L'objectif est de généraliser la construction au cas où l'ensemble S des indéterminées est de cardinal quelconque. L'approche par récurrence s'avère impuissante si le cardinal de S est trop vaste. Si S est fini, elle ne présente aucune difficulté, dans le cas où S est dénombrable, les différentes identifications permettent de considérer l'union d'ensembles emboités :
Cette union s'équipe naturellement de la structure de A-algèbre généralisant la définition du paragraphe précédent. Cette définition est pratique, par exemple pour montrer le caractère factoriel ou noethérien d'une algèbre de polynômes en n indéterminées. Elle est en revanche impraticable pour une configuration où S est de cardinal quelconque. La deuxième méthode est strictement équivalent à la première, si S est dénombrable, mais se prolonge aisément au cas de cardinal quelconque. Elle suppose néanmoins un peu de préparation.
On peut se poser la question de la pertinence d'une démarche qui n'offre, comme unique avantage, que de permettre la construction d'une algèbre de polynômes en un ensemble d'indéterminées non dénombrable. Cette situation n'est en effet pas si fréquente. En revanche, cette construction se fonde sur une démarche permettant une démonstration élégante de propriétés universelles sur les A-algèbres associatives, tel est le principal intérêt de la méthode.
Une algèbre de polynômes est un cas particulier d'algèbre d'un monoïde. Soit S un ensemble d'indices et L le monoïde commutatif des fonctions à support fini de S dans N.
On identifie ici l'ensemble S à une partie de A[S] de la manière suivante : A un élément s de S, on associe la fonction es de S dans N qui vaut zéro partout sauf en s ou elle vaut 1, l'élément neutre pour la multiplication dans N. Ainsi, es est un élément du monoïde L, et plus précisément un membre de la base canonique du monoïde. Ensuite on associe à l'élément es, l'élément Xs, correspondant à la famille d'éléments de A indexée par L, qui vaut zéro partout sauf en es ou elle vaut 1.
Dans le cas où S est un ensemble fini : {1,...,n}, les éléments de S s'identifient à Xs les éléments canoniques de A[S], on retrouve la notation A[X1,...,Xn] et le mode construction utilisée bâtir pour A[X1,X2]. La propriété universelle du paragraphe précédent prend la forme :
Toutes les A-algèbres ne sont pas des algèbres de polynômes. Considérons le cas où A est égal au corps fini à deux éléments F2 et M son monoïde multiplicatif (qui est aussi un groupe composée d'un unique élément noté x), la F2-algèbre du monoïde M, contient 4 éléments {0,1,x,1+x}. On retrouve une F2-algèbre isomorphe à l'espace des fonctions de F2 à valeurs dans F2. Le monoïde M n'est pas un monoïde d'indices car il ne possède pas de base. Une algèbre de polynômes contient toujours une infinité d'éléments car elle correspond à une algèbre de monoïde commutatif ayant une base, et donc une infinité d'éléments.
Il existe trois manières de noter un polynôme :
Un polynôme P s'écrit de la manière suivante, utilisée dans les paragraphes précédents et l'algèbre est notée :