Lille, contrairement à beaucoup de villes françaises, ne s'est pas développé circulairement autour d'un hyper-centre. Elle s'est développé par la construction de quartiers entiers et en absorbant des villes avoisinantes. Ce processus est encore d'actualité avec l'intégration de Lomme en 2000. Ces quartiers-ville, tel Wazemmes, gardent leur âme un peu à l'image de Belleville à Paris.
Lille a toujours été relativement prospère et a profité de son activité commerciale puis de son rôle de métropole d'une région fortement industrialisée. Son tissu urbain n’a jamais été figé et des ajouts et des modifications de toutes époques la parsèment. De plus, après sa conquête par Louis XIV, l’imposition d’une identité française s’est en partie réalisée à travers l’architecture. La création d’un nouveau quartier et de bâtiments publics a été accompagnée d’une tendance à la négation des héritages antérieurs. Ceci explique peut-être la propension, jusqu’à une époque récente, à négliger son passé et les héritages architecturaux civils les plus anciens (à l’exception peut-être de l’incontournable Vieille Bourse).
Un des quartiers médiévaux (Saint-Sauveur) n’est plus perçu comme tel, depuis sa destruction et son bétonnage massif au cours des années 1960. Seuls quelques bâtiments isolés, parfois exceptionnels (tel l’hospice Gantois transformé en hôtel) témoignent de son passé.
Le quartier du Vieux-Lille, pendant en rive gauche de Saint-Sauveur, longtemps misérable et laissé à l’abandon, a failli subir le même sort, comme le rappelle le détonnant contraste entre l’hospice Comtesse et le palais de Justice. Sauvé grâce à une mobilisation associative, le Vieux-Lille est aujourd’hui restauré et est devenu un secteur de tourisme et de commerces de luxe.
Lille ne cesse d'acquérir un poids économique et est à l’étroit dans ses fortifications. En 1858, une nouvelle enceinte est construite et la ville s’agrandit vers le sud, en englobant les communes d’Esquermes, de Wazemmes (toutes deux en rive droite de la Deûle) et un espace rural au sud-est (le futur quartier Moulins). L’ancienne fortification méridionale est détruite (il n’en subsiste que la porte de Paris) et est remplacée par le boulevard de la République (bordés d’habitats de rapport et de maisons de maître). À la même époque des percées sont réalisées à travers la ville médiévale (rue Faidherbe, rue Nationale, débouchant sur la Grand’place).
La Nouvelle zone intra-muros est très vite bâtie. Elle est desservie par de grandes artères rectilignes. À côté des anciens noyaux villageois d’Esquermes et de Wazemmes se juxtaposent des secteurs d’habitats bourgeois (sur les axes principaux et dans les anciennes zones humides de la Deûle) et des secteurs industriels et un habitat ouvrier (courées). L’ancien lit de la Deûle est remblayé et, à la même époque, les canaux qui caractérisaient la ville médiévale sont couverts et transformés en égouts. Plus à l’Est, la gare de marchandises Saint-Sauveur se développe à proximité de la porte de Paris.
La croissance urbaine et l’industrialisation profitent aussi aux faubourgs et aux villes limitrophes avec un tissu industriel et ouvrier dense (industrie ferroviaire, sidérurgie, mécanique, textile) mais aussi avec la création de zone résidentielles bourgeoises (à l’ouest de la Citadelle et sur l’axe du Grand Boulevard reliant Lille à Roubaix-Tourcoing). Les faubourgs sont séparés de Lille intra muros par les fortifications et une bande non aedificandus. Pour faciliter la défense de la ville, les constructions y sont interdites ou limitées à des habitations de torchis et bois susceptibles d’être rapidement rasées (quelques exemples subsistent). Cette zone exploitée par les réseaux de communications (chemins de fer puis autoroutes) forme encore aujourd’hui une fracture dans le tissu urbain.