L'Aéroclub Féminin la Stella est un club réunissant les femmes aéronautes sportives du début du XXe siècle. Cette association est l'issue d'une longue lutte féminine pour être reconnue en tant que professionnelles compétentes et sportives accomplies.
Au début de l'Aérostation, les vols étaient souvent des vols de démonstration, des vols commerciaux où l'on faisait le spectacle de la femme qui en tant que professionnelle surpassait bien souvent l'homme dans son art.
Les femmes s'affirment dans la pratique aérostatique dès le début du XIXe siècle malgré les obstacles. Les hommes trouvent cela contre-nature mais cela n'empêche pas leurs femmes de suivre les exemples de mesdemoiselles Thible et Sage qui s'envolèrent dés 1784 et 1785. Les autorités tentent de mettre des bâtons dans les roues des femmes aéronautes pour qu'elles renoncent à leurs projets qui d'après eux sont contraires à la morale.
Sous le Directoire, le célèbre André-Jacques Garnerin, aéronaute et premier parachutiste au Monde, fait courir le bruit qu'il embarquera la célèbre comédienne de l'époque Célestine Henry. L'académie des Sciences s'en offusque et invente que les organes féminins ne sont pas assez solides pour sortir indemnes d'une telle expérience. Les autorités appuient ce point de vue en défendant en outre que le vol d'un équipage mixte est réprouvé par la morale et les bonnes mœurs et le vol est donc interdit.
Cependant nous sommes en 1798, au lendemain de la Révolution et l'Administration Départementale tranche en faveur de Monsieur Garnerin et Mademoiselle Henry : que deux personnes de sexes opposés montent dans la nacelle d'un aérostat n'est pas plus amoral que deux personnes de sexes opposés montant dans la même voiture, de plus une femme majeure est en droit d'attendre les mêmes privilèges qu'un homme. Cette décision fera par la suite force de loi et encouragera les femmes à devenir aéronautes.
Ainsi en 1805, Sophie Blanchard, l'épouse du célèbre aéronaute Jean-Pierre Blanchard devient la première aéronaute à voler régulièrement en tant que pilote. Madame Blanchard sera même pilote professionnelle de ballon puisqu'elle organisera des vols contre rémunération.
Cet enthousiasme se poursuivra jusqu'à la fin du Second Empire. La tenue des aéronautes étant tout aussi observée que leurs performances...
On constate au XIXe siècle que 90% des ascensions sont effectuées par des aéronautes professionnels. Le tableau suivant montre que l'aérostation féminine est plus professionnelle que l'aérostation masculine :
Comme nous l'avons vu précédemment de nombreuses femmes aéronautes sont des épouses d'aéronautes, mais elles sont aussi souvent des filles ou des nièces d'aéronautes comme Elisa Garnerin, la nièce d'André-Jacques Garnerin qui effectuera 39 ascensions et sauts en parachute entre 1815 et 1835. Les familles les plus connues sont les Garnerin (André-Jacques, Olivier, Jeanne et Elisa) les Blanchards (Sophie et Jean-Pierre), les Robertson, les Green, les Lartet, les Poitevin (mari et femme) et les Godard. Ces familles sont souvent d'extraction sociale modeste.
C'est d'ailleurs Sophie Blanchard, ayant effectué plus de 67 ascensions et des descentes en parachute en France et en Italie après la mort de son mari en 1809, qui remplacera André-Jacques Garnerin en tant qu'Aérostier Officiel des fêtes du Gouvernement durant le Premier Empire jusqu'à sa mort accidentelle, en 1819 à Paris, dans l'incendie de son ballon alors qu'elle tirait des fusées "vénitiennes" lors d'une ascension nocturne.
Au début de la IIIe République, l'aérostation se veut aérostation sportive, scientifique ou militaire. Les femmes sont exclues d'office par les hommes qui veulent se démarquer de l'aérostation-spectacle, ils reprochent même aux femmes de s'être prostituées dans la pratique professionnelle de l'aérostation et de fait les femmes se retrouvent au chômage technique. Ajoutons à cela le fait qu'après la guerre franco-prussienne les médecins prennent conscience de la dénatalité et le rôle de la femme dans cette société est donc plus que jamais de devenir épouse puis mère.
Néanmoins les femmes persistent, en moindre nombre et discréditées par leurs homologues masculins mais présentes tout de mêmes telles la comédienne Léa d'Asco en 1887 et la musicienne Camille du Gast en 1895.
L'Aéroclub de France créé en 1898 ne voyait pas les choses autrement que la majorité même si l'ont vit naître un Challenge des Femmes aéronautes en 1902 qui consistait en une épreuve de distance où les femmes restaient des passagères de pilotes brevetés hommes. Ces passagères étaient des personnes de la haute société. La compétition se renouvela en 1903 dans les mêmes conditions.
Cependant l'Aéronautique Club de France (ACdF) contrairement au misogyne Aéroclub de France, comptait une section féminine ou Comité des Dames. Madame Emile Carton, épouse d'un constructeur aéronautique célèbre, membre du Club, effectua le 6 mai 1906 une première ascension seule à bord et en août de la même année Marie Surcouf, présidente du Comité des Dames de l'Aéronautique Club de France et épouse d'un ingénieur aéronautique membre du club, organisa un vol entièrement féminin.
On tenta de créer un club d'aéronautes féminins, d'abord le Femina Club Aéronautique le 1er septembre 1908 mais ce fut un échec puis Marie Surcouf créa la Stella le 10 février 1909 réunissant nombre d'aéronautes de l'Aéronautique Club de France. Les hommes étaient admis en tant que membres mais n'avaient pas le droit de faire partie des membres décisionnaires de l'association, ils pouvaient accompagner leurs épouses en tant que passagers.