Toi l'immortel est un roman de science-fiction sans découpage formel (parties ou chapitres). Ce roman est la version augmentée d'un récit en deux parties paru initialement dans le magazine spécialisé américain Fantasy and Science Fiction en 1965 sous le titre And call me Conrad.... Cette première version du roman fut traduite en 1972 sous le titre Le Voyage infernal. Ce n'est qu'en 1973 que fut traduite en français la version définitive du roman de Roger Zelazny.
Roger Zelazny mêle le genre post-apocalyptique à un travail sur la mythologie grecque antique. Le récit est mené à la première personne, pris en charge par le héros de l'histoire, Conrad Nomikos, dont le but est de proposer à l'humanité une reconquête et réappropriation de son propre patrimoine culturel. Le récit propose également une réflexion sur l'action politique, la résistance et la violence armée, posant la question de la maturité de la race humaine, capable de détruire sa propre planète.
Toi l'immortel reçut en 1966 le prix Hugo, ex-aequo avec le roman Dune de Frank Herbert.
La mythologie - et la mythologie grecque en particulier - est présente à tous les niveaux du récit. Elle détermine les noms des personnages, les références culturelles du récit, influence la pensée des différents protagonistes et structure l'intrigue du roman, avec des personnages et des épisodes tirés des fables anciennes. Quelques exemples tirés du roman :
Le roman fait également quelques allusions à d'autres univers mythiques comme ceux des rituels vaudous (avec le dieu Angelsou) et la mythologie hébraïque avec le Golem.
Le roman propose une longue réflexion sur l'action politique et la violence armée au service d'une lutte idéologique. Si Conrad Nomikos a commencé dans la résistance armée et fait de nombreuses victimes, il a peu à peu privilégié les solutions purement politiques aux problèmes de la Terre, renonçant à une vision violente et inefficace de la solution du problème. Mais au RADPOL, la ligne politique dure n'a jamais changé. Ces deux options diamétralement opposées seront l'un des moteurs de l'intrigue. Pourtant, Conrad Nomikos n'a jamais abandonné ses propres convictions : la Terre ne doit appartenir à personne d'autres qu'aux Terriens, même s'il nourrit certains doutes sur la faculté des humains à préserver leur patrimoine.
La violence apparaît dans le roman sous d'autres formes, thématiquement moins centrales, mais omniprésentes. La violence s'exprime dans les moments de souffrance (Conrad Nomikos), dans la violence psychologique et physique de l'esclavage sexuel subi par les femmes (Diane), dans la violence professionnelle d'un tueur à gages (Hasan), dans la violence des éléments naturels (séisme dévastateur), dans la violence endémique de l'espèce humaine (les Trois Jours), dans la violence et la folie des humains dégénérés restés sur Terre (Kourètes), etc. Ces violences absurdes sont mises en parallèle avec la violence du RADPOL, idéologiquement justifiée par une cause politique.
Dans quelques-unes de ses réflexions, le héros, Conrad Nomikos, se demande à plusieurs reprises s'il ne serait pas souhaitable que la race humaine soit mise sous tutelle extra-terrestre afin d'être guidée par une race plus sage qui lui enseigne le respect d'elle-même. Le héros se demande s'il est prudent et souhaitable de laisser la race humaine livrée à elle-même, alors qu'elle est capable de s'auto-anéantir.
L'idée d'une race tutrice qui prend en charge une race moins évoluée sera exploitée quelques années plus tard par l'auteur américain David Brin dans le cycle de l'Élévation, débuté en 1983 avec Marée stellaire. L'option philosophique de cet auteur est en revanche plus violente et radicale, car les races dominantes asservissent les races inférieures, les modifient génétiquement et les exploitent pendant des siècles.
C'est avec beaucoup d'humour que Roger Zelazny fait de la boisson Coca-Cola l'une des plus grandes découvertes archéologiques que firent les Végans en colonisant la Terre. Si la recette s'était perdue pendant l'Apocalypse nucléaire, elle fut retrouvée quelques décennies plus tard. Le Coca-Cola a un effet très spécial sur le métabolisme végan, si bien que dans le roman, un historien extra-terrestre fait de cette boisson la "seconde plus grande contribution de la Terre à la culture galactique".