Schneour Zalman Schneersohn - Définition

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Introduction

Schneour Zalman Schneersohn (Gomel, Russie, 1898 - Brooklyn, New York, 1980) est un grand-rabbin hassidique français. Il fut très actif en France durant la Seconde Guerre mondiale, où il prit en charge des homes d'enfants, dans le but de les sauver de l'occupant, tout en leur donnant une éducation juive.

De Russie en France

Né à Gomel en Russie (aujourd'hui en Biélorussie) en 1898, Schneour Zalman Schneersohnappartient à la dynastie hassidique des Loubavitch, et sera un temps pressenti pour en être le septième Rebbe (cette fonction échoira à son cousin, Menachem Mendel Schneerson 1902-1994).

Il est le fils de Menachem Mendel Schneersohn, petit-fils de Levi Yitzchak Schneersohn, arrière petit-fils de Boruch Sholom Schneersohn (1803-1868), le fils aîné du Tzemach Tzedek (le troisième Rebbe de la dynastie de Lubavitch, Menachem Mendel Schneersohn 1789-1866). Sa mère Liba Leah est la petite-fille de Levi Yitzchak de Berditchev (1740-1810), un des principaux disciples de Dov Baer de Mezeritch (1704-1772), lui-même l'un des principaux disciples et successeur du Baal Shem Tov (1698-1760, le fondateur du hassidisme.

Il arrive en France en 1935, et prend la direction à Paris de l'Association des israélites pratiquants (AIP) (Kehillat Haharedim) en 1936, qui aurait été créée en 1910, dans le but de « regrouper les Juifs ayant gardé l'attachement aux formes de la vie religieuse, telles qu'elles se sont cristallisées au cours de longs siècles en Europe centrale. » Léon Poliakov souligne l'incompréhension des autorités consistoriales de l'époque qu'il rencontre, et leur antagonisme : « son orthodoxie, d'une intransigeance absolue, non plus que ses méthodes de travail, si souples qu'elles étaient, étaient déconcertantes, et pas davantage ses manières et son costume n'étaient du goût de ses confrères français. Quant à lui, il donnait aux termes "rabbin français" une résonance bien particulière. » Il doit donc œuvrer en comité restreint, et se concentre sur l'enseignement des enfants, ouvrant huit Talmudé Tora régulièrement fréquentés par plusieurs centaines d'enfants, malgré la pauvreté de ses moyens.

Après la guerre

Après la guerre, le rabbin Schneersohn contribue à l'essor du judaïsme orthodoxe non-consistorial à Paris, de sa base au 10, rue Dieu, dans le Xe arrondissement de Paris près de la place de la République.

Plusieurs personnalités se revendiqueront plus tard de son enseignement, dont Olga Katunal, selon laquelle « Zalman Schneurson » fut son plus grand maître, et Henri Atlan qui, à la fin de son livre Entre le cristal et la fumée (1979) cite quelques paroles de « son maître » sans le nommer.

Schneour Zalman Schneersohn est proche du rabbin David Feuerwerker, dont les fils étudient avec lui, rue Dieu. Le rabbin Feuerwerker est présent, avec sa famille, lorsque Schneour Zalman Schneersohn et son épouse prennent le train pour Le Havre, à destination de l'Amérique.

Dans les années 1960, Schneour Zalman Schneersohn immigre aux États-Unis, et y poursuit son œuvre d'éducateur, à Brooklyn, New York. La Yechiva qu'il y dirige comporte un programme d'entraînement en informatique, pour donner une profession à ses élèves, ce qui le place, à l'époque, à l'avant-garde.

Il meurt à New York, le 2 juillet 1980 (18 Tamouz 5740).

La Résistance et les homes d'enfants

C'est la même préoccupation des enfants et de leur formation qui guide le grand-rabbin Schneersohn lors de l'Occupation. De février 1940 à mars 1944, il ouvre une succession de maison d'enfants, en coopération avec l'AIP et l'OSE (Œuvre de Secours aux Enfants) :

  • février 1940 - janvier 1941 :
    • Château des Morelles, Brout-Vernet (Allier).
    • Année 1941-1942 Marseille Chateau Beaupin

Le rabbin arrivé à Marseille début 1941 y reste une bonne année avec son organisation l'AIP. Il s'occupe d'héberger les enfants abandonnés par leurs parents après leur arrestations, dans une vaste maison, au milieu d'un parc, la Maison de Beaupin,. Par ailleurs il accueille dans son appartement situé dans un tres beau quartier de Marseille, un atelier pour des étrangers qu'il sauve ainsi

  • 1941-1942 :
    • Domaine de Seignebon, à Demu (Gers).
  • 1942-1944 : successivement
    • Grenoble.
    • Château du Manoir, hameau de L'Étang-Dauphin, Saint-Étienne-de-Crossey (Isère), à partir de mars 1943.
    • pension Cavalier et Hôtel Rivoli, à Nice. 1943 (...-octobre 1943).
    • Château du Manoir (retour) d'octobre 1943 à décembre 1943, puis dispersion des enfants dans trois hameaux près de Voiron (Isère):
      • La Manche, hameau de Saint-Jean-de-Moirans (Isère) , en décembre 1943.
      • La Martellière, Voiron (Isère), également en décembre 1943. 16 enfants, âgés de 7 à 21 ans, et deux adultes y sont arrêtés par la milice dans la nuit du 23 au 24 mars 1944, à la suite d'une dénonciation. Les enfants sont déportés dans le convoi 71 du 13 avril 1944 et le convoi 73 du 15 mai 1944..
      • hameau de Chirens (Isère) et Saint-Étienne-de-Crossey (une chambre), à partir d'octobre 1943.

Dans son ouvrage sur la résistance juive en France, Lucien Lazare décrit ainsi le rôle et l'approche du grand-rabbin Schneersohn :

« Repliée à Vichy, puis à Marseille, l'AIP y avait rassemblé une collectivité d'une soixantaine de personnes, comprenant synagogue, bureau d'assistance, séminaire-yechiva, home d'enfants et atelier de reclassement professionnel. Chneerson destinait ses services aux Juifs de stricte observance religieuse. Située dans la marginalité des organisations juives, l'AIP était l'expression d'une catégorie particulière de l'identité juive. Très populaire avant la guerre en Europe centrale et orientale ainsi qu'en Palestine, le hassidisme comptait des adeptes fervents au sein de la communauté des immigrés juifs à Paris. Rejetant à la fois émancipation, sionisme et socialisme, Chneerson ne concevait l'existence juive que dans l'observance jalouse des rites et dressait une barrière impénétrable contre l'influence de l'environnement et de la modernité. Son expérience des persécutions séculaires l'avait habitué à réagir en constituant une communauté d'une cohésion sans faille, s'adonnant à l'étude des textes sacrés et l'observance des prescriptions religieuses dans l'ambiance enthousiaste de la tradition hassidique. C'est dans ce cadre que lui-même et ses adeptes se sentaient en sécurité, s'en remettant à la Providence. Chneerson n'avait pas discerné le caractère inédit et fatal de la menace nazie, et l'AIP fut particulièrement vulnérable aux déportations. »

L'AIP aide les internés dans les camps. Grynberg écrit que l'AIP dispose d'un budget mensuel de 200 000 francs pour l'assistance aux internés des camps. Cette somme provient pour moitié de l'American Jewish Joint Distribution Committee (Comité juif-américain de distribution collective) et pour moitié de dons privés.

Le futur historien Léon Poliakov devient son secrétaire, en 1943, et fonde avec le cousin du grand rabbin Schneersohn, Isaac Schneersohn, le centre de documentation juive contemporaine. Poliakov racontera en 1997 qu'il avait fait la connaissance du Grand Rabbin Schneersohn lorsqu'il cherchait un rabbin pour présider aux funérailles de son père. Plus tard, à Marseille, il rencontre, sur la Canebière, le Grand Rabbin Schneersohn qui lui propose d'être son secrétaire. Leur collaboration dure quelques mois et Poliakov y renonce suite à des différences idéologiques - il s'oppose à l'idée de contacter Joseph Goebbels - et religieuses.

Dans "L'Auberge des musiciens", Léon Poliakov décrit Schneour Zalman Schneersohn ("barbe rousse, boitillant dans son caftan à la mode de Pologne") et ses activités à Marseille:

"Une centaine de personnes qui priaient dans l'oratoire de la rue Sylvabelle dans un immeuble cossu dans un des plus beaux quartiers de Marseille [...] [Là] deux vastes chambres et un hall au rez-de-chaussée, une cuisine et deux pièces à l'entresol [...]. Le rabbin réfugié avec sa famille dans l'entresol. La cuisine ne demeure pas inoccupée non plus: des ombres furtives apparaissent le soir et s'évanouissent le matin; ce sont des évadés des camps d'internement de Vichy auxquels le rabbin donne asile. L'une des pièces du rez-de-chaussée sert de bureau et de salle de réception - défilé interminable de la misère juive -, l'autre, le bureau du rabbin, est en même temps une synagogue et une salle de cours; on y célèbre les mariages et l'on y règle les divorces et même des litiges financiers."

Dans son journal privé, Raymond-Raoul Lambert, qui dirige l'UGIF-Sud écrit à la date du 17 août 1943: "Le 28 (28 juillet 1943) je vais, avec Simone et les enfants, visiter une maison d'enfants près de Voiron, dirigée par un rabbin orthodoxe qui ressemble à Raspoutine. Dans un tel milieu je me sens chrétien et latin." L'historien israélien Richard Cohen explique ainsi cette réaction de Lambert:"Il s'agit du rabbin Isaac Chneerson [sic] qui était responsable d'une œuvre de bienfaisance ultra-orthodoxe (Association des Israélites pratiquants de France, Kehillath Haharedim), affiliée à la 3e Direction de l'UGIF (Santé). La reponse "assimilée" de RRL [Raymond-Raoul Lambert] n'est pas surprenante, étant donné le contenu de la lettre de ce dernier (2 août 1943, YIVO: RG 340, dossier 3) qui entre dans les détails de son fantatisque projet d'établir un État juif fondé sur des principes strictement orthodoxes."

Dans un ouvrage récent intitulé Les enfants de la Martellière, Delphine Deroo reconstitue la vie de cette institution. Elle ne cache pas son admiration pour l'oeuvre du Grand Rabbin Schneour Zalman Schneersohn:

"A chaque menace correspond une défense. Au désir d'élimination physique et spirituelle de la "race juive", ces hommes et femmes se sont opposés en tant que Juifs, assumant avec fierté leur judaïté mise en péril. Et cette résistance morale, que je retrouve pour ma part dans l'insistance du rabbin Chneerson [Schneour Zalman Schneersohn] à observer strictement les lois religieuses - marquant pour lui l'essence même de son judaïsme directement menacé -, me frappe et m'éblouit par sa force et son héroisme."

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