L'argot scolaire date essentiellement des années 1880, où se met en place, en France, l'organisation des classes préparatoires aux grandes écoles. Il est souvent au moins partiellement calqué sur celui de la Grande école visée par chaque catégorie de classe préparatoire : celui de khâgne montre des emprunts à celui de Normale sup, celui de corniche à Cyr, etc.
Les classes préparatoires littéraires sont appelées hypokhâgne (1re année, officiellement lettres supérieures), abrégé en HK, et khâgne (2e année, officiellement première supérieure), abrégé en KH. (ὑπό étant le préfixe grec signifiant « en dessous »). Le rassemblement de l’hypokhâgne et de la khâgne lors de certaines occasions est désigné par l'abréviation HKH.
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, le mot de khâgneux était utilisé pour moquer les universitaires, répétiteurs, normaliens férus d'études classiques, toujours plongés dans leurs livres. Cela provient du fait qu'au service militaire ancien, les appelés qui avaient les genoux cagneux étaient réformés, et destinés à la bureaucratie, d'où par extension aux lettres.
Quand, en 1880, les premières classes de rhéthorique supérieure sont créées, les taupins, qui, pour préparer les écoles militaires, font de l'équitation et de l'escrime, utilisent cette moquerie à l'encontre des élèves de rhétosup, lesquels sont plongés dans des études classiques, préparent l'École normale et sont de futurs universitaires. De là, les cagneux, puis la cagne. Les élèves de rhétorique supérieure se mettent alors eux-mêmes à employer cette dénomination, mais vers les années 1910, élaborent l'orthographe fantaisiste khâgneux et khâgne, afin de la faire apparaître plus savante et d'occulter sa réelle signification.
Un khâgneux est un carré la première année, un cube s'il demande à redoubler et un bica (pour bicarré) s'il triple sa classe. Il y avait même autrefois des penta, quadruplant leur classe. Ces dénominations ne sont d'ailleurs pas propres aux khâgneux, puisqu'au XIXe siècle elles sont utilisées pour les élèves de l'École normale supérieure ou de l'École centrale ; les taupins, jusque vers 1935, utilisent aussi ce vocabulaire.
L'archicube désigne l'ancien élève de l'École normale supérieure et l'annuaire des anciens élèves est nommé l'archicubier.
Par abus, le khâgneux qui intègre l'École normale supérieure au bout de son année de cube, peut être appelé archicube. L’archifâkh est celui qui rejoint l'université, les membres de celle-ci étant des fâkhins (jeu de mot sur « faquin »).
Les élèves des classes préparatoires à l'École des chartes s'appellent, avec moins de créativité, des chartistes, les première année étant des bizuts ou des hypochartes (ou de "vils hypos"). Confondre un khâgneux avec un chartiste est une offense mortelle ! La cérémonie d'introduction dans la classe de Chartes s'appelle le sacre. Le bonnet ou le khâlot porté par les élèves s'appelle une faluche, du nom de l'ancien bonnet universitaire. Sa couleur dépend de la filière suivie par son porteur. Un élève qui passe d'hypokhâgne en hypochartes ou d'hypochartes en hypokhâgne est un triangle. D'autres fêtes tels la Saint-Grégoire ou le bal des Chartes constituent des temps forts du "regnum chartorum" (royaume des Chartes).
L'orthographe pseudo-grecque est la plus courante pour les mots khâgne et khâgneux. Par fantaisie, on peut l'étendre à khârré, khûbe, bikhâ pour carré, cube, bica et aux verbes khârrer, khûber, bikhârer. Cependant, on peut remarquer que la raison qui a fait remplacer cagneux par khâgneux (occulter le sens premier) est moins valable pour carré, cube etc, et que l'orthographe d'origine est plus adéquate.