Abbaye Sainte-Croix de Quimperlé | |
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Latitude Longitude | |
Pays | France |
Région | Bretagne |
Département | Finistère |
Ville | Quimperlé |
Culte | Catholique romain |
Type | Abbaye |
Début de la construction | 1029 |
Protection | Monument historique |
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L'abbaye de Sainte-Croix de Quimperlé fut fondée en l'an 1029 à l'emplacement d'un lieu nommé villa Anaurot donnant naissance à la ville de Quimperlé, dans le Finistère. Anaurot était réputée être une ancienne abbaye fondée par saint Gurloes dit aussi saint Gunthiern. La date de la fondation est controversée: si 1029 est la date indiquée par le cartulaire de Quimperlé rédigé en 1120, les précisions incluses dans ce texte, les personnages indiqués, laissent penser à beaucoup d'historiens une date vers 1050. Sainte-Croix suivait la règle de saint Benoît comme toutes les abbayes bénédictines.
La tradition rapporte que la fondation du monastère fait suite à la guérison miraculeuse du comte de Cornouaille Alain Canhiart, alors qu'il était atteint de langueur. Une nuit dans un songe, il vit descendre au-dessus de son lit une croix brillante comme de l'or et se réveilla soudain soulagé de ses souffrances. Judith son épouse et Orscand son frère à qui fut rapporté ce songe miraculeux le pressèrent alors de bâtir une église et un monastère consacré à la Saint-Croix. Le 14 septembre 1029 Saint Gurloës fut béni premier abbé de l'abbaye Sainte-Croix de Quimperlé par l'évêque de Nantes.
Saint Gurloes, qui était prieur de Redon, fut le premier abbé à la tête de l'abbaye jusqu'à sa mort en 1057. Sûrs de l'appui du pape Grégoire VII, les moines tentèrent d'obtenir la canonisation de leur premier abbé et élevèrent son tombeau dans la crypte avant même que la décision ne fut prise; or le pape suivant Urbain II refusa la canonisation car nul ne doit être inscrit au canon des saints "s'il n'y a des témoins pour attester avoir vu de leurs yeux ses miracles et si cela n'est confirmé par le commun consentement d'un synode plénier". La ferveur populaire en fit touefois un saint appelé en breton sant Ourlou et il devint par homophonie avec le mot breton urlou ("goutte"), le saint guérisseur de la goutte, en breton droup sant Ourlou (mal de saint Ourlou). Son culte est resté limité à quatre chapelles situées à Clohars-Carnoët, Le Faouët, Languidic et Lanvénégen.
La dynastie comtale des comtes de Cornouaille, devenus comtes de Nantes en 1054 et ayant reçu par mariage le duché de Bretagne en 1066, accrut la richesse de l' abbaye par de nombreuses donations de Nantes à Locronan, par des privilèges variés (droits seigneuriaux sur la ville de Quimperlé, droit de juridiction épiscopale sur toutes les possessions de l'abbaye) et en fit sa nécropole. Benoît (cadet de la famille comtale), moine de l'abbaye de Landévennec en devint alors l'abbé, charge qu'il cumulera bientôt avec celle d'évêque de Nantes jusqu'en 1114. Au milieu du XIIème siècle, l'abbaye Sainte-Croix est en importance la troisième ou la quatrième de Bretagne sur les plans temporel et spirituel après Notre-Dame en Saint-Melaine de Rennes, l'Abbaye Saint-Sauveur de Redon de Redon et peut-être Saint-Gildas-de-Rhuys.
Dans les années 1124-1128, le moine Gourheden établit le cartulaire de Quimperlé, alors qu'un conflit opposait l'abbaye à celle de Redon à propos de la possession de l'île de Belle-Île. C'est par ce cartulaire qu'est connue la fondation de l'abbaye Sainte-Croix qui est un recueil de chartes de propriétés au monastère; le cartulaire raconte aussi la vie de Sainte Ninnoc. Emporté pendant la Révolution française par le cellerier de Sainte-Croix, Pierre Daveau, il fut donné à un médecin quimperlois, puis par la suite vendu à un bouquiniste parisien et revendu à un lord anglais, ce qui explique qu'il est actuellement conservé à la British Library à Londres.
L'abbatiale est reconstruite au XIIe siècle et son cloître est refait au XVIIe siècle. L'église abbatiale a dû être reconstruite par Joseph Bigot après l'effondrement de la coupole centrale en 1862. Le chevet et le chœur des moines sont les traces les plus anciennes et sont datés du début du XIIe siècle.
En 1665, l'abbaye est réformée par les Mauristes.
L'abbaye a été à l'origine de la création de la ville de Quimperlé grâce à la protection que les murailles entourant l'abbaye, à l'île artificiellement créée dans la presqu'île de confluence par la création de douves rejoignant l'Ellé et l'Isole, par l'attraction du minihy ("sauveté monacale") de Cloz Gurtheirn et la protection papale. Mais l'abbaye fut le véritable seigneur féodal de la ville dont l'abbé était à la fois l'administrateur, le juge et le voyer, assurant la perception des impôts.