La violence scolaire fait l'objet d'une forte médiatisation. Celle-ci a largement favorisé l'organisation de la recherche sur ce thème à un niveau européen et mondial.
En 1998 a été créé l’Observatoire Européen de la Violence en Milieu Scolaire. Il fédère des recherches en Allemagne, Angleterre, Belgique, Espagne, Italie, Suisse. Toujours en 1998, l'Assemblée générale des Nations unies proclamait la première décennie du XXe siècle (les années 2001 à 2010) Décennie internationale de la promotion d'une culture de la non-violence et de la paix au profit des enfants du monde. C'est en France que s'est tenue en 2001, la première conférence mondiale « Violence à l'école et politiques publiques ». Très médiatisée et politisée cette conférence a définitivement installé cette thématique en France.
La médiatisation des questions de la violence à l'école, devenue objet de controverse et de surenchère en termes d'efficacité entre les partis politiques, a suscité l'inquiétude des parents, d'où le besoin de quantifier le phénomène par les statistiques.
Élaborées par la Direction centrale de la sécurité publique, les premières statistiques générales sur la violence à l'école datent en France de 1994. La période 1994-1997 est marquée par une augmentation très modérée des actes de violence « envers les élèves » et « envers les personnels ». Surtout, le nombre d'actes recensés demeure limité. En 1997, les violences « envers les élèves », les plus nombreuses, ont concerné moins de 1500 élèves. Rapportée au nombre d'élèves, cette violence scolaire est très inférieure à celle que connaît la société des adultes.
Les violences à l'encontre des personnels de l'éducation nationale sont encore moins fréquentes. Ainsi en 1997, moins de 300 agressions sont constatées. De telles données justifient pleinement le constat de l'inspection générale de l'administration de l'Éducation nationale de l'époque. Dans son rapport de 1998, celle-ci considère que la violence constitue un phénomène marginal : « l'immense majorité des établissements est épargnée par les manifestations de violence avérée » ; « dans un environnement tendu, l'établissement apparaît, par contraste, comme une zone préservée. » (Ministère de l'éducation nationale, 1998).
Ces premières statistiques, plutôt réconfortantes, n'ont pourtant pas limité le succès médiatique du thème de la violence à l'école. Ce succès contribue à expliquer la mise en place du logiciel SIGNA à la rentrée 2001 dont l'objet est le recensement des violences scolaires. Il existe plusieurs façons de rendre compte des données recueillies par chaque établissement et globalisées par le ministère.
Plus la statistique est présentée d'une façon brute, moins sa signification est claire. Par exemple, Houllé (2005) indique que 80 000 incidents ont été signalés en 2004-2005. Le chiffre paraît énorme. On en comprend mieux la signification quand ces incidents sont rapportés au nombre d'établissements : 14 incidents par an en moyenne. Une autre information, plus éclairante encore, est donnée par le nombre moyen d'incidents pour 100 élèves : 2,4 en 2004. Un phénomène qui paraissait initialement massif devient brusquement mineur. Il l’est davantage encore si on ne retient dans ces violences que les plus graves. On retrouve les conclusions de l'inspection générale : l'établissement scolaire apparaît « comme une zone préservée. »