Introduction
Denis Lazure (1925-2008) était un psychiatre et homme politique québécois, réformateur médical et social, praticien, dirigeant, puis député et ministre à l'Assemblée nationale du Québec.
Né le 12 octobre 1925 à Napierville, fils de Thomas [Hazeur dit Hazur, dit Azur dit] Lazure, fabricant de beurre, et de Berthe Durivage, Denis Lazure entre à l'Université de Montréal, y devient président de l'Association générale des étudiants (1950-1951), y réussit sa médecine et va se spécialiser ensuite à l'Université de Pennsylvanie en pédopsychiatrie.
Il restera toute sa vie combatif et grand sportif amateur, dont au tennis, après avoir établi, comme jeune adulte, un record dans la ligue de hockey interuniversitaire, en faveur de l'équipe Les Carabins de l'Université de Montréal, en comptant cinq buts et en fournissant quatre assistances au cours d'un match.
Il sera le père de quatre enfants, dont l'actrice Gabrielle Lazure est l'aînée.
Carrière médicale
Comme psychiatre, Denis Lazure devient vite sensible à « l'insensibilité des institutions religieuses à certaines problématiques humaines difficiles », dont :
- les mères-célibataires (dites « filles-mères ») que ces institutions culpabilisaient et incitaient à leur abandonner les nouveau-nés,
- les « orphelins » non-adoptés (dont surtout les enfants de celles-ci), malmenés, asservis puis gardés comme « malades mentaux » et main-d'œuvre bon marché dans les hôpitaux... dirigés par des nonnes.
Dès sa première année de résidence en psychiatrie, il découvre et dénonce les travers des institutions psychiatriques et des psychiatres qui y oeuvrent. Cet admirateur de Norman Bethune est donc d'abord exclu rapidement de l'immense hôpital Saint-Jean-de-Dieu (ensuite renommé Hôpital Louis-Hippolyte-Lafontaine) et doit terminer sa formation dans le réseau (plus sensé) de l'Université McGill, notamment au Douglas Hospital, où il participe aux premiers essais du largactil auprès du grand Heinz Lehmann.
Le psychiatre Camille Laurin, de 3 ans son aîné, innovateur lui aussi et futur collègue politique, l'invitera à développer la pédopsychiatrie à l'Université de Montréal.
Denis Lazure assume donc en réformateur ou pionnier différentes fonctions socio-psychiatriques :
- fondateur et directeur pendant un an du premier hôpital psychiatrique d'Haïti,
- fondateur et directeur du département de psychiatrie infantile de l'Hôpital Sainte-Justine à Montréal de 1957 à 1969,
- professeur de pédopsychiatrie à l'université de Montréal,
- coauteur (avec les psychiatres Dominique Bédard et Charles Roberts, tous trois suggérés par Camille Laurin) du rapport de la Commission Bédard (1962), qui jetait les bases de la désinstitutionnalisation et de la régionalisation en psychiatrie au Québec et, par la suite, coresponsable (avec ses 2 collègues commissaires) de l'implantation des réformes proposées par cette Commission Bédard,
- président de l'Association des psychiatres du Canada en 1966 et 1967,
- président du Conseil interaméricain des psychiatres en 1967 et 1968,
- directeur général de l'Hôpital de Rivière-des-Prairies (hôpital pédopsychiatrique, auparavant nommé « Mont-Providence ») de 1969 à 1974 (qu'il laïcise, sectorise, tout en libérant près de 40% des 1050 « patients » internés à vie depuis l'enfance),
- président de la Société Canada-Chine en 1974 et 1975,
- directeur général de l'Hôpital Louis-Hippolyte-Lafontaine, de 1975 à 1976 (qu'il laïcise et transforme...),
- auteur d'une étude sur les soins psychiatriques à la Barbade pour l'Organisation mondiale de la santé,
- réorganisateur des services de santé mentale pour les gouvernements du Québec, de l'Ontario et du Manitoba,
- psychiatre clinicien à l'Hôpital Charles-Lemoyne (de Greenfield Park), de 1986 à 1989,
- psychiatre clinicien à l'Hôpital Louis-Hippolyte-Lafontaine, de 1999 à son décès.