Abraham ibn Ezra - Définition

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Introduction

Le Rav Abraham ben Meir ibn Ezra (hébreu אברהם אבן עזרא, arabe Abu Isḥaḳ Ibrahim ibn al-Majid ibn Ezra) est un rabbin andalou du XIIe siècle (Tudèle, circa 1092 - Calahorra, circa 1167).

Grammairien, traducteur, poète, exégète, philosophe, mathématicien et astronome, il est considéré comme l’une des plus éminentes autorités rabbiniques médiévales.

Éléments biographiques

Première période

Membre de la famille Ibn Ezra, qui jouit d'un grand renom en Espagne, Abraham ibn Ezra serait, selon Moïse ibn Ezra (dont il est probablement un parent éloigné), natif de Tudèle et se serait installé ensuite à Cordoue. Abraham ibn Ezra mentionne tantôt l'une, tantôt l'autre comme le lieu de sa naissance.

La vie d'Abraham ibn Ezra se divise en deux périodes : dans la première, Abraham ibn Ezra se construit une réputation de poète et de penseur, dans son Espagne natale. Il y fréquente assidûment les plus prestigieux érudits de son temps, dont Joseph ibn Tzaddik, Juda Halévi, avec lequel Abraham ibn Ezra aurait voyagé dans les communautés d'Afrique du Nord, et Moïse ibn Ezra. Ce dernier fait les louanges du philosophe religieux (mutakallim) et de l'homme éloquent, tandis qu'un jeune contemporain, Abraham ibn Dawd, le qualifie, à la fin de sa chronique de dernier grand homme à avoir fait la fierté du judaïsme espagnol, et de grand poète, qui « a renforcé les mains d'Israël avec des poèmes et des mots de consolation. »

Selon de nombreuses sources, Abraham a passé le plus clair de cette période à s'occuper de poésie, mais il poursuit également d'autres savoirs scientifiques, comme l'indique sa production littéraire dans sa seconde période. Son commentaire biblique, notamment, comprend nombre de ses discussions philosophiques avec Juda Halévi d'une part, et de ses débats avec des représentants du karaïsme, un mouvement juif scripturaliste, adversaire du judaïsme rabbinique traditionnel, auquel se rattache Ibn Ezra.

Ibn Ezra ne donne aucune indication précise quant à sa famille. Cependant, on peut déduire de la glose dans son long commentaire sur Exode 2:2 qu'il avait eu cinq enfants, dont seul Isaac est mentionné, les autres étant sans doute morts en bas âge. Isaac ibn Ezra, qui était peut-être le beau-fils de Juda Halevi, est à bord du bateau qui mène ce dernier en Égypte. Il se sépare alors de lui et fait route vers Bagdad, où il compose en 1143 des poèmes à la gloire de son maître Abu al-Barakat Hibat Allah. Peu après, il le suit dans sa conversion à l'islam, au grand désarroi de son père. C'est probablement dans l'espoir de le ramener au judaïsme qu'Abraham ibn Ezra effectue un premier voyage en Orient (Égypte, terre d'Israël et Irak), bien que la conquête almohade ait également pu y jouer un rôle. Au cours de ce voyage, il rachète le terrain de la synagogue Ben Ezra du Caire (également appelée synagogue al-Gueniza, car sa gueniza est la plus importante et plus étudiée au monde) pour 20 000 dinars

Seconde période

Dans la seconde partie de sa vie, Ibn Ezra est un solitaire sans attaches, pérégrinant au gré des vents, résidant à chaque étape pendant plusieurs années.

Abraham ibn Ezra se considère comme un exilé, rappelant souvent qu'il est Abraham ibn Ezra l'Espagnol (haSefaradi). Il évoque son amour pour sa patrie perdue, notamment dans une élégie sur les persécutions des Almohades, qui commencent en 1142 ; il y énumère les communautés d'Espagne et d'Afrique du Nord détruites. Par ailleurs, il écrit dans son commentaire sur le Lévitique, à propos de la prescription des quatre espèces, dont il faut prendre une branche ou un fruit pendant la fête des Tabernacles, que « celui qui est exilé des pays arabes vers les terres d'Edom (l'Europe chrétienne) comprendra, s'il a des yeux, la signification profonde de ce commandement. »
Dans l'un de ses poèmes les plus connus, Nedod Hessir Oni, il se décrit comme un étranger, écrivant des livres et révélant les secrets de la connaissance. De fait, il est le seul exemple connu d'érudit errant à avoir développé une activité littéraire aussi riche et importante dans des conditions aussi peu favorables.

C'est en 1140 que commencent ses voyages, Ibn Ezra ayant composé plusieurs livres à Rome cette année, afin de propager la science judéo-espagnole parmi les Juifs italiens, qui n'entendent rien à l'arabe. Il en fera de même à Lucques, Mantoue, Vérone, avant de se rendre en Provence puis vers le nord de la France, et en 1158, en Angleterre, Ibn Ezra ayant séjourné à Londres et à Oxford.

Abraham ibn Ezra en Provence

Ibn Ezra se rend en Provence avant 1155, faisant halte dans la ville de Béziers, où il écrit un livre sur les Noms divins, dédicacé à ses patrons, Abraham ben Ḥayyim et Isaac ben Judah. Yedaia Bedersi, natif de la ville, parle de son séjour avec enthousiasme, plus de 150 ans après les faits. Juda ibn Tibbon de Lunel, contemporain d'Ibn Ezra, atteste lui aussi de l'importance historique que prit pour les Juifs de Provence le séjour d'Ibn Ezra dans le Sud de la France.
Ibn Ezra est à Narbonne en 1139 ou peu avant, et fait ensuite route vers le Nord de la France.

Abraham in Ezra dans le Nord de la France

Ibn Ezra effectue un séjour de plusieurs années dans le Nord de la France, faisant d'abord étape à Dreux, aux confins du domaine royal et de la Normandie (une erreur de copie du nom hébraïque de cette ville, דרוס Dros devenu רדוס Redos, et corrigé en רודס Rodos ou Rodes, sera à l'origine d'une croyance erronée qu'il soit allé à Rhodes ou à Rodez). À Dreux, Ibn Ezra complète plusieurs travaux exégétiques et, après avoir récupéré d'une maladie, entreprend un nouveau commentaire du Pentateuque. C'est également dans le Nord de la France, peut-être à Rouen, qu'Ibn Ezra prend contact avec une autre figure majeure de son temps, le tossafiste Rabbenou Tam, et rédige un poème faisant l'éloge du frère de celui-ci, le Rashbam. Cependant, il critiquera vivement ce dernier dans la lettre sur le Sabbath, écrite en 1158 à Londres à l'intention d'un disciple.

La fin du voyage

En 1160, Abraham ibn Ezra est de nouveau en Provence, et traduit à Narbonne un traité astronomique à partir de l'arabe. Si les dates données dans le poème concluant son commentaire sur le Pentateuque sont correctes, Ibn Ezra serait mort à Rome, où il aurait également entamé son dernier traité grammatical, Safa Beroura, demeuré inachevé. Les vers d'introduction à ce livre, dédié à son disciple Salomon, ont en effet tout d'un testament : il y exprime l'espoir que ce livre « soit un legs pour Abraham le fils de Meïr, et qu'il préserve sa mémoire de génération en génération. »

Abraham Zacuto avance, sans preuves, qu'Ibn Ezra serait mort à Calahorra, à la frontière de la Navarre et de l'Aragon, le 23 janvier 1167.

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