Les classes préparatoires littéraires constituent en France une des trois filières des classes préparatoires aux grandes écoles -- les deux autres étant les filières économique et commerciale et scientifique. Elles préparent en deux ans aux concours littéraires d'admission des Écoles normales supérieures, au concours B de l'École nationale des chartes (la section A se prépare dans des classes préparatoires spécifiques, voir Classe préparatoire à l'École des chartes), aux concours des écoles supérieures de commerce et de gestion et aux concours de certains Instituts d'études politiques.
En argot scolaire, khâgne est le surnom qui fut donné en raillerie à ces classes préparatoires, par les élèves préparant les écoles militaires (voir plus bas). Le terme désigne plus précisément la deuxième année qui, officiellement Première Supérieure, était autrefois la seule qui existait. La première année (officiellement Lettres Supérieures), qui s'est intercalée entre la Terminale et la Première Supérieure, fut baptisée hypokhâgne (du grec hypo, « en-dessous »).
Jusque vers 1890, les bacheliers préparaient le concours de l'École normale supérieure en retournant en classe de rhétorique (actuelle classe de Première) avec les élèves non-bacheliers, où les professeurs leur donnaient des exercices plus difficiles qu'aux autres. Le lycée Louis-le-Grand créa une classe spéciale pour regrouper ces élèves de première « vétérans » : la classe de Première supérieure (ou rhétorique supérieure, ou rhétosup). Le lycée Henri-IV ajouta ensuite la classe de Lettres supérieures (Lettres sup) avant la Première supérieure. La classe de Lettres supérieures puis celle de Première supérieure constituaient désormais une préparation à l'ENS sous forme d'une prolongation en deux ans des études en lycée, après la classe de rhétorique (Première) et la classe de philosophie (actuelle Terminale). Ce système finit par devenir la règle au cours des années 1930.
Il existe deux types d'hypokhâgne : lHypokhâgne A/L qui amène de façon indifférenciée à une Khâgne A/L-Ulm ou à une Khâgne LSH-Lyon ainsi que lHypokhâgne B/L qui n'amène qu'à la Khâgne B/L. Il existe donc trois grands types de khâgnes : les khâgnes B/L, les khâgnes Ulm ou A/L et les khâgnes Lyon ou LSH, chacune préparant respectivement un des trois types de concours suivants :
Depuis la session 2009, une banque d'épreuves littéraires (BEL) a été mise en place pour rapprocher les épreuves écrites des deux ENS Ulm et ENS de Lyon, l'École nationale des Chartes et, à plus ou moins court terme, faire adhérer d'autres écoles au système (écoles de commerce et de management, IEP, etc.) La traduction concrète de cette réforme est qu'il désormais possible aux étudiants de présenter les concours des deux ENS Ulm et Lyon (et les trois ENS pour les spécialistes d'anglais) quel que soit le type de khâgne dans lequel ils suivent leurs études. L'adhésion d'autres écoles à la BEL est en cours de négociation, mais l'ISMaPP a rejoint la banque commune dès la première session en 2009 et l'École nationale des Chartes en 2010.
Outre ces grands groupes d'épreuves auxquels les trois khâgnes respectives sont appelées à préparer leurs étudiants, il existe d'autres concours spécifiques auxquels certaines catégories d'élèves peuvent prétendre : le concours Anglais de l'ENS de Cachan pour les khâgneux LSH spécialisés en Anglais, les écoles de commerce, etc.
Une première distinction se fait entre les khâgnes de Lettres dites A/L ou LSH et les khâgnes de Lettres et Sciences Sociales dites «B/L», qui dispensent un enseignement supplémentaire en mathématiques et en sciences sociales, mais où la géographie, le latin, la langue vivante B sont facultatifs (en philosophie, en français et en histoire, l'enseignement des B/L est similaire à celui des autres khâgnes). Ces khâgnes préparent au concours B/L (« lettres et sciences sociales ») de l'École normale supérieure, rue d'Ulm à Paris (25 postes au concours), le concours Sciences Sociales de l'ENS de Cachan (17 postes), et le concours de l'ENS de Lyon série SES (5 postes).
Parmi les autres khâgnes, celles de Lettres, on distingue les khâgnes modernes (ou khâgnes Lyon-LSH) et les khâgnes classiques (ou khâgnes A/L ou khâgnes Ulm).
L'enseignement obligatoire inclut la géographie et non les langues anciennes. La totalité des épreuves se fait sur un programme qui change tous les ans ; les coefficients de l'option rendent le concours plus spécialisé que celui de l'ENS (rue d'Ulm). Cette formation concerne chaque année environ 3 000 élèves.
Contrairement à une croyance assez répandue, la distinction entre classique et moderne par laquelle on oppose khâgnes A/L et khâgnes LSH ne renvoie pas à l'opposition entre lettres classiques et lettres modernes, puisque l'option lettres classiques existe aussi au concours LSH, tout comme celle de lettres modernes au concours A/L. Elle renvoie en fait à la distinction entre “enseignement classique” et “enseignement moderne”, introduite par la réforme de Ribot, ministre de l'Instruction publique, en 1902 : autrefois, toutes les classes des lycées étaient "classiques", c'est-à-dire que les langues anciennes étaient obligatoires (y compris pour les profils les plus scientifiques), et cette réforme mena à la création de sections dites "modernes", c'est-à-dire sans langue ancienne – sections alors méprisées. Cette distinction s'est longtemps maintenue ; "classique" en est venu à signifier "avec langue ancienne" et "moderne" "sans langue ancienne", ce qui explique les appellations "khâgnes classiques" et "khâgnes modernes".
La différenciation entre khâgne B/L et khâgne purement littéraire (A/L ou LSH) se fait dès la première année : il est impossible d'entrer en deuxième année de B/L sans avoir fait une hypokhâgne B/L. Il en allait de même autrefois pour la différenciation entre khâgne classique (A/L) et moderne (LSH), mais depuis une réforme introduite en 2007, celle-ci ne se fait désormais plus qu'après la première année. Les hypokhâgnes pouvant mener à des khâgnes A/L ou à des khâgnes LSH sont donc indifférenciées, la réforme ayant rendu obligatoire la géographie (autrefois seulement obligatoire en hypokhâgne moderne) et au moins deux heures hebdomadaires d'une langue ancienne (autrefois seulement obligatoire en hypokhâgne classique).
Un khâgneux ayant échoué au concours peut retourner en classe de khâgne (il est alors appelé cube ou khûbe) aux côtés des carrés ou khârrés (élèves issus de l'hypokhâgne, et faisant donc une khâgne pour la première fois). Il est aussi possible d'être bicarré ou bikhârré (se dit d'un élève qui triple son année de khâgne, ce qui est plus rare).