Terminus, les étoiles - Définition

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Analyse

La structure générale du livre est celle du récit d'aventures épiques (Foyle, Jisbella et Robin sont des héros « incassables ») où les épisodes bourrés d'idées se percutent à grande vitesse, mais le ton est souvent celui du comique, d'un « comique furieux » : Bester est un grand auteur de science-fiction sarcastique et satiriste, comme Robert Sheckley ou Fredric Brown, dans la tradition anglo-saxonne de Roald Dahl ou Saki.

Dans les années 1950, « l’âge d’or » de la science-fiction classique, les auteurs mettaient volontiers en scène des civilisations futures délirantes. On peut donner un sens politique au scènes vécues par Foyle dans son périple. Dans la société où évolue Gulliver, les patrons des grands trusts font la loi, ils ont plus de pouvoir que les chefs d’État, ils se comportent en souverains dans leur territoire et la police est à leur service. Les conflits politiques sont des guerres entre gangs rivaux. Les « Sargassiens » peuvent être vus comme les membres d’une société totalitaires pratiquant le « body art », de même un médecin marron fabrique des « monstres », ces objets artistiques très convoités : les arts pervertis jouent un grand rôle dans ce roman. Des grands patrons mafieux sont radio-actifs. Mais derrière toutes ces guerres atomiques, on doit se rappeler que les années 1950, c’est la période de la guerre froide, et il y a aussi le souvenir des crimes de la seconde guerre mondiale.

Enfin, comme il l’a prouvé avec L'Homme démoli (1953) où il a sans doute été l’un des tout premiers auteurs de science-fiction a introduire la psychanalyse dans un roman de ce genre, Alfred Bester donne aux personnages de Terminus, les Étoiles un arrière-plan psychologique fort (névroses, psychoses, paranoïa) — et sans doute métaphysique (d’où la référence à William Blake). De ce point de vue, Bester annonce Philip K. Dick. Des critiques présentent souvent les descriptions de sociétés futures décadentes par Bester comme annonçant celles de John Brunner. Avec ces seuls deux romans de premier plan, Bester a été un des grands inventeurs de la science-fiction moderne telle qu’elle s’est développée dans les années 1960, jusqu’au mouvement « cyberpunk ». Et la fin du roman peut être comparée à 2001 d’Arthur C. Clarke et Stanley Kubrick.

Sous-entendus littéraires

L'autre titre du roman, Tiger! Tiger!, ferait référence à un poème de William Blake, The Tiger : « TIGER, tiger, burning bright / In the forests of the night, /What immortal hand or eye / Could frame thy fearful symmetry? », que l’on peut associer aux injures de Jisbella contre son compagnon trop violent : « Vampire ! Menteur ! Satyre ! Tigre ! Gully Foyle, le cancer qui marche. » (p. 98) ou à la description du visage de Foyle en fureur : « le tatouage venait de réapparaitre, rouge sang sur la peau blanche, véritable masque de tigre par la couleur autant que par le dessin » (p. 105). Le titre le plus connu, The Stars my Destination, s’inspire de comptines anglaises.

Le récit satirique de Bester a des références littéraires diverses : le nom du héros (grand voyageur) renvoie aux Voyages de Gulliver de Jonathan Swift et l’astéroïde des Sargasses doit peut être sa philosophie à celle de l’île volante de Laputa. On cite souvent Le Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas, à cause du thème général (la vengeance) ou d’épisodes précis (l’éducation en prison) ou du personnage de Robin qui rappelle celui d’Haydée. Mais on peut aussi ajouter Victor Hugo à cause de la défiguration du héros par les Sargassiens, comme Gwynplaine, le héros de L'Homme qui rit, est défiguré par les « Comprachicos ». Mais le Joker de Batman est peut-être un intermédiaire entre Gwynplaine et Gulliver Foyle. Jules César de Shakespeare est cité.

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