Quant à la superposition des styles, comme l’indiquait Emile Vuillermoz «Pourquoi déplorer, avec notre déformation professionnelle d’artistes, les anachronismes de ces styles superposés et juxtaposés ? Il y a, dans l’instinct de conservation d’une vieille bâtisse qui ne veut pas disparaître, comme ceux qu’elle abrita et qui se cramponnent désespérément à l’existence en demandant aux médecins et aux chirurgiens de chaque siècle des régimes et des prothèses, quelque chose de tragique et d’attendrissant qui parle tout aussi éloquemment à notre sensibilité que l’observation parfaite des règles d’un jeu architectural. Telle façade incohérente a autant de saveur pour le passant qu’une restauration académique de Viollet-le-Duc ». Cette critique des pratiques de Viollet-le-Duc doit toutefois être replacée dans un contexte plus large de définition d’une «doctrine collective» qui n’était pas encore en usage à l’époque.
Mais dès 1840-50, Arcisse de Caumont et d’autres archéologues du bâti s’élevaient contre les falsifications de Abbadie, Boeswillwald, Viollet-le-Duc... Ils demandaient déjà un cahier des charges et ils tentaient de définir une doctrine pour limiter la furie d’invention destructrice. C’est par pure mégalomanie et parce qu’il se prétendait plus savant que les savants que Viollet-le-Duc a dénaturé ou détruit sous prétexte de restauration. C’est ainsi que des édifices essentiels comme la cathédrale Saint-Front de Périgueux ou le château de Pierrefonds ont disparu sous prétexte de restauration. Dans son Dictionnaire, Viollet-le-Duc dit explicitement, sans détour, qu’il est plus qualifié « pour faire du Moyen- Âge » que les maîtres-d'œuvre du Moyen-Âge, et que par conséquent il a pour devoir de les corriger. Autre est la démarche de Beltrami, Ebhardt ou Steinbrecht.
Les adjonctions doivent de nos jours ne pas travestir l’édifice considéré en tant que source documentaire. L’exigence scientifique moderne nous paraît incontournable, au point que reconstruire un mur peut sembler a priori une falsification du monument. Cependant, fermer des brèches et compléter ou rebâtir des tronçons peut s’avérer nécessaire et même indispensable pour garantir une conservation à long terme, ou bien une utilisation de l’édifice.
Il faut alors délimiter nettement l’apport du restaurateur et du créateur, par exemple par une frontière incluse dans la maçonnerie tels des rangs de tuiles comme cela est pratiqué par les architectes italiens depuis de nombreuses décennies, et tel qu’on peut le voir dans la remarquable restauration du château de Bellinzona (Tessin, Suisse). Il a par ailleurs été utilisé dans les consolidations des fouilles et des monuments aux châteaux d’Ottrott dans le Bas-Rhin. Ce principe de délimitation a également été prescrit le 21 juin 1990 pour les travaux de restauration du château du Haut-Landsbourg à Wintzenheim dans le Haut-Rhin, mais la technique de délimitation des parties d'origine est différente puisque la limite entre les maçonneries anciennes et celles mises en place en complément a, en définitive, été matérialisée par le maître d'ouvrage des travaux et le maîtrise d'œuvre dans la maçonnerie elle-même, par la pose d’un « treillis céramique ». Ce treillis céramique a lui aussi pour but de permettra aux générations futures de retrouver de manière indiscutable les restaurations et reconstitutions par rapport à l'état originel des murs.
D’autres solutions ont été explorées comme par exemple l’emploi de matériaux de synthèse. Ils peuvent parfaitement imiter les modules, les reliefs et les couleurs. L’emploi de matériaux totalement dissemblables offre aussi des solutions satisfaisantes, par exemple, en remplaçant un mur disparu par un ouvrage en pan de bois ou bien très exceptionnellement une structure « invisible » de verre. Il est, dans tous les cas, essentiel de ne pas tromper le public sur la date réelle de la construction, sans pour autant modifier gravement l’aspect ancien.