Abbaye Notre-Dame du Val | |||
---|---|---|---|
| |||
Latitude Longitude | |||
Pays | France | ||
Région | Île-de-France | ||
Département | Val-d'Oise | ||
Ville | Mériel et Villiers-Adam | ||
Culte | Catholique romain | ||
Type | Abbaye | ||
Rattaché à | Ordre cistercien | ||
Début de la construction | 1125 | ||
Fin des travaux | XVIIIe siècle | ||
Style(s) dominant(s) | Roman cistercien | ||
Protection | Classé MH | ||
Localisation | |||
| |||
modifier |
L’abbaye Notre-Dame du Val est une ancienne abbaye cistercienne située sur le territoire des communes de Mériel et Villiers-Adam dans le Val-d’Oise, à trente kilomètres au nord de Paris. Elle est la plus ancienne fondation cistercienne d’Île-de-France, dès 1125, soit plus d’un siècle avant les abbayes voisines de Royaumont et de Maubuisson. Devenue carrière de pierres et ruinée en 1822 puis en 1845, il en subsiste aujourd’hui plusieurs bâtiments dont un des plus beaux dortoirs monastiques médiévaux de France et une galerie du cloître. L’abbaye du Val est classée monument historique depuis 1947 pour le bâtiment des moines, et depuis 1965 pour les autres corps de bâtiment. Le domaine d’une superficie de cent-vingt hectares à l’orée de la forêt de L’Isle-Adam constitue un site inscrit depuis 1950.
Des moines cisterciens en provenance de l’abbaye Notre-Dame de la Cour-Dieu, à Ingrannes près d’Orléans, s’installent dans un site boisé et isolé à l’orée de la forêt de L’Isle-Adam, le Vieux Moutier, à proximité du ru du Vieux Moutiers, petit affluent de l’Oise. Ils y fondent l’abbaye du Val en 1125, un siècle avant les abbayes royales voisines de Royaumont, fondée par saint Louis, et de Maubuisson, fondée par sa mère Blanche de Castille. Néanmoins la première installation est des plus simples, seulement constituée de quelques abris, probablement des simples cabanes. Ils défrichent alors la terre et assainissent les marécages environnants.
En 1136, Ansel Ier de l’Isle, seigneur de L’Isle-Adam, donne une grande superficie de terres à l’abbaye, à proximité de leur installation initiale, dans un lieu nommé le Val Sainte-Marie, permettant ainsi sa fondation véritable, donation confirmée par le roi Louis VII dans un acte rédigé l’année suivante à Fontainebleau. En 1137, Thibaut, le premier abbé (1137-1158) arrive de la Cour-Dieu. Dès ce moment, les donations à la communauté de la part des seigneurs de la région affluent, provoquant une augmentation considérable du patrimoine foncier de l’abbaye. Ces donations sont constituées de terres, de bois, de vignes, de maisons, mais également de rentes en argent, de divers droits puis d’une exemption de la gabelle.
En 1156, la cession d’une carrière par le seigneur de Méry, Dreux Buffé, lui-même devenu moine, est à l’origine d’un vaste programme de reconstruction. Au XIIe siècle et jusqu’au milieu du XIIIe siècle, l’abbaye connaît son apogée. Elle est sous la protection des rois de France ainsi que des seigneurs de L’Isle-Adam et de Montmorency. L’édifice sert d’ailleurs de lieu de sépulture à nombre de seigneurs de L’Isle-Adam. Plusieurs rois de France y séjournent lors de leurs déplacements à l’abbaye de Royaumont, Senlis ou Compiègne. Philippe VI de Valois séjourne à l’abbaye en 1333, puis en 1338 et 1344. Charles V s’y trouve en 1366. Mais survient alors la guerre de Cent Ans qui ruine l’abbaye comme toute la région. Les moines reviennent et réparent les bâtiments laissés à l’abandon. Mais certains abbés ont une vie dissolue et les querelles divisent la communauté. En 1507, Claude de Dinteville est le dernier abbé régulier élu par ses frères. Le régime électif laisse alors la place en France à la commende.
Le premier abbé commendataire n’est autre que l’évêque de Limoges, comte et évêque de Beauvais, Charles de Villiers de L’Isle-Adam, nommé par le roi François Ier en 1509. Grand prélat, il rétablit la discipline, restaure les bâtiments et assainit les finances. Mais à sa mort en 1535, l’abbaye retombe en décadence. En 1580, l’abbé d’Arles de Lisy ne parvient plus à faire respecter l’ordre : il abandonne l’abbaye et devient calviniste. Plusieurs moines désertent le lieu à sa suite. L’abbaye est finalement mise sous séquestre par le roi Henri III, qui la donne à la nouvelle congrégation des feuillants qu’il estime. Il donne l’abbaye en commende à Jean de La Barrière, le fondateur de l’ordre, qui établit un nouveau monastère rue Saint-Honoré à Paris. Mais le don n’est exécuté qu’en 1611 à la suite des guerres de religion. Au XVIIe siècle, les bâtiments ne constituent plus qu’un simple prieuré desservi par des religieux sous la conduite d’un prieur. En 1768, l’abbaye ne compte plus que huit religieux ; en 1790, il ne reste que six prêtres et un frère.
En 1790, Monsieur de Bridelle, le dernier abbé commendataire, ne parvient pas à maintenir le monastère et l’abbaye cesse son activité religieuse. La vente de l’abbaye est décidée, et une estimation des bâtiments est réalisée les 11, 12 et 13 novembre 1790. L’ensemble est alors évalué à 28 405 livres. Elle est déclarée bien national et vendue par adjudication le 26 janvier 1791 à Louis-Nicolas Varlet, un maître drapier, rue Tirechape à Paris, pour la somme de 58 800 livres. Dans la quinzaine suivant l’adjudication, 20 % sont réglés et le solde est versé sur douze ans à 5 % l’an. Le 25 mars de la même année, le dernier moine, dom Nicolas de Sainte-Marie, quitte définitivement le Val pour rejoindre sa famille à Orléans, où il décède en 1807. Les bâtiments deviennent une propriété privée jusqu’à aujourd’hui. Sous l’Empire, par un acte du 19 août 1806, le comte Michel Regnaud de Saint-Jean d’Angély échange une maison à Eaubonne contre le domaine de l’abbaye du Val. En 1824, l’ensemble est partagé entre trois propriétaires, MM. Léemans, Bure et Récappé.
L’ensemble monastique reste quasiment intact à l’exception de l’église, détruite vers 1822, mais 1845 est une année tragique pour l’abbaye : tous les bâtiments conventuels sont vendus par Maître Isidore Récappé, notaire à Argenteuil, à un promoteur parisien, M. Lucien Puteaux pour la somme de 40 000 francs. L’abbaye est alors transformée en carrière de pierre afin d’édifier les immeubles du quartier des Batignolles à Paris. Le palais abbatial du XVe siècle est détruit, ainsi que trois galeries du cloître et le grand comble du dortoir des moines. Mais l’opération n’est pas rentable à cause des frais de transport, et l’entrepreneur cesse ses démolitions. Le bâtiment des convers n’est plus que ruines ; seul le bâtiment des moines est encore debout, mais dépourvu de toit.
En 1879, une annonce est publiée dans Le Monde Illustré : « Adjudication en la Chambre des notaires de Paris, de l’abbaye du Val, comprenant : maison, ferme, bois, moulin, sources, carrières, 120 hectares, belle chasse » avec une mise à prix fixée à 500 000 francs. En 1886, l’ensemble est racheté par M. Ferdinand Chauchar, conseiller référendaire à la Cour des Comptes, qui consolide ce qui peut encore l’être et commence quelques restaurations. Puis divers propriétaires se succèdent encore. En 1956, M. Robert Pradeaux se porte acquéreur. De 1961 à 1963 de nouvelles restaurations sont effectuées.