Alfred Naquet, né à Carpentras (Vaucluse) le 6 octobre 1834 d'une famille juive comtadine et mort à Paris le 10 novembre 1916, est un médecin, chimiste et homme politique français, promoteur du divorce judiciaire et partisan (Les juifs et la loi) de la séparation de l'Église et de l'État.
Il fait ses études de médecine à Paris et enseigne par la suite la chimie organique à la faculté de médecine. En 1867, il est condamné pour délit de société secrète. Interné, il est à nouveau condamné en 1869.
Aux côtés des frères Reclus, Jules Guesde, Benoît Malon, Ferdinand Buisson, Victor Dave, James Guillaume, Alfred Naquet est membre de L'Alliance internationale de la démocratie socialiste fondée en septembre 1868 par Michel Bakounine. Celle-ci affirme vouloir avant tout l'abolition définitive et entière des classes et l'égalisation politique, économique et sociale des individus des deux sexes. L'Alliance reconnaît que tous les États politiques et autoritaires existants devaient disparaître dans l'union universelle des libres fédérations, tant agricoles qu'industrielles.
Naquet décide ensuite de se réfugier en Espagne. À son retour, il devient député du Vaucluse en 1871 et siège à l’extrême gauche à l'Assemblée nationale, mais démissionne bientôt pour s'installer à Avignon. En 1883, il est nommé sénateur du Vaucluse. Étonnamment, cet israélite mystique et socialiste devient l’un des principaux animateur du parti boulangiste, qui inclut de nombreux antisémites (Jules Delahaye, Lucien Millevoy, Maurice Barrès...) et conseiller politique du général Boulanger. Il incite même ce dernier à faire un « coup de force », ce qui le fait exclure du groupe de sénateurs de l'extrême gauche.
En 1889, il est élu député boulangiste, représentant de l'aile gauche boulangiste. Réélu en 1890, il réclame en vain la révision de la Constitution et il fuit en Angleterre. De Londres, il supplie en vain Boulanger de se constituer prisonnier, croyant que ce geste pourrait ranimer la flamme boulangiste. Il serait par ailleurs franc-maçon réf. à confirmer : . En mai 1895, il fait un discours dénonçant l'incohérence de l'antisémitisme, défendant par ailleurs « la fusion » des Juifs « dans la grande masse des citoyens français ».
Alfred Naquet est poursuivi lors de l'affaire de Panama et acquitté en 1898. Il abandonne alors la vie politique et se consacre à l'écriture d'ouvrages socialistes et de traités de chimie. Il devient la cible des antisémites et des caricaturistes qui le représentent souvent en Quasimodo. Léon Daudet en fait l'une de ses cibles de prédilection lorsqu'il est question de défendre la famille et la patrie, conformément au « nationalisme intégral » prôné par l'Action française. Partisan de l’amour libre, ennemi du mariage, Naquet parvient à faire passer sa loi sur le divorce en France, le 27 juillet 1884. Il s'attire les foudres des milieux catholiques et traditionalistes, qui tirent prétexte de ses origines juives, de son implication dans l'affaire de Panama et de ses liens avec les anarchistes pour l'accuser de conspiration. Les antisémites s'en prennent à lui comme auteur de la loi sur le divorce et le surnommant « l'ange du divorce et le démon du mariage ». Une caricature est publiée dans La Libre Parole le 12 août 1893 avec la légende : « Un qui ne se présente plus ». D'autres caricatures paraissaient déjà dans la revue Le Voleur en 1882.
Vers 1875, alors que flotte un certain esprit de liberté, le député Alfred Naquet dépose successivement trois propositions de loi dans le sens du divorce pour faute, afin de rétablir celui-ci, naguère autorisé par la loi de 1792. Après plusieurs échecs, il parvient à ouvrir de nouveaux débats à l'Assemblée, le 26 mai 1884. S'y affrontent deux philosophies : la tradition catholique contre l'esprit des Lumières. Le conflit est très violent et tourne au débat politique, où le bon sens est vite oublié.
Lors de l'ultime vote, 355 députés votent pour et 115 contre. Voté par la gauche et le centre-gauche, le texte est définitivement adopté par le Sénat le 27 juillet 1884. Les catholiques, pour qui la séparation de corps doit être maintenue, ont voté contre.
Cette loi n'établit pas le divorce par consentement mutuel ou pour incompatibilité d'humeur. Il faut des excès, des sévices, des injures graves ou la condamnation à une peine addictive ou infamante, qui rendent intolérable le lien du mariage, pour que le divorce soit prononcé, à la demande du mari ou de la femme. La preuve de la faute est donc indispensable. Le divorce est prononcé soit aux torts exclusifs, soit aux torts partagés. L'« innocent » peut prétendre à une pension et à s'occuper des enfants.
Cette loi fait l'effet d'un choc et s'en suivra des démissions massives dans la magistrature. Elle est en effet très libératrice pour la femme car l'homme a le pouvoir économique... et pourtant, elle va règlementer le divorce pendant presque cent ans, car les modifications subies entre temps seront mineures.