Sercq est une petite île d'une superficie de cinq kilomètres carrés dans l'archipel des îles Anglo-Normandes. Elle est située à environ 11 km à l'ouest de Jersey. L'île se compose de deux parties distinctes communément appelée la petite et la grande Sercq. Elles sont reliées par « la Coupée », un isthme étroit qui ne fait que 3 mètres de large dans sa partie supérieure, bordés des deux côtés par un à pic d'une centaine de mètres. Des barrières de sécurité n'y ont été installées qu'en 1900 (auparavant, les enfants traversaient le passage à quatre pattes pour éviter de tomber). La totalité de l'isthme est couvert aujourd'hui par un étroit chemin bétonné, construit en 1945 par des prisonniers de guerre allemands, sous la direction des Royal Engineers, le génie militaire de l'armée britannique.
L'île est desservie uniquement par la mer, pour le fret et pour les passagers, depuis Saint-Pierre-Port.
La seigneurie de Sercq compte en plus une petite île, nommée Brecqhou, située à l'ouest de Sercq dont elle n'est séparée que par un étroit chenal d'une quarantaine de mètres à marée basse. L'île a une superficie de 65 hectares et forme l’une des 40 « tenures » qui découpent Sercq. C'est une île privée dont le rachat en 1993 par les frères Barclay, Sir David et Sir Frederick Barclay, deux milliardaires britanniques, a eu certaines incidence sur la tranquillité et les institutions de Sercq.
Actuellement, elle est peuplée d'environ 600 habitants (les Sercquiais).
Comme pour les autres îles Anglo-normandes, on parle majoritairement l'anglais sur Sercq.
Le sercquiais, langue normande de Sercq, est linguistiquement proche du jersiais, dont le dialecte fut apporté sur l'île par les premières familles jersiaises au XVIe siècle mais influencé par le guernesiais. Ces langues sont des formes insulaires du normand. Le sercquiais, actuellement minoritaire, est en voie de disparition. D'une façon générale, le normand de Sercq est une langue non écrite encore connue par quelques dizaines des 600 insulaires.
La profusion des rhododendrons, azalées, magnolias, genêts, hortensias et camélias fait de Sercq un jardin extraordinaire. Cette richesse botanique, due au climat humide et doux qu'entretient le Gulf Stream (les gelées sont pratiquement inconnues), est pour beaucoup dans le succès que rencontre l'île auprès des Britanniques, d'où l'importance économique du tourisme, qui l'a fait connaître.
L'île, qui a gardé un charme inchangé depuis l'époque où Victor Hugo s'y promenait, est devenue une destination de tourisme recherchée. C'est le principal secteur d'activité. Les véhicules automobiles y sont interdits, à l'exception des tracteurs, ce qui fait de la bicyclette et des carrioles tirées par des chevaux des moyens de transport privilégiés.
Par ailleurs, la situation du bailliage de Guernesey comme état non ressortissant de l'Union européenne, a permis le développement d'un nombre très important de sociétés off-shore qui y sont domiciliées. Sercq compte ainsi quelques unes de ces sociétés, mais l'incidence sur l'économie locale n'est pas connue.
Comme sur les autres îles Anglo-normandes, le droit coutumier normand est encore applicable à Sercq.
Parmi les lois de Sercq figure la clameur de haro, article de la coutume de Normandie qui existe également dans tout le bailliage, ainsi que dans le bailliage de Jersey : par ce moyen coutumier, une personne qui s'estime lésée peut obtenir la cessation immédiate de toute action qu'elle considère enfreindre ses droits. À cet effet, elle doit, en présence d'un témoin, se couvrir la tête, réciter le Notre Père en français (alors que la population est aujourd'hui anglophone), et s'écrier (en français également) : « Haro, Haro, Haro ! Au nom de Dieu et de la Reine, laissez ce travail... ». La « clameur » doit ensuite être enregistrée à l'office du greffe dans les vingt-quatre heures. Toutes les actions contre cette personne doivent alors cesser jusqu'à ce que l'objet du différend soit entendu par la cour de justice. Cette coutume n'est pas utilisée fréquemment : la dernière « clameur » enregistrée a été prononcée en juin 1970 pour empêcher la construction d'un mur de jardin. La clameur de haro existe toujours, d'une façon différente, dans les autres îles de l'archipel, également régies par la coutume de Normandie.