Usine Lockheed Martin de Marietta - Définition

Source: Wikipédia sous licence CC-BY-SA 3.0.
La liste des auteurs de cet article est disponible ici.

Bell Aircraft

Les origines

Un projet de « super-bombardier » vit le jour en 1939. Il s'agissait d'un appareil supérieur au B-17 en termes de rayon d'action, d'altitude de vol et de charge, le B-29, dont Boeing réalisait la conception. L'échelle du programme était sans précédent ainsi que son coût, trois milliards de dollars, le programme d'armement américain le plus cher de la guerre. Plusieurs constructeurs allaient se répartir la production du B-29, tout en collaborant au sein d'un consortium pour échanger les informations techniques nécessaires. Bell Aircraft Corporation devait construire son contingent de B-29 dans une usine appartenant à l'Armée, mais qui restait à construire. Afin d'accroître rapidement les capacités de production, le gouvernement avait imaginé un nouveau système, où l'usine était construite par l'État et exploitée par le contractant (government-owned, contractor-operated ou GOCO), qui n'aurait pas la charge d'une énorme usine devenue inutile après la guerre.

Photographie aérienne verticale de l'aérodrome militaire de Marietta en 1944. L'usine Bell se trouve en haut à gauche de la photo. Dimensions : 4,0 km par 3,8 km.

Dès l'attaque sur Pearl Harbor, les milieux d'affaires et la ville d'Atlanta, les autorités locales de Marietta et du comté de Cobb firent du lobbying à Washington pour que l'usine Bell soit construite à Marietta. La ville offrit son aéroport tout neuf, Rickenbacker Field, dont les trois pistes, longues de plus de 900 m et susceptibles d'être allongées, pouvaient accueillir des bombardiers lourds. Le site disposait de 240 hectares de terrains en bordure de la nouvelle route à quatre voies US-41 et était desservi par une voie ferrée et un gazoduc. Un tramway reliait Marietta à Atlanta, où la main-d'œuvre disponible ne manquait pas. Par ailleurs, le taux très bas de population d'origine étrangère était un argument supplémentaire en faveur de Marietta, car on craignait tout autant, dans les usines travaillant pour la défense, les agitateurs socialistes et communistes que les sympathisants nazis.

Le choix de Marietta fut annoncé le 19 février 1942 par le Département de la Défense. Le Corps des ingénieurs militaires (United States Army Corps of Engineers) fit commencer les travaux, confiés à une entreprise d'Atlanta, Robert & Co., le 30 mars 1942. Il s'agissait de bâtir des bâtiments couvrant 367 500 m2 au total, dont 305 000 m2 pour le bâtiment principal B-1, destiné à l'assemblage des B-29. L'usine était du type blackout, c'est-à-dire sans fenêtres, une précaution contre d'éventuelles attaques aériennes, que les spécialistes de l'Armée n'excluaient pas en 1942. Le bâtiment principal exigeait donc un puissant système de climatisation, une technologie relativement nouvelle à l'époque. Le 15 avril 1943, le Corps des ingénieurs militaires remit l'usine à Bell Aircraft. Les bâtiments étaient presque terminés, mais seulement à moitié équipés. Une fois finie, l'usine avait coûté 47 millions de dollars à l'Armée, en bâtiments et équipements.

La Bell Aircraft Company était une entreprise relativement récente, créée par Larry Bell à Buffalo, en 1935. Bell Aircraft fit partie, avec Martin et Fischer Body (une filiale de General Motors) d'un groupe de coordination autour de Boeing, qui avait conçu le B-29. En décembre 1942, un contingent de 700 cadres et techniciens de Bell Aircraft quitta temporairement Buffalo pour des bureaux à Atlanta. Le premier B-29 construit à Marietta devait être livré en septembre 1943 et le 400e exemplaire en janvier 1945. En fait, le premier vol eut lieu le 4 novembre 1943, en raison des retards survenus dans la construction de l'usine et dans la conception de l'avion.

Le personnel

En avril 1943, Bell Aircraft employait 1 179 personnes à Marietta ; en juin 8 000, et à la fin de l'année, 17 100. Deux à trois mille embauches avaient lieu chaque mois, mais il y avait aussi de nombreux départs et beaucoup d'ouvriers se plaignaient des méthodes de direction de Bell Aircraft. Les travailleurs de l'usine étaient représentés par le syndicat United Auto Workers (UAW Local 10), qui ne parvenait pas toujours à obtenir le règlement des problèmes à la satisfaction du personnel. En février 1945, l'effectif de l'usine atteignit 28 158 personnes avant de redescendre. Les travailleurs embauchés chez Bell Aircraft présentaient les caractères suivants :

  • 90 % étaient originaires du Vieux Sud, pour la plupart du nord de la Géorgie ;
  • 37 % étaient des femmes ;
  • 8 % étaient des Afro-Américains ;
  • 6 % étaient des handicapés physiques.

Les possibilités de progression de carrière étaient très limitées pour les femmes et pour les Afro-Américains. Les postes de travail faisaient l'objet d'une ségrégation raciale, mais la situation n'était pas pire qu'ailleurs dans le Sud. En revanche, les salaires était nettement plus élevés.

La société Bell lança divers programmes pour améliorer le cadre de vie et de travail. Des centaines de petites maisons avaient ainsi été construites à proximité de l'usine, mais la majorité du personnel venait travailler en voiture tous les jours. En raison du rationnement de l'essence et des pneus, les travailleurs de Bell devaient se regrouper à quatre ou cinq et un service particulier de l'usine était chargé de coordonner ces déplacements quotidiens. Il fallut aménager d'immenses parkings et une nouvelle route, achevée à la fin de 1943, relia le sud d'Atlanta à l'usine de Marietta. Certains ouvriers habitaient jusqu'à 150 km de l'usine. Un centre de loisirs fut construit par Bell et de nombreuses activités sportives étaient proposées au personnel. Deux cafétérias, ouvertes en juin 1943, servirent jusqu'à 24 000 repas par jour. Bell institua un système de récompenses pour les suggestions de ses employés. Une fois par an (« Family Day »), les familles des travailleurs pouvaient visiter l'usine.

La plupart des ouvriers recevaient une formation accélérée, prise en charge par plusieurs organismes, comme la branche locale de la National Youth Administration, les écoles professionnelles d'Atlanta et des comtés voisins, et la Georgia School of Technology. Cette formation avait également lieu à l'usine Bell, par exemple pour le rivetage, la soudure, le travail des tôles. Des ouvriers déjà expérimentés de l'industrie aéronautique devaient aussi être formés, car le B-29 incorporait des innovations technologiques destinées notamment à améliorer son aérodynamisme : soudure bout à bout des pièces de tôle ou têtes de rivet encastrées.

Outre l'apprentissage de nouveaux métiers, les travailleurs de Bell originaires du Sud furent confrontés à divers chocs culturels, dont le premier, pour ces « Sudistes », était de travailler pour des patrons et sous les ordres de cadres yankees, venus de Buffalo. La sécurité était très stricte et chaque employé était soumis à des horaires rigoureux et au port obligatoire d'un badge d'identification. Autre nouveauté, le travail en 3 x 8, y compris le samedi et le dimanche (les dimanches furent chômés à partir du 18 juin 1945). Le bulletin d'information de l'entreprise, Bell Aircraft News, rendait compte de manière plutôt impartiale des activités syndicales, ce qui était inédit dans les États du Sud.

La fin de la guerre

Entre novembre 1943 et septembre 1945, 663 bombardiers B-29 furent construits à Marietta.

Dès le mois de juin 1945, le rythme de production commença à baisser. Peu après la capitulation du Japon, les contrats de B-29 furent annulés et à la fin du mois de septembre plusieurs milliers de personnes avaient déjà été licenciés. A la fin de l'année, Bell Aircraft mit fin à ses activités à Marietta. Les anciens employés de l'usine, grâce à leurs nouvelles qualifications, n'eurent aucun mal à trouver un nouvel emploi dans les années d'après-guerre, durant lesquelles le chômage demeura faible à Marietta et dans sa région.

L'Air Force Plant 6 resta ensuite inactive jusqu'en 1951. L'immense bâtiment d'assemblage B-1 fut seulement utilisé par l'armée pour y entreposer des machines-outils.

Page générée en 0.143 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise