La musique cubaine est le résultat de la fusion entre la percussion africaine et la guitare espagnole. Cette fusion sera plus tard enrichie par d’autres instruments musicaux arrivés de l’Amérique du Sud tels les « claves » (petits bâtons en bois) et les maracas (shakers), faites à partir des arbres typiques cubains appelés « güiras ». Le Son, genre musical né vers la fin du 19ème siècle, constitue la base de pratiquement toute la musique cubaine contemporaine, étant lui aussi le précurseur de la Salsa et s’étant vite répandu à Cuba pendant les premiers vingt ans du 20ème siècle...
Tout en parcourant les rues du Centre Historique de Santiago de Cuba, et savourant les brises humides et tièdes qui caressent les journées dans le Midi cubain, on arrive à La Casa de la Trova. Non sans avoir être interpellés par les personnages les plus typiques de la ville qui déambulent en permanence dans les rues de la vieille ville. Ce sont des vendeurs de fruits, des vendeurs de journaux, des artisans et éventuellement, des musiciens improvisés.
À l’intersection des rues Heredia et San Félix, au numéro 206, se dresse la Casa de la Trova. À l’intérieur de cette pittoresque demeure coloniale achevée dans la première moitié du 19ème siècle, est né, en date du 23 octobre 1844, Rafael Pascual Salcedo. Il deviendra l’un des musiciens santiaguais les plus connus de son époque et aussi fondateur d’un important mouvement musical cubain qui sera connu plus tard sous le nom de la Vieja Trova.
La maison à présent occupée par la Casa de la Trova appartenait au début du 20ème siècle à un marchand nommé Virgilio Palais, celui qui avait réussi à réunir dans son café un groupe de musiciens en provenance de plusieurs quartiers de la ville. Ainsi, derrière les fenêtres en bois massif et fer forgé, et les longs balcons surélevés sur les trottoirs, est née la Trova, nouvelle vague musicale qui a fait le tour du monde et qui veut dire en elle même chanson traditionnelle cubaine imprégnée d’un contenu romantique et « contagieux » se faisant accompagner des percussions et des guitares.
Santiago de Cuba est également le berceau d’un tas de genres musicaux cubains tels le Boléro et le Son, des rythmes qui se sont diffusés de partout et qui ont influencé à leur tour d’autres musiques du bassin caribéen. On sait que le Son est arrivé à Santiago au début du 20ème siècle, et qu’il a vu le jour dans les montagnes qui entourent cette ville. On l’a entendu pour la première fois de la voix des Guajiros (fermiers) qui allaient d’une contrée à l’autre, guitare dans la main, en faisant courir des bruits et des nouvelles tels les jongleurs du Moyen Âge. C’était le temps de la naissance de la Première République, ainsi, le Son est devenu un excellent moyen pour renforcer les idéaux de liberté du peuple et les plus grandes aspirations de la jeune nation cubaine. Le Boléro, quant à lui, a des origines qui remontent à la deuxième moitié du 19ème siècle. Il est né lui aussi à Santiago de Cuba, sous les balcons et les vérandas, derrière les fenêtres coloniales où se cachait « la bien aimée », souvent une femme courtisée par un musicien ou simplement par un amant inconsolable qui se faisait accompagner par un trio ou un petit orchestre qui chantait une sorte de sérénade « à la napolitaine » aux teints d’opéra et de romances françaises.
En tout cas, le grand succès qu’eurent le Boléro et le Son est dû en partie aux agitations politiques et aux fréquents changements de régimes qui avaient secoué Cuba pendant les premières trente années du 20ème : les chansons servaient à l’époque pour dénoncer les fléaux sociaux qui touchaient la société cubaine et l’ingérence militaire, économique et politique du puissant voisin nord-américain. Alors, le Son fit son entrée dans les principales salles de bal de l’Oriente cubain, voyageant des campagnes aux villes et vice-versa, jusqu’à ce qu’il débarqua triomphalement à La Havane, plein de paroles à double sens et de dictons malicieux. Boléro et Son seront joués par des musiciens légendaires tels Miguel Matamoros, Sindo Garay, Pepe Sánchez, Manuel Corona, Miguelito Cuní, Ñico Saquito et, enfin et surtout, Joseíto Fernández, compositeur de l’archiconnue Guantanamera. Ces personnages mythiques jetèrent les fondements des riches traditions artistiques cubaines et d’un grand éventail composé de plusieurs variantes musicales régionales qui donnèrent lieux, des années plus tard, à d’autres tendances comme le Mambo, le Cha-cha-cha, la Salsa et le Feeling.
La musique cubaine, quoique distincte en elle-même, possède comme élément commun le mélange des différentes cadences tropicales et des compositions musicales innovatrices. Avec un usage cubanisé des instruments, elle a su reconstituer ses racines sonores, européennes et africaines, auxquelles se sont ajoutées des influences caribéennes et sud-américaines tels les sons apportés par la Marímbula ou Botijuela.
En somme, la grande famille musicale cubaine, composée de Mambo et Salsa, Son et Boléro, des guitares et percussions, de danse et feeling, a conquis le monde, a fait salle comble à La Havane, Paris, Mexico et New York, pour s’installer à jamais au sommet de la culture universelle.