Ce n’est qu’en 1760, durant la guerre de la conquête, une guerre entre les Britanniques contre une coalition de Français et d'« Indiens », que le premier groupe de Juifs, soldats dans l'armée britannique, mettent le pied pour la première fois au Canada. Les premiers Juifs qui s’y établirent étaient des officiers, des soldats, des négociants et des commerçants de fourrures. Après que les Britanniques prirent le contrôle total de Montréal, le 8 septembre 1760, une petite population juive demeura dans ce secteur. Avec l’annulation du décret de 1627, après la reddition de toute la Nouvelle-France aux termes du traité de Paris de 1763, un nombre restreint de Juifs commençait à arriver des treize colonies, d’Angleterre, des Pays-Bas et d’Allemagne.
La Sherith Israel Congregation est la première synagogue construite au Canada en 1777 à Montréal.
Le 5 juin 1832, les Juifs canadiens deviennent des sujets britanniques de pleins droits, avec y compris le droit d’être représentant au Parlement.
Le recensement 1871 déclare un total de 1 115 juifs au Canada, dont 409 qui sont situés à Montréal, 157 à Toronto, 131 à Hamilton, et le reste de la population est dispersée surtout le long du fleuve Saint-Laurent.
En 1901, les communautés israélites prirent naissance un peu partout au Canada. Montréal maintenait toujours sa première place avec seulement 6 975 personnes suivi de Toronto avec 3 103 et Winnipeg avec 1 164. De 1901 à 1911, 52 484 immigrés juifs arrivent au Canada, s’établissant d'un océan à l'autre.
À la fin de la Première Guerre mondiale, en 1919, le congrès juif canadien est fondé afin de fournir de l'aide aux Juifs d'Europe de l’Est. Pendant ses premières années, l'organisation unifiée Canadian Jewry fondent la Jewish Immigrant Aid Society ou JIAS, la Société d'Aide aux Immigrants Juifs. Le CJC (Canadian Jewish Congress) ou Congrès Juif Canadien était inactif du milieu des années 1920 jusqu'à ce que les Nazis soient au pouvoir. Pendant les années 1930, le congrès juif se battit contre la propagande nazie, leva des fonds pour l'organisation charitable juive de l'American Jewish Joint Distribution Committee et travailla pour favoriser l’entrée des Juifs d’Europe de l’Est au Canada. Ses efforts avant et pendant la Deuxième Guerre mondiale l’ont amené à devenir l’organisation représentative officielle des Juifs au pays.
Cependant entre 1921 et 1931, le gouvernement canadien permis à seulement 15 800 juifs d’immigrer au Canada. Les politiques anti-immigration reflétaient le pouls du pays. La xénophobie et l'antisémitisme étaient amplifiés avec le chômage et la pauvreté pendant la Grande Dépression. De plus, les journaux et les publications d'expression française attaquaient le judaïsme et étaient contre l'accès des réfugiés Juifs au Canada. Le premier ministre W.L. Mackenzie King avait un penchant favorable à la situation difficile que vivaient les Juifs mais il fut contraint par l'opposition. Face à une telle résistance, la politique canadienne d'immigration est demeurée rigoureuse.
Le Canada a seulement accepté 8 000 personnes en 1939, soit 1% des 811 000 réfugiés juifs qui cherchaient à fuir le régime nazi et qui furent admis dans divers pays à travers le monde. Mackenzie adopta la politique du none is too many.
Le premier Juif à habiter à Rouyn-Noranda est Louis Scott qui s'établit sur le bord du lac Osisko. Cependant, Mr. et Mrs D. Caplan sont en fait les premiers cités lors de l'inauguration de la seconde synagogue en 1949.
La synagogue en bois de Rouyn-Noranda fut en effet la première à être édifiée au Québec hors de ville de Montréal. Avant et après la seconde guerre mondiale, un grand nombre d'immigrants de toutes origines s'installent en Abitibi-Témiscamingue pour travailler dans le secteur minier. Des dizaines de nationalités se côtoient dont les Polonais, les Finlandais, les Russes et les Italiens qui viennent les premiers, suivis par les Yougoslaves, les Français, les Allemands et les Ukrainiens entre autres.
Les premières familles juives arrivent avec le chemin de fer vers 1924-1925 en même temps que tous ces travailleurs, chercheurs d'or et les colons défricheurs de nouvelles terres. Elles arrivent pour la plupart de l'ouest, de l'Ontario surtout, en même temps que des centaines de travailleurs itinérants qui passent de mine en mine.
Les juifs se lancent dès le départ dans le commerce de détails, les merceries, l'immobilier, les salles de cinéma, la photographie ou les pharmacies.
Ces derniers venaient pour une grande majorité d'entre eux d'Europe de l’Est, de la Russie mais surtout de la Pologne. Ils étaient pour la plupart originaire de la zone de Résidence (Pale of Settlement en anglais), zone où les Juifs avaient l'autorisation de résider de façon permanente dans la Russie impériale.
Avec la venue au début des années 1930 du rabbin Katz à la synagogue, la vie communautaire des pratiquants et des non-pratiquants est recentrée vers ce lieu de culte. Le rabbin Katz était en charge de l'enseignement religieux et de la cérémonie du culte. La Noranda Mines Limited qui avait acheté pour 1$ à Horne Copper Corporation 600 acres de forêt dans l'actuel Noranda va donner le 23 décembre 1932 un privilège sur le terrain à The Hebrew Congregation of Rouyn-Noranda pour seulement 95$. Le 19 avril 1950, un bail emphytéotique de 99 ans pour 325$ comptant est signé entre la Noranda Mines Limited à Rouyn-Noranda Hebrew Congregation avec des « Droits miniers et de passage réservés » et un loyer annuel de 1$. Les Juifs feront construire une première synagogue de bois en 1932 qui sera reconstruite en 1949 de briques et de stuc au même endroit.
Dans les années 1930, un officier de police d'origine belge, Jean Tissot, décide de se faire le porte-étendard de la propagande antisémite à Ottawa avec l'appui de la presse locale et de certains notables. Après trois années d’acharnement et d’une campagne antisémite en Outaouais très intense, la majorité des populations francophones au pays refusent d’adhérer aux thèses radicales de Tissot malgré la méfiances qui existe envers les juifs. Il sera par conséquent forcé à démissionner de ses fonctions. N’ayant plus aucun travail, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, il trouve un poste comme chef de police à la ville de Rouyn et se fait embauché le 21 juillet 1937. L’Ordre de Jacques-Cartier, ou «la Patente», société secrète dont l’objectif est de lutter contre l'influence des loges maçonniques, des orangistes et de former un rempart solide contre l’assimilation des minorités franco-canadiennes en infiltrant les associations, voit leurs effectifs doubler dès son arrivée à Rouyn. Le journal de cet Ordre, l'« Émerillon » publie la citation suivante « L’aide financière à l’Achat Chez Nous (section Rouyn) la campagne contre l’immigration judéo-polonaise semble avoir été effective puisque tout mouvement en sa faveur a cessé en fait. » Tissot entend faire de la politique pour défendre ses idées mais les élus lui en interdisent au vu de son passé, cependant il reste l’homme de la situation pour combattre le communisme dans une ville qui compte beaucoup de fros (foreigners) ou d’étrangers, brimés et mal payés, et dont les syndicats ont d'ailleurs une fibre communiste. Le Congrès juif s’inquiète dès le début de sa nomination mais l’avocat juif M. Gamaise va rassurer le secrétaire général Caiserman en lui signifiant que la petite communauté juive se verrait malmenée et ferait l’objet de haine si le fort nationalisme français devenait ouvertement antisémite. Le Congrès Juif Canadien exagérait la situation que pouvait vivre les Juifs de Rouyn parmi une population complètement indifférentes aux discours d’exclusion raciale prônée par certaines organisations. Jean Tissot afficha par la suite un profil bas, car désormais son nom n’apparaît plus dans les journaux tels que Le Combat national et Le Fasciste canadien (publié par Adrien Arcand). Selon Raymond Ouimet : « elle dit tout de même à quel point l'enracinement de la haine, même en cette époque très trouble, se fait dans un terreau populaire qui n'est jamais très profond. »
Tissot continuera de pourchasser quelque temps les communistes et poursuivit ses lubies antisémites, avant d'être à nouveau congédié pour avoir fait de la «politique» mais l'histoire ne le dit pas exactement pourquoi il fut renvoyé.
Dans les années 1940 et 1950, l'immigration change, elle vient directement d'Europe, par le train qui vient de l'est cette fois-ci. Les Polonais de toutes confessions religieuses représentaient la plus grande communauté étrangère de la ville avec 224 personnes (4,1 % de la population totale) en 1931 et 293 personnes (2,2 % de la population totale) en 1941. En proportion, seul Montréal au Québec avait une plus grande population immigrante et multiethnique.
Ville | Origine ethnique | 1931 | 1941 | 1961 | 1972 |
---|---|---|---|---|---|
Noranda | Allophones | 49,7% | 22% | 16% | 6,8% |
Rouyn | Allophones | 28,6% | 20% | 6,3% | 4,8% |
Rouyn-Noranda | Population totale | 5 471 | 13 384 | 30 193 | 28 562(*) |
Rouyn-Noranda | Francophones | 42.9% | 61.3% | 79.23% | 85.9% |
(*) 1971
Dans les années 1940, trois sections religieuses se côtoient: Le judaïsme orthodoxe, le judaïsme Massorti ou Masorti parfois appelé conservateur et le judaïsme réformé pour seulement une quarantaine de familles.
Ils s'impliquent dans les associations telles que Hadassah (The Women's Zionist Organization of America) et B'nai Brith ou les fils de l'engagement en Hébreu. Le sous-sol servait pour les activités culturelles, les réunions et les cérémonies de mariage.
Quant aux autres immigrants pour la plupart, ils travailleront pour des dirigeants anglophones à la fonderie Horne, et n'apprirent par conséquent que l'anglais au fil des décennies. Mais l'accroissement de la population francophone de Rouyn venue du reste de la province, ainsi que le vote de la Charte de la langue française votée en 1977, les marginalisaient de plus en plus. La plupart des allophones partirent donc vers d'autres provinces dont l'Ontario, et plus précisément Toronto.
Il n'y a jamais eu de cimetière juif à Noranda. Il y a avait un au sud de Kirkland Lake, au cimetière de Krugerdorf et selon B. Scheaffer « Toutes les communautés étaient en sorte liées les unes avec les autres. OK? Et je devine qu'en même temps qu'il fut décidé... pour maintenir le cimetière juif, ils avaient besoin de l'appui des diverses communautés (sous entendu juives). » La plupart des gens de la communauté dans la région au Nord de l'Ontario se sont fait enterrés au cimetière juif de Krugerdorf proche de Englehart. Le judaïsme ne permettant pas l'incinération, son ordonnancement et son apparence découlent des règles coutumières de la halakha et des minhaggim. On ne trouve aucune tombe juive dans le cimetière de Noranda, même si l'on peut y trouver des tombes chinoises, orthodoxes, catholiques ensembles (Il existe cependant un cimetière protestants à part qui se situe proche de l'aéroport de Rouyn-Noranda). Comme exemple, Isaac Rice, un pionnier d'origine russe, fut enterré à New York le 24 août 1950 à l'âge de 70 ans. Le corps fut emmené par un corbillard jusqu'à la frontière américaine et envoyé par train jusqu'à New York.
Dans les années 1970, plusieurs facteurs expliquent le départ de la communauté vers d'autres régions d'expression anglaise au Canada.
Le mouvement séparatiste était vu comme une menace pour la communauté juive canadienne, car dans un Québec indépendant économiquement et géographiquement, selon leurs perceptions, cela aurait déraciné les 100 000 juifs de Montréal, divisé puis affaiblit la communauté nationale. En raison de cet exode massif, Toronto pris la position de Montréal comme centre des activités juives canadiennes. Après que le Parti libéral eut regagné le pouvoir au Québec en 1985, et suite une récession économique dans tout le pays, l'exode vers le reste du Canada diminua, et la population juive du Québec se stabilisa.
Il ne restait que 2 familles juives en 1982 à Rouyn-Noranda et la Synagogue n'ayant plus assez d'adeptes, avait déjà perdu sa vocation de lieu de culte juif dès 1972. C'est à partir de 10 hommes (Minyane) qu'une communauté peut se constituer dans le but nécessaire à la récitation des prières. La bâtisse servit ensuite de club social pour le club des Lions avant de devenir un immeuble à logements en 1979. Il ne reste que la façade comme souvenir de la présence patrimoniale juive en ville.
La synagogue possédait un sanctuaire ou un grand hall de prière, dans lequel était contenu les livres de la Torah.