lac de retenue de l'ancien barrage d'Assouan est alors transformé en bief dans le cadre de ce projet. Il est prévu d'abaisser le niveau moyen de ce lac qui atteindrait alors le premier pylône du temple d'Isis à la moitié de sa hauteur, permettant aux ruines d'être en plus grande partie à l'air libre. Mais cette transformation en bief par la hausse du niveau de la nappe phréatique signifie aussi que l'île ne pourrait plus être totalement à sec pendant une partie de l'année. De plus, les fluctuations quotidiennes du niveau du lac atteindraient six mètres d'amplitude, provoquant une érosion accrue des pierres et une accélération de la disparition des ruines.

Le sauvetage de Philæ est alors décidé et la solution retenue est la même que pour les temples d'Abou Simbel quelques années plus tôt : le démontage des ruines et leur reconstruction sur un nouveau site à l'abri des eaux du lac. Ce déplacement est orchestré par le ministère de la Culture d'Égypte, les services d'archéologie du Caire ainsi que l'Unesco, sa réalisation étant confiée à Christiane Desroches Noblecourt, une égyptologue française à l'origine du sauvetage d'autres temples menacés par les eaux du lac Nasser dont ceux d'Abou Simbel.

Afin de pouvoir travailler sur les ruines, un batardeau est construit tout autour de Philæ. Celui-ci est constitué de deux parois métalliques de dix-sept mètres de hauteur espacées de douze mètres constituées de 850 rideaux d'acier pesant 1 276 tonnes. L'espace entre ces deux parois est alors rempli de 200 000 m3 de sable afin de contrecarrer la pression exercée par l'eau du lac une fois l'île asséchée. Les ruines nettoyées du limon accumulé sont alors photographiées en stéréoscopie afin de dresser le plan exact des monuments de l'île en conservant fidèlement leur taille et leur disposition entre eux. L'élaboration de ce cadastre effectué par l'IGN français a nécessité six cent enregistrements photogrammétriques de 95 % de la surface des ruines.

Le déplacement des temples à proprement parler commence avec le découpage des ruines et leur transport par barges vers un site de stockage provisoire. Entre temps, l'île d'Aguilkia située à environ 300 mètres au nord-ouest de Philæ est préparée en vue d'accueillir les ruines. Arasée sur une trentaine de mètres, son rivage est redessiné en forme d'oiseau afin de reproduire la forme originelle de Philæ. Elle accueille les premiers blocs le 9 septembre 1974 et le remontage des ruines s'achève deux ans plus tard.

Ce sauvetage, qui a couté quinze millions de dollars américains de l'époque, est financé par des dons faits à l'Unesco de la part de vingt-trois États ainsi que par les revenus d'expositions sur l'Égypte antique à travers le monde.

Tourisme

Vue de la chapelle d'Hathor (premier plan) et du kiosque de Trajan (dernier plan) en 2004 sur l'île d'Aguilkia.

Avec l'arrivée du tourisme de masse en Égypte dans la deuxième moitié du XXe siècle et le déplacement des ruines facilitant leur accès, Philæ est devenue une des destinations les plus populaires du pays. En haute saison touristique, plusieurs milliers de visiteurs peuvent s'y rendre chaque jour. Leur accès est garanti par un service de petites embarcations à moteur accostant à un débarcadère situé dans le sud de l'île. Le soir, les visites classiques du temple s'arrêtent mais les touristes peuvent se rendre sur l'île pour un spectacle son et lumière.

Page générée en 0.137 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise