Château de Pierrefonds - Définition

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Introduction

Château de Pierrefonds
Château de Pierrefonds

Période ou style médiéval
Début construction 1396
Fin construction 1407 - 1885
Propriétaire initial Louis d'Orléans
Propriétaire actuel Centre des monuments nationaux
Destination actuelle Musée de la fortification
Classement Monument historique
Site Internet pierrefonds.monuments-nationaux.fr/fr/bdd/suite/1

Latitude
Longitude
49° 20′ 49″ Nord
       2° 58′ 49″ Est
/ 49.346944, 2.980278
Pays France
Région historique Picardie
Subdivision administrative Oise
Commune Pierrefonds
 
Château de Pierrefonds

Le château de Pierrefonds est un imposant château fort situé à Pierrefonds, dans le département de l'Oise, à la lisière sud-est de la forêt de Compiègne, au nord de Paris, entre Villers-Cotterêts et Compiègne. C'est d'ailleurs par cette dernière gare qu'on accède à Pierrefonds au moyen d'une navette.

Le château de Pierrefonds présente la plupart des caractéristiques de l'ouvrage défensif du Moyen Âge. Il fut sauvé par Viollet-le-Duc, au XIXe siècle, qui y entreprit également d'importants travaux de décoration et de création de mobilier.

Ce château fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis 1862. Il est géré par le Centre des monuments nationaux.

Histoire

Origines

Au XIIe siècle, un château s'élevait déjà sur le site, construit par le puissant lignage des Nivelon, seigneurs de Pierrefonds, originaires de Quierzy. Il n'en reste que des caves situées sous le logis du XIe siècle. Ce château passe à la fin du XIIe siècle au roi Philippe Auguste, et demeure ensuite dans le domaine royal.

Le château en juillet 2008

XIVe siècle

En 1392, à la mort de son père Charles V, Louis d'Orléans reçoit en apanage (sorte de dot réservée au fils cadet) le comté de Valois, plusieurs châtellenies, dont Pierrefonds, et le duché de Touraine ; en 1406, le roi érige le comté en duché, y incluant entre autres Pierrefonds. En 1396, Louis d'Orléans entreprend la reconstruction quasi totale du château ; l'architecte n'en est pas connu, bien qu'on puisse sans doute attribuer l'édifice à Raymond du Temple. Le chantier fut dirigé par le maître des œuvres de la châtellenie de Senlis Jean le Noir, et supervisé après la mort de Raymond du Temple par le maître général des œuvres du duché Jean Aubelet ; les travaux s'interrompirent après l'assassinat du duc en 1407, alors que les logis bordant la cour ne comportaient encore que leurs deux niveaux gigantesques de caves. Ils ne furent jamais achevés.

XVIIe siècle

En mars 1617, dans les débuts troublés du règne de Louis XIII, le château est la propriété de François-Annibal d'Estrées (frère de la belle Gabrielle d'Estrées), membre du « parti des mécontents » mené par Henri II de Bourbon-Condé, prince de Condé. Le château est assiégé et pris par les troupes envoyées par Richelieu, secrétaire d'État à la guerre. Son démantèlement est entrepris mais n'est pas mené à son terme en raison de l'ampleur de la tâche. Les ouvrages extérieurs sont rasés, les toitures détruites et des saignées sont pratiquées dans les tours et les courtines.

XIXe siècle

Vue des ruines du château avant sa restauration
Vue du château vers 1910
Vue générale du château en 2004
Salle des Preuses
Maquette en pierre

Le château restera en ruines pendant plus de deux siècles. Napoléon Ier le rachète en 1810 pour moins de 3 000 francs. Au cours du XIXe siècle, l'engouement pour le patrimoine architectural du Moyen Âge le fait devenir une « ruine romantique » : en août 1832, Louis-Philippe y offre un banquet à l'occasion du mariage de sa fille Louise avec Léopold de Saxe-Cobourg Gotha, premier roi des Belges. Comme d'autres artistes, Corot représente les ruines à plusieurs reprises entre 1834 et 1866.

Statue de Viollet le Duc en pélerin de saint Jacques à l'entrée de la chapelle

Le prince président Louis-Napoléon Bonaparte le visite en 1850. Sur les conseils de Prosper Mérimée, celui-ci devenu l'empereur Napoléon III, demande en 1857 à l'architecte Eugène Viollet-le-Duc d'entreprendre sa restauration.
Une anecdote raconte que l'empereur hésitant entre la restauration du château de Pierrefonds et celle d'un autre château, l'impératrice Eugénie lui proposa un tirage au sort, dont sortit le nom de Pierrefonds. Et pour cause : pour satisfaire sa préférence, elle aurait écrit ce nom sur les deux papiers du tirage.
Il n'est alors question que d'une simple remise en état des parties habitables (donjon et deux tours), les ruines « pittoresques » devant subsister pour le décor. En 1862, le projet prend de l'ampleur : le souverain désire cette fois-ci en faire une résidence impériale afin de recevoir et de faire admirer sa splendide collection d'armes et d'armures; le château doit donc être entièrement reconstruit. Les travaux, qui auront coûté cinq millions de francs de l'époque (dont quatre millions ont été prélevés sur la liste civile de l'empereur), seront arrêtés en 1885, six ans après la mort de Viollet-le-Duc. Faute d'argent, la décoration des salles reste inachevée.

Viollet-le-Duc fera pour l'intérieur un travail d'invention et de re-création beaucoup plus que de restauration. Il imaginera comment aurait dû être le château, sans se baser sur l'histoire stricte de l'édifice. La cour intérieure, avec ses galeries Renaissance, tout autant que les peintures polychromes d'inspiration médiévale, témoignent de son éclectisme et de sa liberté d'interprétation.

On reconnaît par contre dans l'architecture extérieure son excellente connaissance de l'art castral du XIVe siècle. L'architecte s'offrira cependant dans le parc et les fortifications un éventail éclectique des constructions défensives des autres époques. Il a laissé libre cours à une inspiration très personnelle, travail qui n'est pas sans rappeler celui effectué par l'architecte au château de Roquetaillade. Mort avant la fin du chantier, c'est son gendre Maurice Ouradou qui continuera la reconstruction puis Juste Lisch qui la terminera sur la période 1858-1885.

Si ses détracteurs lui ont reproché cette réinvention d'une architecture néo-médiévale, qui prenait de larges libertés avec la vérité archéologique, Viollet-le-Duc a fait montre dans cette reconstruction d'un exceptionnel sens de l'élévation et des volumes et d'une incontestable sensibilité au site. Il ne fit pas œuvre d'archéologue mais de créateur. Il a imaginé des sculptures, des boiseries, un décor peint, des meubles, tout un ensemble qui annonce parfois plus l'Art nouveau des années 1900 que le retour au Moyen Âge. Il s'est attaché à concilier le respect des vestiges médiévaux et les impératifs de la vie de cour telle qu'on la concevait sous Napoléon III.

Les différents espaces et lieux à découvrir

Le Donjon

Bâti dès le XIVe siècle, le donjon a pour particularité et originalité d'être totalement accolé à la muraille du château. Composé de trois étages successifs, il était destiné à accueillir les appartements des souverains. Aujourd'hui, seuls les appartements de l'Empereur Napoléon III sont accessibles au public.

Le premier étage se découpe de la manière suivante :

1/ La salle de réception ou salon : au XIXe siècle, l'Empereur et l'Impératrice recevaient ici leurs proches et intimes. Salle dépourvue d'ameublement à l'exception d'une banquette remarquable, la décoration est quant à elle très lumineuse et riche. Les murs représentent divers emblèmes et blasons de souverains peints par la technique dite de peinture au pochoir. Se côtoient dans cet ensemble, l'Aigle impérial de Napoléon III et le porc-épic de Louis XII. Le porc-épic était l'emblème de la dynastie des Valois d'Orléans et leur devise : "Qui s'y frotte s'y pique". Le reste de la pièce est agrémenté de panneaux de lambris sculptés et représentant diverses chimères.

2/ La salle des plâtres de travail : dans ce lieu totalement dépourvu de peintures murales, étaient réalisées et exposées diverses statuettes destinées à orner le château.

3/ Le Bureau de l'Empereur ou garde-robe : pièce la plus meublée du donjon avec notamment le bureau sur lequel travaillait Viollet-le-Duc. Intriguant mais amusant, le premier cabinet de toilette, dissimulé derrière une porte faisant office d'armoire. Ce cabinet de toilette possédait un système de chasse d'eau alimenté par le biais d'une bassine remplie d'eau et située au-dessus de l'armoire.

4/ La Chambre de L'Empereur : pièce immensément illuminée, cet avantage provenant de sa position au centre du donjon. La fresque murale située au niveau du plafond narre l'histoire d'un chevalier ou seigneur au XIVe siècle.

Le Grand Corps de Logis :

Espace le plus vaste et riche de tout le château, son architecture est impressionnante et sa décoration grandiose.

5/ La Salle dite des Preuses : ancienne salle de justice, aujourd'hui salle la plus imposante du château incarnant le faste de la période Second-Empire. Elle a une longueur de 52 m, une largeur de 9 m 50 et une hauteur de 12 m. Sous le Second Empire, ce lieu sert de salle de réception ainsi que de galerie de bal. Le portail est richement orné de statues-colonnes dont au centre l'empereur Charlemagne ; à son dessus, deux anges soutiennent le blason impérial surmonté d'une couronne. La Cheminée à double foyer est monumentale et ornée d'un manteau représentant neuf statues féminines issues des légendes et du populaire médiéval, nommées les preuses. Au nombre de neuf, elles évoquent l'amour courtois et sont ici représentées sous les traits de l'Impératrice Eugénie et de ses dames de compagnie.

6/ La Tour Alexandre dite Tour de la Torture : le château comporte huit tours dont chacune porte le nom d'un personnage de la Bible, du monde chrétien ou du monde légendaire. Parmi ces tours nous avons : Artus, Alexandre, Godefroy de Bouillon, Josué, Hector, Judas Macchabée, Charlemagne et Jules César. La Tour Alexandre reprend l'architecture du XIVe siècle avec ses murs bruts. Au bas, dans les soubassements de la tour, se trouvent toujours les oubliettes datant de l'époque médiévale.

7/ Le Chemin de ronde et l'escalier à double révolution : le Chemin de ronde entièrement couvert fait le tour de l'enceinte du Château ; couvert dès le XIVe siècle, il permet une défense supplémentaire. L'escalier à double révolution emblématique de la période Renaissance offre deux volées qui ne se croisent pas, jouant ainsi sur une idée de divertissement pour la Cour.

Un monument à redécouvrir

Au terme d'une période de désaffection qui a vu diminuer le nombre de ses visiteurs (100 000 en 2000), le domaine est dirigé depuis 2003 par l'administratrice Isabelle de Gourcuff.

La galerie des gisants a fait l'objet d'une nouvelle scénographie après l'affectation définitive des sculptures en plâtre provenant, pour la plupart, de la nécropole de la basilique Saint-Denis. Représentant des personnages étroitement liés à la monarchie française, elles avaient été commandées par le roi Louis-Philippe pour le Musée national du château de Versailles.

D'autres parties du château sont ouvertes, dont l'exposition de la collection Monduit, en cuivre martelé. Le parc, de son côté, fait l'objet d'un programme de restauration, la construction d'engins de siège y est en cours.

Le domaine a pu être visité gratuitement comme quatorze autres monuments nationaux du 1er janvier au 30 juin 2008.

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